C’est l’une des surprises agréables du premier remaniement postélectoral de 2018 que signent le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar Kéïta, et le Premier ministre, SEM Soumeylou Maïga, deux hommes politiques nôtres de haute stature et de large carrure, praticiens chevronnés de l’arène qui ont une excellente connaissance de la Politique et des Hommes. A cet égard-là l’un et l’autre ont assez pratiqué ce jeune talent politique pour savoir la valeur ajoutée qu’il peut apporter au Gouvernement d’un pays éprouvé, de surcroît au Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine qu’il dirige désormais.
Et au grand bonheur du peuple, bon connaisseur de Yaya Sangaré qu’il salue comme son « digne fils » ; lequel «s’est levé quand il s’est levé et s’est assis quand il s’est assis». En fait, le nouveau promu a toujours siens ces mots du Capitaine Thomas Sankara du Faso : « Je préfère un pas avec le peuple que cent pas sans le peuple » ! Ce qui ne saurait surprendre, selon des proches qui voient en l’homme « un enfant du Wassoulou nourri à la sauce délicieusement affectueuse de sa famille »; lequel «ignore pratiquement la haine ». Aussi, cet amour de l’autre se déploie-t-il bien dans le sourire d’éternel adolescent que distille bon an, mal an ce Peul. A coup sûr, ce sourire qui a désarmé plus d’un vaudra toujours ; du moins, en Afrique, terre au fond très humaine, de surcroît auprès d’une diaspora malienne parfois férue de traditions maliennes valeur!
Mais pour prendre en charge ce département à la fois symbolique et stratégique voire géopolitique, il va falloir plus qu’un sourire, même suave !
Cela, l’homme le sait très bien, pour avoir côtoyé les Maliens de l’Extérieur. D’abord, dans les allées du pouvoir. Yaya Sangaré ayant aussi grandi à l’ombre d’éminentes personnalités de la 3ème République. Une proximité d’ailleurs surprenante, à priori ; en ce sens que cet héritier, comme son bien-aimé père, aurait très bien pu s’expatrier en Côte d’Ivoire, y faire fortune, notamment, dans le transport et le commerce de noix du Soudan (cola).
Nonobstant, Le Souverain Omnipotent (en Lequel El Hadj Yaya Sangaré croit ferme, dès ses jeunes années) Fait ce qu’Il Veut ! Ainsi, A-t-Il envoyé le jeune Sangaré d’alors à l’école, par les bons soins des siens qui ne seront nullement déçus. D’autant que leur enfant ne tarde pas à leur faire honneur en obtenant, en 1976, le Certificat d’Etudes Primaires(CEP) à Filamana et, en 1979, le Diplôme d’Etudes Fondamentales(DEF) à Yorobougoula.
Ainsi fort de cette base solide, il s’embarque pour Bamako où il décroche en 1983 le baccalauréat malien, en série Sciences Humaines. Ce qui lui donne droit à une inscription à l’Ecole Normale Supérieure du Mali où il se fait remarquer, notamment, par ses professeurs dont la brillante Adam Bâ Konaré ; laquelle dirigera son mémoire de fin d’études portant sur «Samory Touré et le Wassoulou malien». La suite est connue ; puisqu’à la fin de ses études supérieures sanctionnées par une maîtrise en histoire et géographie en 1987, Yaya Sangaré est appelé à servir dans la très mythique Coopérative Culturelle Jamana.
Là, et sous le leadership d’un vrai gentleman nommé Hamidou Konaté, le jeune historien-géographe s’adapte assez vite à l’historique univers de la communication. Il y fait même carrière, car le voilà Directeur l’Imprimerie Jamana de 1991 à 1993. Année qui le voit partir pour Koutiala, y prenant la tête de la toute nouvelle radio Jamana. Tâche pas trop facile sur un terrain déjà investi par la radio Kayira. D’autant qu’en ce début de la présidence konaréenne, la concurrence est rude entre médias de la majorité présidentielle et médias de l’opposition, respectivement incarnées par les chaines des radio Jamana et Kayira. De part et d’autre, l’on sait que la victoire passe aussi par la formation des cadres. Jamana ne lésinera pas sur les moyens, envoyant là où il faut ses cadres dont Yaya Sangaré, justement !
Celui-là va ainsi effectuer de nombreux voyages d’études au Sénégal et en Guinée Conakry. Ses études le conduiront également au Burkina-Faso dont le Centre International d’Études en Radio Rurale (Ouagadougou) lui a décerné en 1995 un Certificat en production radiophonique. Yaya Sangaré se formera également aux USA et au Canada ; sans oublier la France dont l’Institut National des Arts(Paris) lui délivre en 1997 un Certificat, en Gestion des radios de proximité. Si bien que le jeune directeur n’aura pas trop de difficultés à s’imposer, avec au bout du compte une belle notoriété pour la jeune radio Jamana.
Sa mission de Koutiala terminée en 1999, Yaya Sangaré rentre à Bamako, où il accède au titre de Coordinateur principal du réseau des radios de proximité de la Coopérative Multimédia Jamana. Une consécration pour ce brillant cadre de la CMJ qui se hisse à la tête de l’Association Mondiale des Artisans de Radiodiffusion Communautaire (AMARC- Zone Afrique), siégeant à Johannesburg en Afrique du Sud, en 2001.
Et son expertise avérée est telle qu’il est aussi distingué Vice-président de l’Association Mondiale des Artisans de Radiodiffusion Communautaire (AMARC – International) basé à Montréal, au Canada. Il cumule ainsi ces deux mandats sur la période de 2001 à 2005. Il aura également dirigé de 2004 à 2007 l’Union des Radiodiffusions et Télévisions Libres du Mali (URTEL).
C’est donc un communicateur aguerri qui se présente aux élections législatives maliennes de 2007 et l’emporte, à Yanfolila. Circonscription électorale l’ayant ainsi élevé à l’honorable rang de Député à l’Assemblée Nationale du Mali. Une confiance en lui renouvelée en 2013. L’élu national aime la fonction et y excelle même. Mieux, l’Honorable y rayonne, faisant, dès 2008, son entrée historique au Parlement de la CEDEAO dont il dirige la commission Santé et Services Sociaux, de 2008 à 2011. La même année, l’institution régionale le porte à la tête de sa Commission Éducation, Sciences, Technologies, Jeunesse, Sports et Culture. En 2012, l’Honorable Sangaré décroche un MBA en Communication, Média et événementiels de l’École Supérieure de Gestion de Paris (section délocalisée à Bamako). Ses compétences ainsi renforcées, l’homme achève son mandat en 2015. Année qui marque aussi le début d’un nouveau mandat de quatre ans au sein du Parlement régional. L’institution ouest-africaine lui ayant confié la présidence de sa Commission Affaires Politiques, Paix, Sécurité et Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs du Parlement commun.
En somme, une belle décennie au service de l’Intégration Africaine dont il aura profité ! Tant pour se rapprocher davantage de ses autres frères et sœurs d’Afrique que pour renforcer ses liens fraternels avec ses compatriotes. Autant de réseaux encore actifs dont la confiance, l’estime et l’amitié lui seront d’un apport inestimable pour réussir sa mission. Cerise sur le gâteau, Yaya Sangaré vient du Wassoulou, zone d’émigration par excellence ! Et, lui a un atout de taille pour lui : il porte le sang d’émigrés maliens! Même si ceux-ci sont désormais rappelés à « Dieu, L’Unique, Le Roi, La Vérité évidente » ! Aussi, est-ce à eux que le fils prodige aura destiné de très fortes pensées pieuses, apprenant sa nomination. Surtout qu’ils furent également de grands hôtes de Maliens de l’Extérieur. Natif de Bouaké, cet enfant d’ici et d’ailleurs est ainsi confronté aux questions liées à l’émigration dès sa tendre enfance.
Voilà pourquoi, certains interprètent sa nomination comme la traduction dans les faits du « parler vrai » et de « l’agir en vérité » que le Président IBK partage avec feu Monseigneur Luc Sangaré. Pour d’autres, cette nomination de Yaya Sangaré traduit plutôt dans les faits ce slogan bien connu des Maliens : « l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut »!
En tous les cas, cette nomination de Yaya Sangaré constitue un témoignage éloquent de toute la confiance que le Président de la République place en ce proche parmi les proches. Du moins, au regard de toute la place de choix qu’occupe le Département des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine dans le cœur du N°1 malien ! Ce Grand panafricaniste devant l’Eternel et incorrigible amoureux de son peuple, Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta étant connu pour les magnifiques années de sa vie passées à l’Extérieur du Mali, où il a aussi exercé le métier d’ambassadeur. C’est dire toute la charge en ce portefeuille ministériel placée ! Charge si lourde que certains se demandent si le tout nouveau ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine peut bien le porter.
Mais Yaya Sangaré est un patriote dans l’âme pour qui le Mali vaut bien tous les sacrifices. L’homme, organisé et assez méthodique, a de l’entregent et de l’énergie. Et, à 54 ans, ce normalien, à la tête sur les épaules, a de l’envergure intellectuelle et du brio. Par conséquent, Yaya Sangaré peut très bien faire une féconde carrière de ministre, et de haute volée !
Seul bémol : ce Wassoulounké bon teint peut aussi se cabrer ! Né le 2 juillet 1964, dans une famille peule dont il hérite l’ambition, l’esprit clair, l’intelligence et la bravoure, le jeune est élevé dans la pure tradition autochtone du Wassoulou qui forge le caractère. Et, même devenu grand, Yaya Sangaré n’est jamais parvenu à se départir de sa force de caractère ; laquelle, au fil du temps, s’est même renforcée. Si bien que Yaya Sangaré reste un homme de principes, imbu de valeurs humaines, morales et intellectuelles. Ses convictions, il les a toujours défendues, contre vents et marées, souvent au prix de l’impopularité, même au sein de son propre camp. La tendance réfractaire de l’ADEMA-PASJ en sait quelque chose ! Elle a, en effet, a assisté, impuissante, aux prises de position conséquentes de l’Honorable en faveur d’IBK alors candidat du peuple !
Cela ne manquera d’ailleurs pas de valoir à Yaya Sangaré caricatures et imputations ; en vérité, ridicules caricatures et injustes imputations ; car, Yaya Sangaré demeure un être fondamentalement libre qui n’a jamais été l’homme lige de qui que ce soit. La triste réalité c’est qu’il en sait trop sur son parti, l’ADEMA-PASJ dont il est membre depuis le début des années 90. Depuis, il ne cesse de se frayer son chemin dans le maquis pas trop sympathique des grands politiciens du Mali. Amer constat que lui le jeune révolutionnaire de mars 1991 ayant grandi à leur ombre sait bien. Au sein du parti, il a vécu l’élection du professeur AOK à la Présidence de la République et la réélection du Président Konaré, en 1992 et 1997 ainsi que la sordide rénovation, la «nomination » présidentielle de 2002 et son remake de 2007. Il en va de même pour les tragédies maliennes de 2011, 2012 et 2013 comme les élections présidentielles de 2013. Autant de faits politiques majeurs dont il a fini par tirer des leçons qui s’imposent, lui, le politique aux attaches paysannes qui a l’esprit pragmatique et est toujours en quête d’une bonne jonction entre idéalisme et réalisme. Ce qui s’appelle exercice permanent de la lucidité dont Yaya Sangaré a toujours fait sien. N’est-il pas historien, géographe et communicateur ? A ce titre, l’intellectuel ne rate aucune occasion de se remettre en cause pour avancer ; et par la réflexion, la culture, l’action et le travail. Les coups bas, les mesquineries et autres veuleries de politiciens de mauvais aloi ayant toujours dérangé l’homme. Au fond, Yaya Sangaré demeure un être vrai, un être éminemment vrai qui ne s’est jamais accommodé du mensonge et de l’hypocrisie.
Aussi, ce membre fondateur du Club Thomas Sankara du Mali s’est-il toujours dressé contre l’intolérable ! A cet égard, ce membre influent de la Commission Défense, Sécurité et Protection civile de l’Assemblée Nationale du Mali reste un excellent allié du peuple. Et, fils de chef peul, lui-même notable du Wassoulou, il saura – tant loyalement qu’efficacement – servir l’Etat dont l’indispensable consolidation passe aussi par « le parler vrai » et « l’agir en vérité » de chaque membre du Gouvernement !
Hawa DIALLO
LA REFONDATION