Comme Abdoulaye Wade, IBK ne semble pas sentir son fauteuil présidentiel, à peine occupé, s’effondrer…
La semaine dernière, une prostituée sénégalaise devise avec une garce malienne à l’heure du déjeuner au bar qui fait face au dépôt d’ordures pestilentielles de Lafiabougou. Devant son maigre plat de thièb, elle lave ses mains et crache to de go : «J’aime trop la viande. Mais, ces jours-ci, je n’en consomme pas». «Pourquoi ?», demande, stupéfaite, la Malienne. La bouche pleine, elle enchaîne : «Des gens ont été surpris là-bas en train de dépecer un âne et le découper en mille morceaux». «Quoi ? Ce n’est pas vrai», rétorque la Malienne. «Dans ce cas, il faut demander au garçon de chambres pour en avoir le cœur net». A peine cherche-t-elle des yeux le bonhomme en question, le barman du jour confirme la révélation fracassante de la putain sénégalaise.
Interpelé, le garçon de chambres raconte : «L’âne gisait dans le canal à hauteur du bureau de l’Edm de Sébénincoro». Ce jour-là, il ne rêve pas. Il voit un groupe de jeunes morceler en rondelles un baudet, charger la viande dans des sacs et prendre une destination inconnue.
«Selon toute vraisemblance, fulmine un adepte de Satan, cette viande de charogne a régalé de nombreuses familles». Sous l’emprise de l’alcool, il met tout sur le compte d’IBK qui «place sa famille au-dessus des intérêts des Maliens. En plus, poursuit le saoulard, depuis son arrivée au pouvoir, l’eau, l’électricité et l’argent deviennent de plus en rares. Le prix des denrées de première nécessité montent en flèche. C’est la guerre au Nord. Alors, tous les moyens sont aujourd’hui bons pour survivre dans un pays sous perfusion».
Hasard ou coïncidence
A propos de la famille du président de la République, Ibrahima Boubacar Kéïta, bien élu, mal nommé en tout, le Parena déplore : «L’irruption de la famille (Ndlr : d’IBK) dans les affaires de l’Etat. Jamais, depuis l’indépendance, la famille d’un président n’a joué un rôle aussi prépondérant dans les affaires publiques en si peu de temps. A la présidence de la République, y compris l’état-major particulier, au gouvernement et à l’Assemblée nationale, ce sont des pans entiers de la puissance publique qui ont été confiés aux membres du clan présidentiel. Les secteurs stratégiques de l’économie et de l’éducation nationale sont pilotés par des membres de la famille présidentielle par ministres interposés». Ce n’est pas tout. C’est une affaire de famille.
Affaire de clan
Fixé à deux milliards Fcfa pendant la transition, la réparation du palais présidentiel amoché par les putschistes va désormais coûter aux contribuables la faramineuse somme de dix milliards Fcfa. Les travaux reposent sur les épaules d’un jeune loup, beau-frère du président IBK.
Le Parena va plus loin en matière de milliards qui vont tomber dans l’escarcelle du clan IBK. D’emblée, il dénonce «le contrat de 108 milliards Fcfa» au lieu des 96 milliards Fcfa initialement retenus – liant Guo-Star et le ministère de la Défense, paraphé de surcroît par un conseiller spécial du président de la République et le ministre de la Défense, pour la fourniture d’engins et d’équipements à l’armée. De quels types ?
A ce jour, le Mali a-t-il besoin d’équipements militaires d’urgence compte tenu de tout l’armada que les pays amis, principalement la France, ont mis a sa disposition pour redorer le blason d’une armée en déshérence ?
En tout cas, depuis l’avènement d’IBK, les milliards coulent à flots, passent sous le manteau, pour le grand bonheur de son clan. Seulement ! Tous les Maliens s’indignent en silence devant ce micmac à ciel ouvert. Dès lors, leur réveil risque d’être brutal mais fatal pour le maître de Koulouba.
En attendant, le président de la République ouvre la porte de l’enfer à ses mandants et celle du Paradis à son clan. C’est un avis partagé par tout le monde quant à son bilan après sept moins de règne sans partage.
Avatars de président
Dès sa prestation de serment, le président Kéita démarre la rénovation de sa résidence de Sébénincoro. Le financement de ces travaux titanesques proviennent-il de sa bourse ? Pourquoi a-t-il attendu d’être élu président pour bâtir un palais digne de son rang de simple citoyen, d’opposant ? Cet argent vient-il du budget de l’Etat, d’un emprunt bancaire ou de la loterie ?
Le plus grave, c’est l’acquisition d’un Boeing à hauteur de 17 milliards Fcfa dans des conditions nébuleuses, sans appel d’offres, un marché de gré à gré. Tandis que celui de l’ancien régime mis en circulation en 1999, qui se porte comme un charme après six mille heures de vol, paie régulièrement une assurance à Allianz et ce jusqu’en 2015. Quel gâchis ! En fait, le Parena estime que «17 milliards Fcfa, c’est le coût de la construction d’une trentaine de lycée ou trois hôpitaux modernes de type Sominé Dolo de Sévaré».
Parallèlement à tout ce trafic, il ouvre les vannes du Trésor public à Zhong shing télécommunication equipement company pour un marché de 26 milliards Fcfa «relatif à un réseau national de sécurité de communication, soumis aux gouvernements précédents et exhumé dans des conditions de transparence qui laisse à désirer».
A l’heure où les Maliens tirent la queue du diable pour boire, manger et s’éclairer, ce projet peut encore végéter pendant des décennies dans les tiroirs parce que nul et non avenu pour leur assurer un bien-être. Si ce ne sont des ennuis et un surplus de taxes.
Au finish, IBK dilapide l’argent du Mali. Chaque séjour qu’il passe, par exemple, à l’hôtel Royal Monceau, en France, il casque la rondelette somme de 12 millions Fcfa par nuitée. De quoi nourrir 12 millions d’âmes damnées en un jour à raison de 1 000 Fcfa par personne. Cet homme a-t-il une éthique, un brin de pitié, une conscience à l’endroit des misérables du Mali ?
De toute façon, il commence à montrer son vrai visage en matière de micmac. L’affaire Tomi dévoilée par le journal Le Monde défigure d’ores et déjà un avide de pognon qui n’a cure du brasier de Kidal.
En somme, IBK n’a pas été à bonne école. Du moins, il y entre, sous la coupole d’Alpha et ATT, en qualité de conseiller présidentiel, d’ambassadeur, de ministre, de Premier ministre, de président de l’Assemblée nationale et de vice-président du Parlement panafricain, pour justement apprendre rapidement les avatars des anciens régimes et occulter sciemment la bonne gouvernance. Il l’a si bien escamotée lorsqu’il galérait dans l’opposition, stigmatisant à souhait la politique de ses prédécesseurs. C’e n’était que langue de bois pour un homme au bord du désespoir.
Alors opposant, Abdoulaye Wade l’a fait au Sénégal pendant un quart de siècle. Sitôt, devenu président, il retourne sa veste. C’est pourquoi, il n’a pas senti son fauteuil présidentiel fondre comme neige au Soleil.
Tout porte à croire qu’IBK emboîte le pas à l’ancien président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, alias Fantômas. Le président de la République du Mali amorce ainsi une pente raide. Il n’est cependant jamais trop tard pour revoir sa copie au lieu de s’entêter à conduire le Mali sur le chemin de la pourriture. IBK, il est minuit !
- A. Kéïta
SOURCE: Le Témoin