L’actualité nous amène à rediffuser ce passage que le journal Carrefour avait traité le 30 juin 2016 concernant la mission du Premier ministre Moussa Mara à Kidal le 17 mai 2014.
L’Assemblée Nationale a ordonné le vendredi 16 Décembre 2016 l’ouverture d’une enquête judiciaire contre lui. Nous donnons notre part de vérité et de justice dans cette affaire en revenant sur les faits.
En politique on a l’habitude d’entendre de la part des militaires que les responsables ont la langue fourchue à l’image de celle du varan. Ce qu’ils disent aujourd’hui est diffèrent de ce qu’ils prononcent demain. Ces paroles se révèlent être justes de plus en plus, surtout sous le régime actuel ou ce qui s’est dit pendant la campagne électorale est diamétralement opposé à ce qui se fait une fois le poste obtenu. Ainsi va la politique au Mali désormais. Nous avons été surpris lorsque nous avons lu les recommandations préliminaires de la commission mise en place pour enquêter sur les événements du 21 mai 2014 à Kidal. Cette commission d’enquête parlementaire a recommandé ce qui suit :
En dépit des alertes et mises en garde formelles données à Gao, par le commandant des FAMAS présent à Kidal, par la MINUSMA et SERVAL et les témoins oculaires des éléments précurseurs, le Premier ministre refusa d’annuler sa visite sur Kidal le samedi 17 mai, encore moins de réduire la taille de la délégation. Il faut en déduire que, ni le chef d’Etat-major général des armées, Général Mahamane TOURE, ni le Premier ministre n’ont fait preuve de prudence. Interrogé sur l’opportunité de continuer la visite sur Kidal, suite à l’empêchement de la mission qui est parti en éclaireur d’y atterrir, conséquence des tirs perpétrés par les groupes armés et les troubles perpétrés la veille, le Premier ministre a répondu comme suit :
« à la fin de la réunion que nous avons eu à Gao, lorsque la décision a été prise de partir à Kidal, j’ai dit aux autres membres de la délégation que personne n’est obligé d’aller à Kidal. Celui qui veut peut retourner à Bamako. Tous, à l’unanimité, ont décidé de partir à Kidal. J’ai demandé à Monsieur Soumeylou Boubèye MAIGA qui était souffrant, de retourner à Bamako, compte tenu de son état de santé… »
La question de partir ou de ne pas partir n’était point un baroud d’honneur pour les membres de la délégation, qui au risque de sacrifier la solidarité gouvernementale à peine voilée, n’avaient pas d’autre choix au risque d’aller vers un déshonneur certain.
En prenant cette décision, le Premier ministre a violé toutes les règles et procédures normales de prise de décision dans le fonctionnement de l’appareil d’Etat et de bonne gouvernance, ce qui dénote de l’entêtement et l’insouciance qui le caractérise, son manque de respect et de considération pour les conseillers et leurs avis pertinents.
En effet, il ne fait aucun doute que le Premier ministre, a disposé d’informations et de conseils opportuns, avant de prendre la décision de visiter Kidal, et poursuivre cette visite, en dépit des alertes formelles données à Gao et des événements ayant précédé la veille.
Le Premier ministre Moussa MARA, a par ailleurs affirmé que les trois régions du nord-est (Tombouctou, Gao, et Kidal) sont déclarées zone de guerre, suivant décret n°13-628/P-RM du 28 juillet 2013 instituant « OPERATION MALIBA ».
Eu égard tout cela :
La commission d’enquête parlementaire a recommandé ce qui suit :
-l’ouverture d’une enquête judiciaire contre Moussa MARA en sa qualité de Premier ministre chef du gouvernement, dont la décision politico-administrative de visiter Kidal à tout prix, est à l’origine de l’assassinat de fonctionnaires et agents de l’Etat, de la mort banale des FAMAs et de l’éviction de l’Etat de Kidal.
Comparons ces recommandations et les termes du discours du Président IBK le 19 mai 2014 dont nous vous livrons les éléments essentiels à savoir :
Vous avez suivi les développements tragiques que les mouvements armés ont tenu à donner à la visite du Premier ministre à Kidal, samedi 17 mai 2014 à Kidal, où il fût reçu sous des balles et des tirs à l’arme lourde par les groupes armés. Et ce n’est là, ni plus ni moins, qu’une déclaration objective de guerre à l’encontre de l’état du Mali, au moment où tout est mis en œuvre pour relancer les pourparlers devant conduire à une paix définitive au nord, à travers un dialogue inclusif.
Sous les balles de snipers qui n’hésitent pas, à leur manière lâche, à se servir de femmes et d’enfants comme chair à canon, comme bouclier humain placé entre deux feux. Des soldats de l’armée malienne ainsi que de paisibles citoyens, sont tombés. Et même dans l’esprit comme dans la lettre de l’accord préliminaire de Ouagadougou, il ne peut subsister aucun doute sur l’appartenance de Kidal à la République du Mali dans ses frontières internationalement reconnues. Je vous fais le serment que ces crimes odieux ne resteront pas impunis. Le Premier ministre, dont je salue le courage, le sang-froid, l’esprit patriotique et le sens élevé de l’état, n’a posé aucun acte de provocation à travers cette visite à Kidal. Au contraire, suivant en cela mes instructions, et dans l’exercice de ses prérogatives, il se rendait pour écouter notre peuple, en prélude aux pourparlers dont les animateurs et les détails se mettaient en place autour de l’ancien Premier ministre Modibo KEITA, aîné de valeur et de mérite.
Oui, le développement harmonieux, intégré et intégral du pays !
De Diboli à Labezzanga, de Zégoua à Tinzawaten
Partout, le Mali utile ! Nulle part, un Mali moins utile ! Et jamais, un citoyen malien ne sera privilégié par rapport à un autre !
Tous les citoyens sur le même pied d’égalité, toutes les régions logées à la même enseigne !
Mais personne ne prendra le Mali en otage. Personne !
Je n’ai pas d’autre honneur que de remettre à mon successeur, demain, un Mali debout, uni et un.
Ce Mali debout, uni et un, ce Mali qui arrive à nourrir, soigner et scolariser ses enfants, ce Mali qui crée de l’emploi et prend en charge sa jeunesse, je m’y suis engagé et je ne faiblirai pas sur cette voie.
Plus jamais, une délégation de l’état ne sera prise à partie à Kidal.
Je ne laisserai pas ces mouvements armés, certains qualifiés de terrorisme, d’autres désignés de manière commode comme rebelles, mais tous, réunis et solidaires à nouveau, comme ils le furent lorsqu’ils perpétraient, ensemble, l’horreur d’Aguelhoc, mais tous, de connivence avec le narcotrafic international, je ne les laisserai pas, disais-je, continuer à faire la loi, ni à Kidal, ni dans une autre partie de notre territoire.
Le Président que je suis, investi de la confiance des maliens et tenu par la constitution du Mali, assumera ses charges, toutes ses charges. Le gouvernement du Mali jouera pleinement son rôle. En particulier, les auteurs de ces prises d’otages et exécutions sommaires seront poursuivis devant les juridictions nationales et internationales.
La souveraineté du Mali sur toute l’étendue de son territoire n’étant pas négociable, nos forces de défense et de sécurité en reconstruction assumeront, totalement, les missions que la constitution malienne leur assigne et que les maliens attendent d’eux.
Et alors, après avoir analyser la quintessence des deux textes où se situe donc la vérité ?
Pour notre part, le Chef suprême des armées, qui n’est autre que le Président de la République a fui sa responsabilité face aux maliens, à la France et à la Communauté Internationale parce qu’il ne voulait pas prendre une part d’humiliation. Nous pensons que s’il voulait éviter l’humiliation, la devise ‘’Plutôt la mort que la honte’’ était la meilleure voie pour reconquérir son honneur devant le peuple. Même dans le coran il est dit que, l’émissaire ne craint rien. MARA ne devrait donc pas être attaqué. C’est l’envoyé qui endosse la responsabilité. Pourquoi alors IBK en veut à son ex-premier Ministre Moussa MARA, après qu’il ait cautionné la dite mission et affirmer que l’attitude des rebelles n’est ni moins, ni plus qu’une déclaration de guerre en bonne et due forme ? Monsieur le Président, l’histoire nous enseigne que lors de la prise de Sikasso par le Colonel AUDEOUD, gouverneur par intérim du Soudan, Babemba TRAORE, roi de Sikasso a préféré se suicider après avoir ordonné à Tiécoura, le chef de ses gardes de le tuer. Il a dit en cet instant que : ‘’Moi vivant les français ne pénétreront jamais dans Sikasso’’. C’était le 1er mai 1898. Cent quatorze ans après cet acte, vous avez été confronté à la même situation, au lieu de vous assumer, vous voulez livrer votre ancien collaborateur, après qu’il ait été votre émissaire à Kidal. Etes-vous tranquille avec votre conscience, après avoir fui votre responsabilité ? Nous vous prions de ne pas en rajouter à la colère des maliens dont seulement 15% au plus jugent votre bilan positif.
Seydou DIARRA