Près de 600 attaques contre le personnel de santé ont fait 959 victimes entre 2014 et 2015 dans le monde, dont plus d’un tiers en Syrie. Des données consolidées ont été présentées pour la première fois jeudi à Genève.
La plupart des 594 attaques qui touchent à la fois du personnel de santé, des civils et des patients ont eu lieu dans un contexte de guerre. Elles constituent “de graves violations du droit international humanitaire” (DIH), a souligné devant la presse le directeur de la gestion des risques d’urgence à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Rick Brennan.
Elles peuvent être considérées comme des crimes de guerre. Chacune “empêche la distribution de services de santé”, à l’encontre du droit de tout individu à accéder à la santé, insiste M. Brennan. Et de déplorer que ces actes se sont largement poursuivis en 2016.
La Syrie arrive devant avec 228 attaques, soit plus du tiers. Elle a même totalisé plus de la moitié de ces situations en 2015.
Deux tiers d’attaques délibérées
Cette conclusion se reflète aussi côté victimes. Parmi les 959 personnes tuées dans le cadre d’attaques contre le secteur de la santé, 352 se trouvaient en Syrie. De même que près de 700 blessés sur les 1561 constatés au total.
Certains groupes armés ne connaissent pas les Conventions de Genève ou les rejettent. Mais tous les gouvernements n’évaluent pas tous de la même manière non plus le respect du DIH. Près de deux tiers des violences sont délibérées et la longueur des conflits contribue à cette situation.
Mais elles ne permettent jamais “à ma connaissance” de gagner une guerre, déplore M. Brennan. Autre problème, des forces armées occupent parfois les centres de santé, également en violation du DIH. M. Brennan reconnaît des lacunes dans ce premier rassemblement de données. Mais elles apportent des indications sur l’importance du problème.
L’OMS veut continuer à mieux les documenter, à sensibiliser les gouvernements mais aussi les groupes armés non étatiques et les communautés. Aucune amélioration n’a été observée en Syrie mais cette approche a fonctionné notamment en République centrafricaine.
Pays visés
Même en dehors des situations de conflit, le personnel de santé a été ciblé à plusieurs reprises. Certains de ceux qui ont oeuvré à la lutte contre Ebola ont été tués en Guinée. Des violences ont aussi été observées en Chine ou au Pakistan.
Les lois nationales et les accords internationaux sont suffisants, affirme le directeur général adjoint de l’OMS, Bruce Aylward. Mais il faut garantir leur application. “Nous entendons encore et encore que c’est inacceptable. Mais quand quelque chose est inacceptable, la communauté internationale et les Etats mettent en place un mécanisme” pour stopper ce type de violences.
L’OMS déplore le manque de réponse sur la question du personnel de santé. Il devient “de plus en plus difficile” de le déployer et de garantir sa sécurité dans les conflits. En revanche, des programmes nationaux en Colombie ou en Afrique du Sud ont notamment permis d’augmenter la sensibilisation de certains acteurs.
sda-ats