Les complications du diabète sucré aux pieds sont fréquentes, complexes et potentiellement graves. Elles représentaient en effet plus de la moitié des amputations réalisées. Pour améliorer la prise en charge de ces patients à haut risque, celle-ci doit donc être confiée à une équipe pluridisciplinaire.
Le pied diabétique requiert avant tout des soins locaux attentifs et rigoureux ainsi qu’une prévention efficace. Le chirurgien n’intervient qu’en seconde intention lorsque les soins médicaux sont inefficaces. Alors que le chirurgien doit être impliquer dès l’apparition des lésions, selon le chirurgien orthopédiste, Dr KalifaCoulibaly.
Il souligne que la prise en charge du diabète relève des endocrinologues mais les chirurgiens orthopédistes interviennent dans les complications. Les patients nous parviennent lorsque la maladie est très avancée. Cela trouve que le pied est totalement gangréné ou nécrosé. Sinon l’idéal est de les recevoir au début de la plaie. En ce moment la prise en charge est facile et il est possible éviter les complications graves. Il justifie ce retardpar le recours aux traitements traditionnels. Ces malades avec un taux de sucre très élevé vont durer longtemps avec leur glycémie élevée. Cette hyperglycémie va entraîner la destruction progressive des vaisseaux et des nerfs alors que le malade n’est pas au courant.
Le praticien de l’hôpital de Kati révèle que le plus souvent cela intervient au début de façon asymptomatique. Le malade croit que son traitement fait de l’effet alors que le processus de destruction continue à bas bruit. Si les lésions cutanées commencent au niveau du pied, au lieu de consulter le médecin, le patient va continuer à les traiter traditionnellement. Les plaies vont alors s’infecter et c’est au stade de destruction majeure que les chirurgiens orthopédistes sont consultés. C’est en ce moment que la gestion est difficile et radicale. Le deuxième facteur concerne les médecins. Il révèle que la prise en charge est multidisciplinaire, notamment les endocrinologues et d’autres spécialistes qui gèrent les complications générées.
Le pied diabétique est un ensemble de lésions cutanées localisé au départ au niveau du pied chez les patients diabétiques. En effet, le diabète entraîne des lésions vasculaires et neurologiques. Pourquoi précisément au niveaudu pied ? D’après le toubib, ce sont ces lésions qui favorisent l’apparition de la plaie sur le pied parce que c’est une zone portante. Quand il y a une neuropathie au niveau du pied, il y a des zones qui sont insensibles. Donc on peut avoir des lésions à ces niveaux au cours de la marche sans se rendre compte. Alors si ces lésions ne sont pas bien entretenues, elles peuvent s’infecter et évoluer vers une complication catastrophique. Ces lésions neuropathiques et artériopathiquesdéterminent même le pronostic de la vitalité du pied.
L’infection qui survient esten règle secondaire à une plaie cutanée. On reconnaît un pied diabétique quand la plaie persiste et que le délai de la cicatrisation est dépassé. Le diagnostic est facile mais la particularité est que la prise en charge est difficile à cause de la neuropathie et de l’artériopathie (atteinte nerveuse et vasculaire).
Pour faciliter la cicatrisation d’une plaie, deux aspects sont nécessaires : la vascularisation et l’innervation. Il précise que c’est ce qui fait persisterla plaie chez le diabétique. Une autre particularité est la lutte contre l’infection. Pour cela, il faut que la zone soit bien irriguée. Alors que la neuropathie et l’artériopathie favorisentla multiplication des germes au niveau de la plaie. Dr KalifaCoulibaly souligne que ces malades sont très fréquents dans son service. «Nous gérons à peu près un malade par jour qui souffre du pied diabétique», confie-t-il. Une étude menée dans sonservice a démontré que le diabète de type 2 est le plus dominant. Sur 31 patientsqui présentaient des pieds diabétiques, lediabète de type 2 représentait 67% contre 33% pour le type 1. Il faut une prise en charge quel que soit le stade de la plaie.
Le spécialiste va d’abord évaluer le patient par l’état même du diabète. Cela consistera à équilibrer le diabète et faire une radiographie pour voir s’il n’y a pas d’atteinte osseuse associée oule bilan vasculaire et neurologique pour connaître la conduite à tenir. Mais il précise que l’intervention dépend de la phase d’évolution. Dr Coulibaly dit que devant une plaie infectée, l’intervention consiste à faire ce qu’on appelle le barrage.
Il s’agit de reséquer les tissus nécrosés, biennettoyer la plaie et laisser la plaie ouverte au profit d’un pansement quotidien. Plus tard, il faut une suture secondaire ou cicatrisation dirigée. Il précise que ça c’est devant une plaie simple. Mais lorsque l’évolution est avancée, c’est une amputation segmentaire ou une amputation majeure qui est faite. La première consiste au niveau du pied à amputer un orteil ou les orteils qui sont gangrénés. La deuxième est appliquée après plusieurs investigations. C’est soit une amputation au niveau de la jambe ou de la cuisse soit une désarticulation de la hanche (enlever le pied jusqu’au niveau de la hanche).
Le chirurgien souligne que l’amputation ne se fait pas au hasard. Il faut d’abord faire plusieurs investigations pour voir la limite de la lésion vasculaire comme l’échographie Doppler, l’angioscanner pour voir l’état des vaisseaux et du nerf. Ceci permet de faire l’amputation au niveau de la zone simple tout en évitant autre amputation. L’indication de l’amputation est posée lorsque les orteils noircissent, le pied devient complètement noir ou lorsque la lésion va au niveau de la jambe, voire la cuisse.
La bonne nouvelle est qu’il y a des alternatives qui peuvent soulager le malade. Il s’agit de l’appareillage orthopédique qui, selon l’orthopédiste,quel quesoit le niveau de l’amputation l’appareillage peut être fait et le malade peut bien marcher.
Devant ces complications, le spécialiste recommande aux patients diabétiques de consulter immédiatement un diabétologue en cas de problème surtout de surveiller régulièrement leur pied (les espaces interdigitaux entre les orteils). Et de ne pas hésiter à consulter un diabétologue ou un chirurgien orthopédiste lorsqu’ils constatent des zones non sensibles au niveau du pied.
Dr Coulibalyconseille de faire régulièrement l’entretien du pied et d’alerter devant toute plaie pour éviter les infections. Il invite les diabétologues à associer les chirurgiens orthopédistes dès lors que les lésions cutanées apparaissent au niveau du pied.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR