En dehors des effets sanitaires qui ont atteint de nos jours des proportions très inquiétantes, la pandémie de coronavirus, avec sa cohorte de mesures de prévention et de lutte contre cette maladie, affecte l’économie mondiale au point de faire craindre une récession. C’est dans ce contexte difficile que la Direction générale des douanes, au 1er trimestre 2020, n’a pu réaliser que 77,30% des objectifs assignés par la Loi de finances 2020. Soit un gap nominal de -38 851 millions Fcfa. Quant aux perspectives pour les mois à venir, elles restent incertaines parce que trop dépendantes de l’évolution de la situation mondiale de la Covid-19 et aussi de l’évolution sécuritaire au Mali.
Les objectifs de recettes de la Direction générale des douanes dans la Loi de Finances 2020 sont de 713,580 milliards Fcfa, dont 185 milliards Fcfa sur les produits pétroliers et 523,580 milliards Fcfa sur les marchandises solides. Dans cet objectif, il est prévu de réaliser, au 1er trimestre 2020, la somme de 171,116 milliards Fcfa dont 45,600 milliards au compte des produits pétroliers et 125,516 milliards Fcfa au compte des produits non pétroliers.
Mais c’était sans compter avec la Covid-19 qui a semé la panique sur la planète et contracté l’économie mondiale. Apparue en Chine vers fin 2019 et début 2020, la Covid-19 s’est répandue dans le reste du monde à partir du 1er trimestre2020, période de pic de la pandémie mondiale et presque tous les pays affectés ont opté pour le confinement partiel ou intégral de la population. L’immobilisme né du confinement a eu comme conséquence la contraction des demandes et surtout la baisse des prix des produits de base notamment le pétrole.
L’objectif fixé par la Loi de Finances 2020 prévoit pour la Direction générale des douanes la réalisation, au 1er trimestre 2020, des recettes à hauteur de 171,116 milliards Fcfa dont 45,600 milliards au compte des produits pétroliers et 125,516 milliards Fcfa au compte des produits non pétroliers.
Il s’agissait donc de réaliser des performances mensuelles respectives de 57,038 milliards au mois de janvier dont 15,200 milliards pour les produits pétroliers (PP) et 41,838 milliards pour les produits non pétroliers (Pnp) ; mois de février : 57,039 milliards dont 15,200 milliards pour les Pp et 41,839 milliards pour les Pnp ; mois de mars : 57,039 milliards dont 15,200 milliards pour les Pp et 41,839 milliards pour les Pnp).
Force est de reconnaître qu’avec le contexte économique mondial catastrophique, les réalisations n’ont pu se hisser à hauteur des objectifs. C’est ainsi qu’il a été enregistré, en termes de performances de mobilisation des recettes : 42,196 milliards de Fcfa en janvier 2020 (12,682 milliards de Fcfa en Pp et 29,514 milliards de Fcfa en Pnp) ; 42,007 milliards Fcfa en février 2020 (11,540 milliards de Fcfa en Pp et 30, 467 milliards de Fcfa en Pnp) ; 48,062 milliards au mois de mars 2020 (13,007 milliards de Fcfa en pp et 35,055 milliards de Fcfa en Pnp).
Ce qui équivaut, comme taux de réalisations, respectivement à 74% en janvier ; 73,06% en février et 84,3 en mars. Les gaps correspondants sont de l’ordre de – 14,842 milliards de Fcfa en janvier ; -15,032 milliards en février et -8,977 milliards en Mars.
Des recettes de 132,265 milliards Fcfa
Finalement, au 1er trimestre 2020, sur une prévision de recettes de 171, 116 milliards Fcfa, dont 45, 600 milliards Fcfa au compte des produits pétroliers et 125, 516 milliards Fcfa au compte des marchandises solides, la Direction générale des douanes a réalisé 132,265 milliards Fcfa, d’où un taux de réalisation de 77,30% et un gap nominal de -38,851 milliards Fcfa.
Une analyse des recettes réalisées sur les produits pétroliers (Pp) permet de comprendre que sur une prévision de recettes dans la Loi des Finances 2020 de 185 milliards Fcfa au titre de l’année 2020, il a été réalisé, au cours des trois premiers mois de l’année 2020, la somme de 37,230 milliards Fcfa contre des prévisions de 45,600 milliards Fcfa, soit un taux de réalisation de 81,6% et un gap nominal de -8, 371 milliards Fcfa. En comparant ces recettes par rapport à l’objectif annuel sur les solides, il se dégage un taux de réalisation de 20,1%.
Ces performances réalisées sur les produits pétroliers ont été surtout influencées par d’une part la tendance baissière des prix fournisseurs. En effet, après l’apparition des 1ères infections à la Covid-19 et les mesures de riposte qui ont suivi, il y a eu un renversement de la tendance longtemps haussière du cours du pétrole, provoquant un fléchissement des prix fournisseurs qui s’intensifiera par la suite jusqu’à atteindre des niveaux historiquement bas à l’entame du 2ème trimestre 2020.
D’autre part, à cette baisse des cours du pétrole s’oppose une tendance à la hausse des volumes mis à la consommation. Une tendance qui se dessinait depuis le 4ème trimestre 2019, dans l’optique de prévoir des jours plus difficiles à cause de la pandémie de coronavirus. Ce cours historiquement très bas des cours du pétrole n’a fait qu’accentuer cette tendance à la hausse des volumes importés.
Facteurs conjoncturels
Pour les marchandises solides (produits non pétroliers), sur une prévision de 125,516 milliards Fcfa, la Douane a réalisé sur les marchandises solides la somme de 95,036 milliards Fcfa, au compte du 1er trimestre 2020, soit un taux de réalisation des prévisions de 75,7% et un gap négatif de -30,480 milliards Fcfa. Par rapport à l’objectif annuel sur les marchandises solides (Pnp), il se dégage un taux de réalisation des recettes de 18,2%.
Comme les produits pétroliers, ceux non pétroliers ont subi aussi des facteurs conjoncturels moins favorables, notamment ceux liés à la morosité de l’activité économique faisant surtout suite à l’insécurité qui règne dans certaines parties du pays. Il y a eu des effets directs et indirects, voire collatéraux.
Pour les effets directs, il convient surtout de retenir que les trois régions du nord ainsi qu’une partie de celles du centre et du sud qui, jusque-là échappaient à l’emprise de l’insécurité, sont de nos jours dans le rayon de l’insécurité. La morosité économique née de cette situation d’insécurité ayant entrainé dans bien de cas des changements dans la structure des importations, certains produits pourvoyeurs de recettes (cigarettes, machines, appareils et matériels mécaniques) sont moins importés.
Pour les effets collatéraux, il faut retenir principalement les infiltrations frauduleuses à partir des zones d’insécurité.
Dépendance de l’évolution de la pandémie et du climat sécuritaire au Mali
S’agissant des perspectives de recettes de la Direction générale des douanes au 2è trimestre 2020, rappelons que les objectifs sont fixés par la Loi de Finances 2020 à 183,393 milliards Fcfa, dont 49,210 milliards Fcfa sur les produits pétroliers et 134,183 milliards Fcfa sur les produits non pétroliers. L’amélioration des prélèvements fiscaux sur les produits pétroliers, occasionné par la Covid-19, se poursuivra au 2ème trimestre 2020. Il faut craindre donc la baisse des volumes TTC combinée au ralentissement de l’économie suite à la Covid-19.
Ce qui fait que les perspectives restent très dépendantes de l’évolution de cette pandémie, du climat sécuritaire, en un mot de la demande de consommation et d’investissement privée et publique car une accalmie du climat sécuritaire permettra à la Douane d’étendre son champ de contrôle pour un meilleur maillage du pays.
Amadou Bamba NIANG
Source: Journal Aujourd’hui Mali