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Procès Amadou Haya Sanogo et autres : Quand les considérations sociopolitiques priment sur les questions juridiques !

Le 30 novembre 2016 s’est ouvert le procès attendu du général Amadou Haya Sanogo et autres à Sikasso. Ce procès fait suite à la disparition de certains bérets rouges à la suite d’un contre coup d’Etat organisé par ses derniers. A l’analyse de la situation, ce marathon judiciaire réservera certainement des tas de surprises.

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 Rappel des faits : A la suite de la mutinerie au camp Soundiata Kéita de Kati le 22 mars 2012, des militaires se sont dirigés au palais de Koulouba, siège de la présidence de la République du Mali. Cette mutinerie s’est transformée en coup de force et a contraint le président Amadou Toumani Touré (ATT) à présenter sa démission. Une junte militaire, conduite par le capitaine Amadou Haya Sanogo, a proclamé la suspension des Institutions de la République et a institué un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE).

L’accord de Ouagadougou pour la sortie de crise, signé le 6 avril 2012, a constaté la démission du président Amadou Toumani Touré et a pris acte de la désignation de Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale, en qualité de président de la République. Du 30 avril au 1er avril 2012, le Régiment des commandos parachutistes a, à son tour, tenté un coup de force contre les membres du CNRDRE, composés en grande partie de “bérets verts”. C’est à la suite des violents affrontements qui s’en sont suivis que vingt et un “bérets rouges” ont été retrouvés ensevelis dans deux charniers situés à Diago. Bref, après les élections qui vont plus tard conduire S. E. Ibrahim Boubacar Kéita à la tête de l’exécutif, Amadou Haya Sanogo alors promu général par les autorités de la transition dirigée par Dioncounda Traoré sera écroué. Sur instruction du procureur général près la Cour d’appel de Bamako.

Par la suite, une enquête va aboutir à l’inculpation de dix-huit (18) militaires dont Amadou Haya Sanogo pour enlèvement de personnes, assassinat et complicité. Le général putschiste Amadou Haya Sanogo était depuis lors détenu de manière préventive depuis 3 ans, le délai maximum légal. Il fallait donc organiser à tout prix un procès pour éviter une remise en liberté.

Selon un observateur de la scène politique, la justice malienne a devant lui une occasion en or pour regagner la confiance des Maliens. “La confiance dans la justice est un élément essentiel dans une démocratie. Saper cette confiance est grave”, précise-t-il. Et de dire que tous les coupables, peu importe le béret (béret vert ou rouge), doivent être jugés conformément aux lois en vigueur.

Selon Amadou Tall, un internaute, “beaucoup risquent d’être surpris à la fin du procès de Sikasso. En effet le groupe de bérets verts sont accusés de trois chefs d’inculpation, c’est-à-dire la raison pour laquelle ils sont jugé. Or c’est en raison de cette… raison que la peine est déterminée en cas. Celui qui est accusé pour le vol d’un œuf ne sera pas puni au même degré que celui qui a volé un bœuf”. Il s’insurge contre les conditions carcérales d’Amadou Aya Sanogo. “Honte et encore honte, le général Sanogo n’était pas bien traité en prison. C’est un mort vivant qui s’est présenté devant les juges ce matin. Amaigri, les joues creuses et carrément dépéri, le général est apparu tel un damné de la terre malfamé. Un cadavre sorti de terre. C’est une honte nationale. Le plus grand criminel du monde reste un être humain. Et à ce titre, il mérite de vivre décemment. C’est une honte. On a vu Mandela sortir de la prison des Blancs. Il était loin d’être un mort vivant comme le général ce matin. On peut le condamner à la pendaison comme l’a requis un internaute sur son journal, une fois condamné, mais avant il a droit à la nourriture, au sommeil et aux soins de santé. On voit que le général Amadou Haya Sanogo était en privation. Cela est inhumain et n’honore pas le Mali. Cela ne grandit pas”, décrit-il.

Pour sa part, Chérif Ousmane Madani Haïdara précise qu’il ne sera pas témoin. “Mes disciples m’ont amené un document que je garde encore à la maison. Ce document associe mon nom à l’affaire Amadou Haya. Ce que je peux dire à ce sujet est que s’ils disent que je suis témoin, peut-être que le mot témoin n’a pas la même acception en bambara et en français. Je veux dire que je ne suis pas un témoin de Haya pour les tribunaux, car je ne suis pas un responsable administratif encore moins un militaire. Mais ce que je peux témoigner, et que je ne nierai jamais jusqu’à ma mort, c’est le respect qu’il a eu à l’égard des leaders religieux”, insiste-t-il.

Au regard de ce qui précède, l’on serait tenté de dire que ce procès pour le moment n’a rien de juridique. Sa forte médiatisation et les conditions dans lesquelles il se tient, dans une salle de spectacle, prouvent à suffisance que nous sommes en face d’un forcing judiciaire et dans lequel les considérations politiques et sociales risquent de prendre le dessus sur le droit. Ce qui risque d’être regrettable.

 

La liste des accusés et chefs d’inculpation :

Enlèvement et assassinat : 1. Fousseyni Diarra dit Fouss, 2. Mamadou Koné, 3. Tiémoko Adama Diarra, 4. Lassana Singaré, 5. Cheickna Siby, 6. Issa Tangara.

Complicité d’enlèvement et d’assassinat : 7. Amadou Haya Sanogo, 8. Bloncoro Samaké, 9. Amassongo Dolo (décédé), 10. Simeon Kéita, 11. Oumarou Sanafo dit Kif-Kif, 12. Soïba Diarra, 13. Christophe Dembélé, 14. Amadou Konaré, 15. Mohamed Issa Ouédraogo, 16. Ibrahim Boua Koné

Complicité d’assassinat : 17. Yamoussa Camara, 18. Ibrahim Dahirou Dembélé.

Kantao Drissa

 

Source: Le Flambeau

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