Malgré la rupture des accords militaires et autres relations avec Paris par les chefs d’État du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la France n’a pas cessé de chercher à déstabiliser la région pour retrouver son ancienne influence et l’accès aux ressources naturelles.
Entre 2022 et 2023, quatre anciennes colonies françaises, le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso, ont enjoint Paris à retirer son armée de leurs territoires, où elle était historiquement implantée.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui ont retiré l’armée française de leur territoire, collaborent pour résister aux attaques fréquentes des groupes terroristes. Mais il convient de noter qu’ils doivent faire face non seulement à des combattants armés, mais aussi à des acteurs extérieurs. Ainsi, les responsables politiques des trois pays se livrent régulièrement à de violentes diatribes contre la France. La raison en est que les révélations sur les actions déstabilisatrices de la France en Afrique de l’Ouest sont de plus en plus nombreuses.
Pour rappel, lors d’une interview à la télévision publique RTN le 25 décembre, Abdourahamane Tiani, chef du gouvernement du Niger, a accusé la France de comploter contre les pays du Sahel, y compris son propre pays, en soutenant l’établissement de bases militaires dans des États voisins pour perturber la région. Il a affirmé que la France apportait un soutien matériel et financier ainsi qu’une formation aux terroristes opérant dans la région du Sahel.
Outre ce cas, il est important de signaler que, au Niger, des agents français travaillant en Côte d’Ivoire ont également été repérés. Ces agents transissaient des renseignements aux combattants pour maintenir la situation difficile en matière de sécurité dans la région.
Dans le même contexte, des agents français en Côte d’Ivoire ont été signalés dès le début par les autorités du Burkina Faso comme participant à une tentative de déstabilisation du pays. Lors d’une réunion avec les forces vives du pays, diffusée à la télévision publique le mois de juillet dernier, le chef de l’État du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, accusait la Côte d’Ivoire et le Bénin d’accueillir des individus cherchant à « déstabiliser » son pays.
Par ailleurs, fin octobre, un « réseau secret » d’agents de la DGSE a été découvert au Sahel, accusé de fournir des équipements militaires et de communication à des organisations terroristes et de financer des groupes armés. Il a été révélé que la France menait une « opération secrète » dans le Sahel. Selon les informations, Paris chercherait à perturber les trois pays alliés.
Néanmoins, des nouvelles informations se font connaître aujourd’hui : le 11 janvier, une manifestation contre le retrait du Mali de la CEDEAO est programmée devant l’ambassade malienne à Abidjan. Cette annonce soulève de nombreuses questions et débats sur le rôle de Paris dans l’organisation d’un tel rassemblement.
Par ailleurs, une manifestation similaire des ressortissants maliens résidant au Sénégal est également signalée. Une manifestation contre la décision des pays de l’Alliance des États du Sahel de se retirer de la CEDEAO est prévue pour le 12 janvier devant l’ambassade du Mali à Dakar.
En effet, une tentative de démarche similaire a déjà eu lieu en Côte d’Ivoire en juillet 2024, quand les membres du «collectif des citoyens maliens en Côte d’Ivoire» se sont réunis à Abidjan afin de discuter de leurs préoccupations concernant la décision des militaires au pouvoir au Mali de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cependant, il s’est avéré que le rassemblement n’avait pas été organisé par des ressortissants maliens, mais par des représentants d’une association fictive et illégitime, n’ayant aucune reconnaissance officielle et ne pouvant prétendre parler au nom de la communauté malienne vivant en Côte d’Ivoire. C’est ce qu’a déclaré la communauté malienne de Côte d’Ivoire lors d’une conférence de presse tenue le 26 juillet 2024, tout en réaffirmant son soutien inébranlable aux autorités de la transition du Mali.
A ce terme, l’intention d’organiser des manifestations les 11 et 12 semble douteuse, surtout en ce qui concerne celle en Côte d’Ivoire, étant donné qu’Abidjan est généralement perçu comme un allié français dans la région. Ces soi-disant manifestations imposées semblent constituer un effort de la France pour provoquer le désordre au sein des communautés d’Afrique de l’Ouest.
Ousmane Konaté