Dans le cadre des prévisions du nouvel an, nous avons rencontré un jeune leader malien qui se prononce sur divers sujets, essentiellement la paix et la sécurité dans son pays. En outre, Pr. Tièba Traoré, puisque c’est lui qu’il s’agit, résident actuellement en Corée, n’hésite pas à dénoncer la France et ses éventuels complices, en leur rappelant la nécessité de revoir leur copie pour le bien-être des innocentes populations maliennes. Enfin, il prodigue des conseils pratiques à la jeunesse africaine en général et celle du Mali en particulier.
Que faites-vous actuellement en Corée ?
Pr. Tiéba : J’ai reçu une bourse d’étude pour la langue coréenne d’une année. Ce pays m’a impressionné vu sa culture, sa langue, son niveau de développement. Comme vous le savez, la Corée a traversé de nombreuses tribulations du fait de son emplacement géographique, au milieu de grandes nations voisines. Pourtant, elle n’a jamais envahi un pays étranger. Malgré qu’elle ait été divisée au lendemain de son indépendance en 1945, la Corée est un modèle de développement aujourd’hui. Je profite de l’occasion pour appeler le gouvernement malien à établir une relation proche avec la Corée. Etant ici, je suis avec intérêt les actualités de mon pays.
Comment percevez-vous la crise malienne et la mise en œuvre de l’Accord pour la paix ?
Je fais parti de ceux qui avaient, en son temps, dénoncé le coup d’Etat de 2012. Pendant la crise, à l’instar de tout autre citoyen malien, j’étais vraiment préoccupé par le retour de la paix au pays. Malgré toutes les bonnes actions menées depuis, la paix reste encore un rêve pour les Maliens parce que la crise demeure avec ses conséquences dévastatrices. En effet, nous assistons malheureusement au déchirement du tissu social, à la déstabilisation du système politique entrainant l’insécurité et le désordre partout.
Pourquoi la crise malienne a du mal à finir ?
Parce qu’elle serait provoquée par des forces secrètes nationales et internationales pour demeurer longtemps jusqu’à l’atteinte de leurs objectifs inavoués.
Le document «Accord pour la paix et la réconciliation» n’est pas un accord de paix ! Voici encore la preuve d’une déformation du sens des mots accord et paix. C’est un document que j’appelle « document de répartition et de gestion territoriales ». Si réellement les parties prenantes étaient d’accord pour la paix, elle serait possible au lendemain de la signature. La paix n’a rien à voir avec des soi-disant compromis. Tout laisse croire que certains protagonistes ont plus ou moins été forcés à signer ledit document. C’est de l’hypocrisie. Leurs mains ont signé mais le cœur n’était pas d’accord. La situation sécuritaire actuelle au Nord-Mali, voire au-delà, justifie cette analyse.
Justement, quelle est votre vision de la sécurité ?
La vraie sécurité consiste à vivre pour le bonheur des autres ; elle signifie le respect et l’acceptation des autres. La manière dont je vois nos dirigeants investir dans la sécurité nationale à travers un très grand déploiement des forces militaires partout est vraiment ridicule. Prenons un exemple sur cette méthode : même si l’on déploie un policier à chaque mètre carré du plein cœur de Bamako, si le peuple ne s’accepte pas lui-même ne se respecte pas, il y aura toujours de l’insécurité. Une chose est de déployer sur le terrain des forces armées et de sécurité, mais une autre est aussi de bien éduquer la population laquelle même est source d’insécurité. Si les gens n’acceptent pas de vivre ensemble, même si le président est entouré d’un million de garde-du-corps armés jusqu’aux dents, il peut être bel et bien attaqué. Donc, le préalable pour retrouver la paix et la sécurité au Mali est la bonne éducation du peuple.
Par ailleurs, il y a lieu de demander qui cause l’insécurité dans le pays et terrorise le peuple. Le temps est désormais venu pour nous de réviser nos schémas de pensée. Sinon, c’est quand même étonnant de constater que ‘’tout le monde’’ soit apparemment contre le terrorisme et qu’au même moment les terroristes bénéficient des protections et des conditions de vie agréables ! Par exemple, comment comprendre que MNLA, Barkhane, Minusma, FAMa, USA, Forces G5, leaders locaux du Nord-Mali soient tous opposés aux terroristes et que Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa vivent toujours dans le confort ? La lutte contre le terrorisme au Sahel est un faux problème délibérément inventé par certaines grandes puissances et leurs correspondants au Mali pour atteindre les objectifs du plan d’un nouvel ordre mondial. Si ces puissances avaient réellement la bonne volonté de combattre les terroristes, elles auraient réussi à le faire en un rien de temps. Si cette mise en scène continue, le risque est grand que le peuple y perde patience en se soulevant contre les dirigeants eux-mêmes et n’acceptant plus que l’Etat soit leur garant. Qu’à Dieu ne plaise, ce temps serait le moment du grand chaos.
A quelle grande puissance faites-vous essentiellement allusion ?
Vous le savez autant que moi, Dieu a suffisamment béni certaines nations dont la France. Curieusement, elle a perdu cette immense bénédiction à cause de son comportement archangélique. La Mali et toutes les anciennes colonies françaises sont comme “des enfants adoptifs” de la France. Aucun pays africain colonisé par la France ne se réjouit aujourd’hui de son “parent adoptif”. Un enfant bien adopté devrait être toujours reconnaissant envers son parent adoptif ; mais s’il a été mal adopté, ce dernier pourrait se rebeller contre son tuteur. C’est actuellement le cas entre la France et ses ex-colonies en Afrique. Au lieu d’utiliser sa puissance pour guider le monde vers le bien, la France s’en sert pour induire le monde en erreur, du libertinage soi-disant “démocratie”.
Toutefois, il n’est pas encore tard pour la France de se repentir devant Dieu et devant le monde pour ses actes commis dans l’histoire de l’humanité. Si elle ne le fait pas, eh bien, cette grande puissance va irréversiblement chuter de l’échiquier mondial de l’hégémonie de la nouvelle ère. C’est la loi de la nature.
Le Mali avait été secoué par le projet de révision constitutionnelle ; quel est votre point de vue là-dessus ?
A mon avis, une constitution est le texte fondamental qui régit la vie d’un peuple sur tous les plans. En parlant de peuple, il s’agit des êtres humains créés par Dieu. Ce Dieu a bel et bien créé les gens pour un but clair. A cet effet, ce n’est pas l’objet créé qui détermine le but de sa vie, mais plutôt le créateur qui en détermine. Avant d’élaborer la constitution, les Maliens devraient interroger Dieu sur le pourquoi et le comment de leur existence. Ainsi, Dieu leur répondrait sûrement. La réponse de Dieu serait alors inscrite comme la constitution du Mali. Voici le vrai processus d’élaboration d’une bonne constitution. Le nouveau projet de la constitution du Mali est à 90% consacré à la vie politique alors que la pleine réalisation du but de la vie humaine doit être au centre d’une constitution. J’ai relevé beaucoup de points hors-principes dans ce projet de constitution dont la motivation plus ou moins ambiguë de ses concepteurs. Il est bien souhaitable pour les Maliens de se confier directement à Dieu, au lieu de solliciter des ‘’hyper-experts’’ X ou Y qui croient en la Liberté sans la Vérité !
Que pensez-vous de la présidentielle 2018 ?
D’abord, je suis contre la tenue des élections prochaines parce qu’avec le système mis en place, elles permettront d’élire encore quelqu’un qui sera le produit du faux système. Je propose donc dès maintenant la création d’un conseil interreligieux malien qui va assurer la transition en nommant un homme qui croit véritablement en Dieu à la tête du pays. Ce dernier aura comme mission principale de rompre totalement avec ce système satanique et d’amorcer un nouveau départ avec Dieu au centre. Je préfère même un simple berger croyant en Dieu, conservateur des valeurs morales et religieuses à la tête du pays, à un politicien athée et libéral qui se fiche pas mal desdites valeurs. Notre pays est en danger, victime d’une manipulation des organisations nationales et internationales sataniques qui, au lieu d’apporter le bonheur, créent au contraire le malheur. Pour renverser cette tendance, les hommes de Dieu avec le soutien du peuple doivent s’organiser dès maintenant afin d’assumer leur responsabilité dans l’établissement d’une nation avec Dieu au centre. Tant que notre pays continue de vivre sous couvert de ces organisations mafieuses, il n’y aura ni paix ni justice encore moins le développement. En conclusion, le Mali dans la situation actuelle a besoin d’un « David » pour combattre « Goliath ».
En tant que jeune leader et artisan de paix, quels mots avez-vous à l’endroit de la jeunesse ?
Dans toute l’histoire de l’humanité, la jeunesse n’a jamais failli à son rôle de combattant si elle est bien orientée. En effet, les jeunes Maliens sont généralement prêts à se sacrifier pour le pays, mais la plupart sont victimes d’instrumentalisation politique à des fins électoralistes et égocentriques. Ces politiciens font rêver les jeunes d’un paradis matérialiste en les promettant des emplois rémunérés et surtout des postes bien juteux. Dites-moi, notre Etat malien avec le système politique actuel dispose quel bien matériel pour donner de l’emploi aux jeunes ? L’Etat se cherche à plus forte raison offrir du job à la jeunesse. Quand je vois les jeunes réclamer de l’emploi à l’Etat, cela m’intrique car l’Etat malien a vendu tous ses biens aux privés. Finalement, l’Etat lui-même est devenu esclave dépourvu d’emplois, de ressources, de son rôle régalien devant ces privés. J’invite donc la jeunesse du Mali à mener une révolution du cœur pour changer à 180°C le système politique actuel du pays. Je rêve d’une jeunesse malienne débout comme celle de l’Iran lors de sa révolution de 1979. Il ne faut pas s’attendre à ce que les pays occidentaux nous viennent chaque fois en aide, comme ce fut le cas pendant la crise multiforme et multidimensionnelle de 2012. Hélas, jusqu’à la date d’aujourd’hui, de véritables zones d’ombre planent encore sur l’impact réel de cette aide extérieure et internationale au Mali…
Je vous remercie. Que le Mali soit à Dieu.
Interview réalisée par Abdoulaye Diakité
La rédaction