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Président de parti pour être ministre : Une démocratie à l’avers

Les partis politiques se créent pour conquérir et exercer le pouvoir. Pour le cas du Mali, on pourrait corriger et dire que les partis politiques se créent pour envoyer leur premier responsable au sein de l’équipe gouvernementale.

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Lorsque les chefs de partis se ruent au gouvernement, Qui va garder la maison? Quelles peuvent en être les conséquences pour les partis et plus généralement la démocratie ? Voilà quelques questions qui animent les débats après la formation du gouvernement Moussa Mara.

 

 

Certains analystes de la scène politique ont été outrés dès à l’annonce de la composition. Ils ont constaté que pas moins d’une demi douzaine de chef de partis figurent dans l’équipe. Le P, lui-même dirige le parti Yelema. A coté de lui, Me Mountaga Tall est président du Cnid-Fyt, Bocar Moussa Diarra dirige l’Um-Rda, Tiéman Hubert Coulibaly pilote l’Udds et Boubèye occupe la tête de l’Asma.

 

Il se dit souvent que les partis politiques se créent pour conquérir et exercer le pouvoir. Mais le cas du Mali, on pourrait corriger et dire que les partis politiques se créent pour envoyer leur premier responsable au sein de l’équipe gouvernementale.

 

Cette pratique semble une spécificité de nos démocraties souvent qualifiées de tropicalisées. Même si ce terme n’a pas l’heur de plaire à beaucoup de monde.

 

Que les choses soient claires. Rien n’interdit à un leader de parti d’accéder à un gouvernement. D’ailleurs, dans les régimes parlementaires, le leader du parti majoritaire à l’issue des élections législatives est désigné automatiquement pour former le gouvernement. Mais, dans d’autres régimes, le premier responsable du parti conduit le parti aux élections peut rejoindre le gouvernement. Dans ce cas de figure, il quitte le la direction du parti.

 

Récemment en France, Harlem Désir a renoncé à la direction du Ps pour être secrétaire d’Etat. Le patron de l’Ump ne restera pas à la tête du parti. Et si on faisait la même chose.

 

 

Il faut dire que quand le chef d’un parti politique rejoint le gouvernement, cela peut créer énormément de difficultés au sein de sa formation. D’abord, il n’aura pas les coudées franches pour mener les activités au sein du pari. Ensuite, il peut créer un sentiment de frustration chez les cadres du parti qui pourraient considérer qu’ils sont là pour aider uniquement à l’accomplissement du dessein d’un individu.

 

Parmi ceux qui ont rejoint le gouvernement à la faveur du dernier remaniement, il y a au moins une personne, qui disait, il y a une vingtaine d’années, que les chefs de parti ne devaient pas aller au gouvernement. Il l’argumentait si bien que vingt ans plus tard, on a de la peine à croire qu’il allait faire le contraire de ce qu’il disait. Il est vrai qu’entre temps beaucoup d’eau a coulé sous le pont des Martyrs et que les temps nouveaux ont apporté des vérités nouvelles. On peut aussi se demander si une telle pratique n’est pas de nature à fragiliser les partis politiques et à favoriser leur multiplication. Celui qui au sein de son parti estime que son tour d’être ministre tarde à venir au sein de son parti n’aura qu’à claquer la porte, former «son parti» et soutenir le candidat le mieux placé.

 

Pour avoir des partis forts qui consolideront la démocratie malienne, il faut agir autrement. C’est d’emblée réunir des cadres compétents au sein des directions des partis et leur faire confiance. Il faut aussi définir le rôle de chacun. Les Maliens veulent des chefs de parti qui coordonnent et se comportent comme des chefs d’orchestre. Car, il représente le parti. Il est son porte-drapeau pour les scrutins majeurs et il désigne qui peut aller au nom du parti dans un gouvernement ou une autre instance.

 

Mamadou Diakité

SOURCE: Le Témoin

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