Connu pour sa grande liberté de pensée et d’action, l’honorable Mamadou Diarrassouba, 1er questeur de l’Assemblée nationale, peut manquer de tout sauf de franc-parler. Il s’en est comme toujours illustré le mercredi 3 Avril 2019, lors de l’interpellation du gouvernement sur la situation sécuritaire, consécutivement au massacre d’Ogossagou. Rarement l’élu de Dioïla s’est exprimé de la sorte.
En effet, alors que le Mali est dans la logique d’une large réforme institutionnelle, l’honorable Diarrassouba a laissé entendre que le gouvernement dans sa forme et sa composition actuelle est incapable de conduire lesdites réformes. “Ce gouvernement ne peut pas nous conduire aux réformes, il ne peut pas aller loin, il faut le revoir dans sa taille et dans ses compétences dans les plus brefs délais”, a-t-il déclamé, en préconisant un élargissement de sa base sociale et politique.
Il ne s’agit pas forcément d’un gouvernement d’union nationale, mais de faire appel à toutes les forces sociales et politiques qui méritent e figurer dans l’équipe, à clarifier l’élu RPM. Et d’ajouter à ses solutions l’organisation d’un dialogue inclusif de toutes les forces vives de la nation afin de trouver ensemble des solutions à l’insécurité, au redressement de l’école, de la santé, de la justice et de la bonne gouvernance. Aujourd’hui le peuple a besoin de réponses appropriées face aux problèmes de sécurité aussi bien au centre qu’au nord.
Parlant toujours de la situation sécuritaire, il a laissé entendre qu’on ne peut pas rester indifférent face à la persistance des massacres. Déjà en janvier il y a eu une première interpellation dont l’une des résolutions fortes était le désarmement de toutes les milices, a-t-il rappelé, en déplorant qu’au jour d’aujourd’hui rien n’ait été fait dans ce sens.
L’heure est grave, a-t-il par ailleurs souligné, allusion faite à la recrudescence des attaques contre les populations civiles et les forces armées. A partir d’un récapitulatif des attaques de Koulogo, le 1er janvier, de la base militaire de Dioura, le 17 mars et du massacre du 23 mars, l’honorable a fait la déduction que le premier trimestre de l’année 2019 a été l’un des plus meurtrier, avec des centaines de victimes et un important lot de déplacés du centre vers la capitale et d’autres régions.
Mais, ce que l’honorable Diarrassouba n’arrive pas à comprendre, c’est la facilité avec laquelle les groupes armés venus de si loin dans ces grands espaces arrivent à échapper à la vigilance de tous les services de renseignements qui patrouillent dans la zone notamment des Famas, des forces Barkhane, de la Minusma et du G5 Sahel. Il a donc saisi l’occasion pour faire des propositions au gouvernement.
Au nombre desquelles la présentation incessamment d’un programme de pacification du centre du Mali assorti d’un chronogramme avec des objectifs à court terme dont la priorité est la réduction de la violence avec en toile de fond le désarmement de toutes les milices et individus. En outre, il a invité le gouvernement à adopter une feuille de route claire pour le règlement définitif de la crise au centre et le rétablissement de la confiance au sein des communautés et entre celle-ci et l’Etat, tout en redéfinissant le maillage sécuritaire de sorte qu’aucune attaque ne puisse être opérée sans une réponse donnée par les FAMAs avec promptitude.
Concernant les milices armées, l’Honorable Diarrassouba invite le gouvernement a mettre fin immédiatement à leurs activités dans le centre du pays. Le premier questeur de l’Assemblée nationale suggère en outre la tenue d’un forum social national à l’effet de trouver les voies et moyens de rétablissement des bons rapports socioprofessionnels et demande aux pouvoirs publics, aux députés, aux responsables d’être porteurs de message de cohésion.
Amidou Keita
Le Témoin