Le 7 juillet 2016, le Premier ministre indien Narendra Modi a entamé une tournée dans cinq pays africains : au Mozambique, en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Kenya. Objectif : renforcer les liens entre l’Inde et l’Afrique. Une tournée qui intervient quelques jours seulement après celle du président indien Pranab Mukherjee…
Dans la course aux matières premières africaines, la Chine a incontestablement pris une longueur d’avance sur son concurrent indien. New Delhi a décidé de rattraper son retard. Le président indien, Pranab Mukherjee, a précédé son premier ministre en terre africaine du 12 au 17 juin 2016. L’Inde mise notamment sur l’uranium et le pétrole du continent et compte bien booster le volume commercial de l’Inde avec l’Afrique qui s’élève à 75 milliards USD. Fin 2015, New Delhi avait mis en œuvre 140 projets dans 41 pays du continent.
Pour démarrer sa tournée, le Premier ministre indien s’est d’abord arrêté au Mozambique, pour des discussions bilatérales avec le président Filipe Nyusi. « Du Mozambique, il s’envolera pour l’Afrique du Sud. Il y restera deux jours, et tiendra des discussions avec le président Jacob Zuma et d’autres hauts responsables », précisent les sources officielles. Il se rendra ensuite en Tanzanie, où il s’entretiendra le 10 juillet avec le président tanzanien John Pombe Joseph Magufuli sur un large éventail de domaines afin de promouvoir la coopération mutuelle. Le Premier ministre indien achèvera sa tournée en allant au Kenya, où il tiendra des discussions avec le président Uhuru Kenyatta.
Les Indiens ont été les premiers à fouler la terre africaine bien avant les Chinois. Le commerce maritime avec l’Afrique débute dès le XVIe siècle. Les marchands indiens d’épices affluent sur la côte est-africaine. Des milliers d’autres décrochent des contrats dans les colonies africaines où ils travaillent parfois dans des conditions proches de l’esclavage.
C’est en Afrique du Sud, où ils sont les plus nombreux, que l’apôtre de la non-violence Mahatma Gandhi, héros de l’indépendance indienne, a débuté sa lutte. Il a longuement combattu contre la discrimination raciale dont ses compatriotes ont été victimes. Indiens et Africains feront naturellement cause commune durant la lutte de libération du continent.
Aujourd’hui, ils sont plus de deux millions et demi d’Indiens à vivre sur le continent africain. La grande majorité a élu domicile en Afrique du Sud et à l’Ile Maurice. C’est le double de la communauté chinoise recensée sur le continent. Pourtant, Pékin a pris une longueur d’avance sur son concurrent asiatique.
Contrairement à New Delhi, qui s’est montrée plutôt distante ces dernières années, Pékin a considérablement renforcé ses liens avec l’Afrique. Peu à peu, l’Inde s’est trouvée marginalisée par la Chine sur le marché africain. Résultat : les échanges entre Pékin et le continent ont atteint 200 milliards de dollars en 2015, contre 70 milliards pour l’Inde en 2014.
L’Inde est depuis peu de retour en Afrique. Elle investit notamment dans l’extraction des ressources minières. Des sociétés indiennes exploitent des mines d’or et de diamants. Mais l’Inde veut aussi faire tourner ses centrales nucléaires. Elle souhaite donc accéder à l’uranium de la Namibie.
Dans le désert de Namib, les mines à ciel ouvert poussent comme des champignons. La Namibie en est le quatrième producteur mondial. Le président indien Pranab Mukherjee a abordé le dossier lors de sa visite à Windhoek, le 16 juin 2016. Les autorités namibiennes se sont engagées à examiner la question, sachant que l’Inde n’est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire.
Aujourd’hui, un baril de pétrole sur cinq à destination de l’Inde provient d’Afrique. C’est 80% des importations indiennes du continent. L’Inde a même pris le relais des Etats-Unis, devenant le plus grand importateur de pétrole nigérian. En 2014, New Delhi a acheté 30% de la production nigériane. Pour s’approvisionner en pétrole, l’Inde compte aussi sur le Soudan, le Soudan du Sud, l’Angola, la Guinée Equatoriale et sur les jeunes producteurs comme le Ghana et la Côte d’Ivoire, où le président indien s’est rendu à la mi-juin 2016.
Selon les chiffres fournis par la Commission économique pour l’Afrique, le commerce annuel entre l’Inde et l’Afrique pesait 75 milliards de dollars en 2015. Ce qui fait de l’Inde le troisième partenaire commercial de l’Afrique, juste derrière l’Union européenne et la Chine.
Depuis 2010, les exportations et importations indiennes à destination de l’Afrique ont augmenté de 93%. Outre le pétrole, l’Inde importe d’Afrique de l’or et des diamants, mais aussi du charbon et des produits agricoles. Tous les pays africains importent des produits pharmaceutiques de l’Inde. Trois milliards de dollars y ont été consacrés en 2014. C’est 8% du total des exportations de l’Inde vers l’Afrique. Des voitures « made in India » arrivent progressivement sur le marché africain. Elles roulent déjà à Abidjan, la métropole économique ivoirienne.
Le partenariat entre l’Afrique et l’Inde se veut « gagnant-gagnant ». Tout en accompagnant ses entreprises privées pour leur faciliter l’accès au marché africain, New Delhi mène avec le continent une coopération portant en grande partie sur les hautes technologies, notamment dans la Télémédecine et la Télé-éducation.
L’Inde mène un projet intitulé le Pan-African e-Network, qui permet de relier des universités, centres de recherche et hôpitaux indiens à ceux des pays africains. L’objectif est de favoriser le transfert de technologie, mais aussi de connaissances.
La troisième économie d’Asie est aussi devenue pourvoyeuse de lignes de crédits à l’Afrique. Le président indien a profité en effet de sa dernière tournée africaine pour annoncer depuis Abidjan l’octroi d’une ligne de crédit de dix milliards de dollars qui seront mis à la disposition des pays africains.
La Rédaction (avec AFP-VA)