L’Afrique est certes un continent assez riche en ressources naturelles. Mais ces richesses ne lui servent que de nom, car la plupart d’entre elles servent des causes étrangères. Les pays étrangers sont ceux qui profitent largement de ces richesses agricoles, naturelles ou autres. Comme toujours, les intellectuels formés dans des systèmes éducatifs extravertis sont ceux qui rendent facile cette exploitation de leur continent.
La quasi-totalité de nos richesses (mines, uranium, diamant, etc.) est déportée vers l’occident. À cet effet, Ivoirebusiness nous apprend : « La France prend environ 440 milliards d’euros par an. Le gouvernement de Paris dispose également d’un droit de premier refus sur toutes les ressources naturelles nouvellement découvertes dans les pays africains. Enfin, les entreprises françaises doivent avoir la priorité dans l’attribution des contrats dans les ex-colonies. En conséquence, il y’a le plus d’actifs dans le domaine de l’approvisionnement, de la finance, le transport, l’énergie et l’agriculture dans les mains des sociétés françaises ».
Au Mali nous retrouvons plusieurs sociétés étrangères dans nos zones aurifères qui gagnent une part énorme dans l’exploitation de ces mines. Parmi ces sociétés nous avons Randgold, lamgold, Pearl Gold, Anglogold Ashanti, Avion Ressources, Avnel Gold, Resolute Mining Limited, etc. Or, le pays regorge deux grandes zones aurifères à savoir la région de Kayes où nous trouvons les mines de Kadiolo, Yatela, Loulo et Tabacoto. Nous avons également la région de Sikasso avec les mines de Morila, Kalana, Syama et Kidieran. À côté de ceux-ci, nous pouvons trouver également des sites traditionnels comme dans la région de Koulikoro, etc.
Par ailleurs, dans toutes ces exploitations, le Mali ne gagne que 20% et souvent même 18%. C’est ce qui ressort de ces analyses faites sur maliweb.net : « Des « miettes » pour l’État et « la part du lion » pour les sociétés exploitantes. C’est du moins le constat de la plupart des Maliens. Pendant que la société étrangère exploitante Anglogold Ashanti, se taille la « part du lion » avec 40% pour la mine d’or de Morila, 38% pour celle de Sadiola et 40% pour Yatela, l’État malien, lui, n’a droit qu’â 20% à Morila, 18% à Sadiola et 40% à Yatela. Quant à Randgold, elle bénéficie de 40% à Morila, 40% à Yatela alors que l’État malien ne gagne que 20% à Morila et 20% à Yatela. À Sadiola, la société lamgold gagne 38% alors que l’État malien n’y récolte que… 18%. La société Avion Ressources, elle se taille 80% à Tabacoto, tandis que l’État n’y gagne que 20%. Avnel Gold bénéficie aussi de 80% à Kalana et l’État malien, 20%. Pendant que l’entreprise Resolute Mining Limited gagne 80% des revenus de la mine d’or de Syama, l’État malien ne tire que 20% de son exploitation. Enfin, tandis que la société Pearl Gold récolte 25% à Kodieran, l’État malien gagne aussi 20% des revenus de cette mine. » « Exploitation minière : part de l’État : 20%, part des sociétés étrangères : 80% 7» in malien.net.
Avec ces mêmes richesses travaillées, ils nous endettent et exigent de lourds bénéfices lors du remboursement. Des guerres sont provoquées chez nous avec l’espoir qu’on leur fasse recours pour qu’ils jouent leur jeu.
Le Mali est maintenant le seul pays dans le monde dont le sous-sol recouvre désormais l’hydrogène pur, un gaz naturel à 100℅. Un gaz qui peut servir de source d’énergie, de carburant pour faire fonctionner les voitures, les motos, les trains, les bateaux, etc.
Son plus grand avantage dans un monde menacé de disparition à cause du réchauffement successif de sa surface est qu’il ne contient pas de CO2. Ce qui signifie qu’elle a une portée écologique. À s’en tenir à ce fait, dans quelques années, le Mali serait complètement hors des pays pollueurs de l’environnement, il ne sera plus compté comme pollueur. Cependant, il y a de quoi craindre dans cette découverte.
Le Mali doit plutôt craindre un regain de crises avec cette découverte. Pour le comprendre, je me refaire à l’ « énigme de la politique » d’Étienne Tassin qui nous apprend l’imprévisibilité en politique où ce que nous pensons être une solution à un problème devient plutôt un nouveau problème. Cette conception rejoint également celle de Karl Popper d’après qui la résolution des problèmes est sans fin puisqu’une fois un problème P1 résolu, nous nous trouvons devant P2, in fine.
Nous devons tenir compte de ces conceptions dans l’analyse de cette découverte d’hydrogène au Mali. D’abord, il est clair qu’elle ouvrira la voie à des nouveaux investisseurs qui viendront pour l’exploitation, l’exploration d’autres zones de gisements potentiels, etc. Elle fera gagner la confiance des investisseurs sur le Mali, les projets pourront se multiplier, les emplois pourront être crées, mais une chose est sûre, le Mali doit faire extrêmement attention pour ne pas se voir complètement écarter de l’exploitation de ce gaz comme nous le voyons avec l’or avec lequel il ne lui revient que 20℅ ou 18%.
La découverte de ce gisement peut être source de nouveaux conflits au Mali et cette fois-ci, ce ne sera pas au nord du pays seulement, mais même au Sud. Cette découverte, si elle est mal entretenue, peut entraîner des conséquences graves sur le plan éducatif, social, économique, voire politique.
Cependant, dès maintenant, nos politiques doivent définir fermement leur champ d’action en ce qui regarde l’exploitation de ce gaz, qui est la première dans le monde en termes de pureté. Tous ceux qui pensent du mal de son avenir se tourneront tous vers ce pays afin de bénéficier de cet avantage que la nature vient de lui offrir. À cet effet, il convient de la part des dirigeants maliens de savoir jouer leur politique. Cette problématique trouve son synonyme dans la plupart des pays africains.
Outre tous ceux-ci, le sous-développement de la plupart des pays d’Afrique reste en grande partie tributaire au franc CFA. Cette monnaie créée en 1945 est source d’asservissement pour les Africains. Cette monnaie dont la devise est les Communautés des Colonies françaises d’Afrique est une marque de l’occident sur ses anciennes colonies en vue de montrer que celles-ci sont ses anciens territoires. Cette monnaie touche plusieurs pays d’Afrique, la zone franc d’Afrique Centrale (CEMAC) et la zone franche d’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Alors, ces zones francs constituent des espaces économiques et surtout d’exploitation et d’enrichissement des caisses étrangères. Cette monnaie est ce qui explique la pauvreté des anciennes colonies françaises et l’impossibilité pour ses anciennes colonies de se défaire totalement de l’occident, leur ancien maître.
En effet, à travers cette monnaie, la colonisation, l’exploitation, le pillage des anciennes colonies continuent. C’est la raison pour laquelle la métropole n’arrive pas à rester en dehors des affaires de ses ex-colonies. Elle est toujours près d’elles non pas pour les aider par amour, mais pour la sauvegarde de ses propres intérêts. À cet effet, un journal allemand révèle en 2017, toute l’exploitation que la France fait subir à ses anciennes colonies. Elle soutirerait plus de 440 milliards sur la richesse de ses anciennes colonies chaque année. C’est dans cette mesure que Jacques Chirac, ex-président français déclara : « Le gouvernement français recueille auprès de ses anciennes colonies chaque année 440 milliards d’euros de taxes. La France repose sur les recettes venant d’Afrique pour ne pas sombrer dans l’insignifiance économique. » Par ailleurs, le FCFA fut introduit suite à la signature d’un pacte pour la poursuite de la colonisation entre les colons et les colonies. C’est aussi ce qui explique le maintien des écoles françaises et de la langue française comme langue officielle, mais aussi du système militaire. Ainsi, avec ce pacte, les anciennes colonies se trouvent dans l’obligation de verser au colonialiste une certaine somme chaque année soit 80% de leur richesse nationale. C’est d’ailleurs ce qui ressort de l’ivoirebusiness : « En vertu de cette loi, 14 pays africains sont encore obligés de stocker environ 85 pour cent de leurs réserves en devises à la banque de France à Paris. Ils sont sous le contrôle direct du trésor français. Les pays concernés n’ont pas accès à cette partie de leurs réserves. Les 15 pour cent des réserves ne suffisant pas à leurs besoins, ils doivent emprunter des fonds supplémentaires du Trésor français au prix du marché. Depuis 1961, Paris contrôle toutes les réserves en devises étrangères du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée-Bissau, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Sénégal, du Togo, du Cameroun, de la République centrafricaine, du Tchad, du Congo, de la Guinée équatoriale et du Gabon. »
Par ailleurs, c’est ce qui explique le fait que les anciennes colonies anglaises se sont développées considérablement et indépendamment de la métropole, et celle-ci aussi ne s’est pas mêlée de la gestion des affaires de la colonie. D’ailleurs, les Anglais n’ont pas adopté les mêmes systèmes coloniaux que les Français. Le système anglais favorisait plus l’autonomie des colonies qui avaient même, pendant la colonisation, une responsabilité large dans la gestion de leurs biens.
Sur cette question du FCFA, la semaine dernière, l’Italie a remué le couteau dans cette plaie en état de putréfaction. En effet, le 20 janvier dernier, Luigi Di Maio, vice-président du conseil italien, a déclaré parlant de l’immigration : « À partir d’aujourd’hui, ceux qui veulent débarquer en Italie, on va les emmener à Marseille. Je vais demander des sanctions contre les pays qui colonisent l’Afrique. La France imprime le franc dans les colonies pour financer une partie de sa dette : pour laisser les Africains en Afrique, il suffirait que les Français restent chez eux. » Il poursuivait en rassurant : « Tout ce que j’ai dit est vrai, a-t-il insisté. La France imprime une monnaie pour les États africains et, par conséquent, elle en empêche le développement. Au contraire, elle contribue aux départs des migrants, qui vont ensuite mourir dans la Méditerranée ou débarquer sur nos côtes. Il est temps que l’Europe ait le courage d’aborder le thème de la décolonisation de l’Afrique. » Parlant de ces propos du vice-président du conseil italien on peut comprendre que la France à une part dans l’appauvrissement de l’Afrique.
Outre cette première extraversion, il faut également souligner que notre système éducatif reste dépendant de la métropole. En effet, on ne cesse de nous leurrer que nous sommes indépendants alors qu’on nous impose nos systèmes d’enseignement, nos langues d’enseignement ; ils s’ingèrent dans nos politiques intérieures pour décider de ce qui les arrange. Sur le plan éducatif, l’Afrique constitue pour l’occident un cow-boy.
Il élabore ses systèmes éducatifs et vient les tester chez nous, c’est la raison pour laquelle, à chaque fois, il y’a un changement de système. Par exemple, au Mali, tout dernièrement, il y avait au niveau du premier cycle de l’enseignement fondamental un système que l’on appelait le curriculum qui consistait à apprendre aux enfants leurs langues nationales et cela continuait jusqu’en classe de sixième année. Par ailleurs, en 2017, nous avons assisté à une réforme intégrant un nouveau système appelé « SIRA » avec laquelle, la classe se transforme en studio ou en boite de nuit, je ne sais pas quoi. Au niveau du secondaire, nous assistons dans ses dernières années à l’intégration d’une nouvelle méthode avec ses corollaires. Cette méthode est dénommée APC (Approche Par Compétence). Une méthode imposée alors que personne dans le corps enseignant n’a suivi de formation qualifiée pour la bonne application de ladite méthode. Ce qui engendre des conséquences néfastes. Nous assistons à des grèves incessantes réclamant des conditions d’accompagnement pour une bonne application de l’APC.
Au niveau supérieur, c’est pareil, on nous a imposé l’adoption du Système de Licence, Master et Doctorat communément appelé LMD. Mais depuis l’adoption de ce système jusqu’à nos jours, aucun étudiant n’est tranquille puisque les administrateurs eux-mêmes ne savent pas ce qu’est ce système, ce qu’il réclame. Cela est dû au fait qu’ils n’ont pas suivi de formation. Cela est pareil du côté des enseignants qui n’ont pas eux aussi suivi de formation. En conséquence, les étudiants peuvent passer trois années dans une même classe sans passé à la classe supérieure et sans être considérer comme redoublant dû au fait que les modules n’ont pas pu être achevés à cause des grèves revendicatrices du côté des enseignants aussi bien que de celui des étudiants.
Outre tous ceux-ci, le contenu de notre enseignement est tout entier extraverti. Au lieu que nos réalités nationales soient priorisées, ce sont plutôt les histoires occidentales qui sont étudiées. En conséquence, nous avons des cadres qui connaissent mieux l’étranger que leur propre pays. Toute cette politique vise à nous faire oublier nos histoires, nos réalités au profit de leurs propres réalités. Ils font tous ceux-ci en vue de dissimuler toutes les exactions qu’ils ont commises chez nous en Afrique. Ils ont tout simplement peur de la « dialectique du maître et de l’esclave ». Or, avec la génération montante qui creuse profondément dans la réalité, cette réalité risque d’arriver un jour.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays