Dernière ligne droite pour les candidats à l’élection présidentielle en Mauritanie dont le premier tour doit avoir lieu ce samedi 22 juin. La fin de campagne est prévue pour ce jeudi à minuit. Il ne reste donc plus que quelques heures pour convaincre les électeurs avec des meetings notamment à Nouakchott, où l’affichage omniprésent des candidats cache finalement une campagne bien terne.
Avec notre envoyée spéciale à Nouakchott,
« Ça change de la dernière élection en 2014, au moins, il y a des affiches cette fois-ci ». Pour cette journaliste, habituée à couvrir la Mauritanie, l’ambiance en 2019 est bien différente de celle des précédents scrutins. À première vue, quand on arrive dans la ville, Nouakchott semble vivre au rythme de cette campagne présidentielle. Impossible d’ailleurs de passer à côté lorsque l’on se déplace dans le centre-ville.
Sur les grandes avenues de la capitale, de chaque côté de la route, on retrouve des dizaines de khaïma, des tentes traditionnelles bédouines, aux couleurs des candidats. Dans ces lieux, on se rassemble théoriquement pour discuter, débattre. Toute la journée et une partie de la nuit, des haut-parleurs crachent de la musique, des discours.
L’écrasante présence de Ghazouani
Quasiment tous les panneaux publicitaires ont été réquisitionnés pour vanter les mérites des candidats. Et sans aucune limite, les grandes compagnies privées ont transformé leurs sièges sociaux en permanence de campagne affichant un soutien sans faille à leur champion. Et leur champion, c’est surtout le candidat du parti au pouvoir : le général Ghazouani.
Effectivement, partout à Nouakchott, le visage du dauphin du président Aziz est présent. Des affiches, des bandeaux, des banderoles de toutes tailles battues par les vents du désert mauritanien avec son slogan « pour la patrie ». Difficile dans ces conditions d’exister pour les cinq autres candidats. Certains s’y essayent tout de même, c’est le cas notamment de l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar soutenu par le parti d’opposition Tawassoul et qui dispose de la force de frappe de ces islamistes modérés pour tirer son épingle du jeu.
Dans le reste de l’hypercentre, on aperçoit tout même quelques affiches de Kane Hamidou Baba ou encore du Dr Mohamed Ould Maouloud. Une présence discrète, mais pas autant que celle de Mohamed Lemine El Mourteji El Wavi, une personnalité jusqu’ici inconnue en Mauritanie, et pour qui il faut parcourir avec patience les grandes rues de Nouakchott pour essayer de trouver son QG et sa communication de campagne.
Mais cette omniprésence du général Ghazouni cache mal une campagne qui a Nouakchott est restée plutôt terne. « Il ne faut se fier à ça, c’est du vent en réalité. À Nouakchott, ce que l’on voit de Ghazouani, c’est que de l’affichage, il n’existe pas », estime le porte-parole d’un autre candidat. Ici, on évoque surtout de la poudre aux yeux qui cache un véritable « déficit de communication » comme le confie une journaliste de Mauritanie. Les khaïma restent souvent vides.
« C’est vrai que cette campagne est un peu fade, témoigne un Mauritanien croisé dans le centre-ville. Le soir, il y a du monde dehors, mais cela n’a rien à voir avec les élections. Les gens profitent juste de la fraîcheur du soir pour aller en famille se promener. »
Si les attentes des Mauritaniens sont nombreuses, les débats n’ont pas toujours été à la hauteur pour Ousmane, artiste : « Nous, on veut parler éducation, unité nationale. On aspire aux changements ». Des sujets qui sont présents dans les programmes des différents candidats, mais qui ont été peu débattus lors d’une campagne où l’affrontement pouvoir/opposition a monopolisé l’attention.
Des quartiers oubliés
Quand on sort du centre-ville, les affichages sont peu présents et dans certains quartiers périphériques de Nouakchott, rien ne rappelle qu’une élection doit avoir lieu dans quelques jours. « Dans mon quartier, il n’y a rien du tout. Même pas quelques affiches, témoigne Zeiina, une jeune lycéenne. Je n’ai vu aucun candidat. »
Plutôt absent du centre-ville, un candidat a tout de même investi plus que les autres ces quartiers périphériques. Il s’agit du militant antiesclavagiste Biram Dah Abei. Ses équipes de campagne sillonnent les faubourgs de la capitale pour aller mobiliser les jeunes sous la houlette de celui qui se fait appeler le général Sy. Responsable des caravanes pour tout Nouakchott, il fait régulièrement la tournée des permanences dans les quartiers distribuant t-shirts, casquettes à l’effigie de son candidat espérant créer une effervescence loin de l’ombre écrasante du parti au pouvoir.