Le Pdes a organisé hier 19 juin 201 à l’hôtel Radisson un point de presse très attendu. Au menu de cette sortie médiatique la question du soutien du parti à un candidat au premier tour de la présidentielle figurait en bonne place.
En effet, depuis le désistement du Président du Parti Hamed Séméga, qui a fini par jeter l’éponge lorsqu’il a constaté que des contestations avaient vu jour le jour après sa désignation par une commission d’investiture, les spéculations et conjectures allaient bon train sur le candidat que le Pdes allait finalement soutenir au premier tour du scrutin présidentiel.
La réponse à cette question lancinante est tombée hier. Ce sera Soumaïla Cissé. En réalité, pour les observateurs avisés, il s’agit d’un choix qui ne surprend guère d’autant qu’à l’intérieur même du Pdes les partisans de l’ancien Ministre des Finances et non moins ancien Président de l’Uemoa, soutenus par l’ancien Président ATT en personne, avaient œuvré de longue date pour que le parti en décide ainsi.
Il s’agit là de l’épilogue provisoire d’une bataille acharnée qui s’était engagée depuis plusieurs mois au sein de ce jeune parti, né en juillet 2010 pour soutenir l’action de l’ex – président ATT et pérenniser les idéaux de celui, bataille qui oppose les partisans d’une candidature interne PDES à l’élection présidentielle à ceux qui estiment qu’il serait plus judicieux de soutenir un candidat externe mieux placé.
Pour mémoire, soulignons que le toujours Président du PDES Hamed Séméga, estimant qu’il était important pour le Pdes de jauger sa représentativité et son implantation sur le terrain en participant au premier tour de l’élection présidentielle, était au nombre des premiers. Apparemment, ceux des membres de la Direction du parti opposés à cette ligne ont fini par avoir le dessus.
On peut cependant se demander quel sera l’impact réel du soutien officiel d’un Parti sorti littéralement laminé de ce débat présidentiel. Plusieurs raisons incitent en effet à relativiser la portée de cette décision.
Primo, la décision prise par le Pdes de ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle a déjà eu pour effet pervers de démobiliser la base militante du parti, ce qui se traduit par une forte hémorragie caractérisée par le départ massif des militants vers des cieux politiques plus cléments.
Deuxio, cette position est loin de recueillir le niveau de consensus souhaité au sein même des principaux dirigeants et élus du parti puisqu’au moins deux d’entre eux s’en sont clairement démarqués en déclarant leur intention de se porter candidats à la présidentielle. Parmi ces candidats dissidents, il convient de citer la bouillante et très médiatique députée PDES de Bourem, Mme Haïdara Chato Maïga, laquelle a maintenu sa candidature malgré le choix du Comité Directeur National de son parti de soutenir un candidat extérieur au premier tour de la présidentielle.
Enfin, avec des cadres et des opérateurs économiques écartés des centres de décision et des marchés publics depuis le coup d’état, le PDES éprouvera vraisemblablement beaucoup de difficultés à mobiliser l’électorat qui restera fidèle à la direction faute de moyens logistiques et financiers disponibles.
Les constats qui précèdent incitent les de nombreux observateurs, et notamment de nombreux cadres URD, à la plus grande circonspection face à ce ralliement de la direction du Pdes à la campagne de Soumaïla Cissé. De fait, beaucoup de responsables politiques voient en ce soutien à l’enfant prodige de Niafunké une manœuvre de repositionnement d’une poignée de responsables notamment quelques anciens ministres, afin de figurer dans les équipes dirigeantes qui seront issues de l’élection présidentielle.
Pour ces analystes, le soutien apporté à Soumaïla Cissé, décidé au Pdes sans la consultation et l’implication du Comité Directeur National, instance pratiquement mise devant le fait accompli, s’explique davantage par la volonté de certains caciques du parti de voler au secours de la victoire du candidat de l’URD afin de gagner quelques pantoufles et strapontins, que par le souci réel d’apporter le vote des milliers de Maliens encore partisans inconditionnels d’ATT.
Birama FALL