Maraba Traoré participe à cette activité annuelle depuis très petite. Si beaucoup de gens ont indiqué la rareté du poisson cette année, cette demoiselle semble ne pas faire ce constat. Elle s’est réjouie de ce qu’elle a obtenu durant cette seule journée. Selon elle, c’est une occasion pour un grand nombre de la population de satisfaire son appétit en poisson : « Tout le monde a un objectif durant cette pêche. Ce que nous trouvons est destiné à la famille afin que chacun se régale bien à la maison », a-t-elle fait savoir.
Souleymane Diarra, quant à lui, est présent, comme tant d’autres, sur les lieux en tant que spectateur. Ce résident malien à l’étranger profitait de son congé au bercail pour contempler cette scène. Assister à ces genres de spectacle fait du bien. « Voir tout ce beau monde dans la boue en train de travailler est vraiment admirable », a-t-il indiqué. Selon lui, c’est très noble de se salir pour 5000 FCFA que de toujours voler pour être propre.
Tout en signalant l’insuffisance de poissons comparativement à l’édition de l’année dernière, ce jeune homme de 19 ans du nom de Ibrahim Cissé a également trouvé que cette pêche est une bonne initiative pour la population. En plus de l’insuffisance du poisson signalée par tout le monde, ce jeune homme a ajouté que les poissons étaient également trop petits par rapport à l’année dernière. Une information qui sera confirmée par Mamadou Traoré, responsable du service en charge de la pêche de Kati. En tant qu’ancien chef d’antenne de ce service durant plus de sept ans à Kalaban Coro, M. Traoré a fait savoir que cette rareté du poisson est proportionnée à la baisse du niveau des eaux dans la mare. Cela, pas en tant que conséquence de la mauvaise pluviométrie, mais à cause des activités d’exploitation de sable ainsi que le maraichage à cet endroit. En plus du remplissage des cours d’eau qui alimentent cette mare par les camions-bennes en quête de passage, ce responsable a indiqué que les activités de maraichage contribuent également à rétrécir davantage le lit de la mare.
Pour le chef des pêcheurs professionnels de cette localité, M. Komani Kontao, il est nécessaire de prendre des dispositions urgentes afin de sauvegarder cette ressource naturelle. Devenu responsable, M. Kontao dit avoir entrepris des démarches en vue de transformer cette mare en un lieu de pisciculture par excellence, mais par faute de moyens, cette ambition est restée en plan. À ses dires, le président Amadou Toumani Touré (ATT) avait pris des initiatives dans ce sens en sélectionnant plus de 1000 sources d’eau, dont celle qui est en question, en vue de les transformer en une zone d’élevage de poisson adaptée.
Les circonstances de 2012 ont fait que cela n’a pas pu se réaliser, déplore le chef des pêcheurs professionnels. C’est pourquoi M. Kontao a profité de cette occasion pour lancer un appel à toutes les bonnes volontés qui peuvent les accompagner à réaliser ce projet. À le croire, ce projet permettra non seulement de canaliser l’eau, mais il protégera également les petits poissons jusqu’à la saison prochaine. À ce niveau, le chef des Bozo de la berge du fleuve Niger de Kalaban Coro a rassuré que ce projet n’impacte, en aucun cas, les travaux des autres exploitants de cette source d’eau. Au contraire, dit-il, ça permettra de la mettre en valeur et d’assurer une exploitation plus productive et pérenne. Si ce n’est pas à cause du tarissement rapide d’une grande partie de cette eau, indique M. Kontao, les participants à cette pêche pouvaient atteindre les 500 personnes de toutes les catégories de la société.
Par ailleurs, il a rassuré qu’à partir de cette édition, toutes les dispositions seront prises avec les autorités locales, communales ainsi que le bureau de pêche de Kati et Koulikoro, afin de travailler à améliorer le rendement de cette mare. Selon lui, la commune de Kalaban Coro ne dispose plus d’aucune source naturelle ni de terre cultivable, c’est pourquoi il a clamé la nécessité de préserver et de protéger cette eau qui peut être une véritable source de revenus pour la population.
ISSA DJIGUIBA et MAMADOU DIARRA
Source: Journal le Pays- Mali