Le dialogue national inclusif (DNI) s’est ouvert ce samedi 14 décembre 2019, au palais de la Culture Amadou Hampaté Ba, sous la présidence du président IBK. Ses travaux se poursuivre depuis hier au Centre International de Conférences et vont durer une semaine avec l’objectif de dégager des pistes solutions à la crise que traverse le Mali depuis 2012. Il s’agit d’un donc d’un tournant historique, dont la cérémonie d’ouverture a mobilisé les membres du gouvernement au grand complet autour du Premier ministre, ainsi que tous les autres présidents d’institution et des diplomates accrédités au Mali.
L’événement a tout autant mobilisé dans les rangs des forces politiques, des leaders religieux et traditionnels, des chefs culturelles et de cultes, tandis que les composantes principales de l’opposition ont manqué à l’appel – en dépit des concessions faites par IBK lors de son adresse à la nation le novembre dernier. Et contrairement à la conférence d’entente nationale, le président IBK n’a pas jugé nécessaire d’appeler son jeune frère de l’opposition à prendre le train en marche. Il s’est visiblement suffi de la présence des groupes armés à l’instar dont la CMA à travers qui le Dialogue gagne un peu plus en légitimité quoique l’inclusivité absolue soit faussée par l’absence de l’opposition qui en devient du coup l’alibi de sa non-participation. Du reste, ses raisons fondées sur le caractère non-inclusif du DNI ont été bâties en brèches par le porte-parole du Triumvirat, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, qui, dans son exposé introductif est revenu de long en large sur les énormes efforts abattus en vue d’associer l’ensemble des composantes de Nation malienne au processus.
«Le triumvirat, assisté du président de la commission d’organisation, a engagé des concertations avec toutes les forces vives de la nation», a-t-il mentionné en précisant que la démarche a concerné les anciens chefs d’Etat, d’anciens présidents d’institution dont des Premiers ministres, des notabilités coutumières et religieuses, de représentants de faîtière patronat et d’organisations syndicales et de diverses de la société, des représentants de groupes armés signataires ou non de l’Accord issu du processus d’Alger. La démarche du triumvirat, selon son rapporteur, a également consisté à animer trois conférences de presse pour expliquer à l’opinion sa mission, les enjeux et l’état d’avancement du Dialogue. Et ce sont les suggestions et propositions des nombreuses composantes qui ont servi à l’élaboration des termes de référence du DNI valides lors d’un atelier auquel a pris part la majorité des partis et regroupements de partis politiques, d’associations syndicales et de la société civile, la légitimité traditionnelle, les associations et regroupements religieuses. Ce processus participatif, a-t-il rassuré, sera de mise même après les travaux, avec un mécanisme indépendant de suivi et évaluation dont le format et la composition seront déterminés. Et le président de la commission d’organisation, Cheick Sidi Diarra, d’enchainer en soutenant le fruit du labeur abattu lors des concertations est la preuve que « l’exercice en valait la peine». Et pour cause, lesdites concertations auront réuni des milliers de Maliens et donné lieu à l’adoption de 32 451 résolutions et recommandations à l’intérieur et 282 à l’extérieur, toutes expressives les unes que les autres de craintes et aspirations de la Nation malienne.
Le décor ainsi planté, il est revenu au président IBK d’entretenir les participants sur la portée de l’exercice ainsi que sur les grandes attentes que le peuple malien y fondent. Le chef de l’Etat s’y est pris avec une posture quelque peu mitigée quand il choisit d’éluder royalement l’absence de tendances politiques entières, mais avec beaucoup de hauteur quand il magnifie la participation discrète de certaines figures historiques avec lesquelles ses rapports n’ont jamais été aussi mielleux et sans lesquelles le dialogue national serait sans doute un vain exercice. C’est le cas d’Alpha Oumar Konaré et de Amadou Toumani Toumani Touré qu’il a gratifiés de dithyrambes au même titre que Modibo Keïta, Dioncounda Traoré en passant par Moussa Traoré. C’est au nom de la nécessaire union sacrée – qu’il appelle de tous ces vœux à coups de maximes et de rappels de sagesses – qu’IBK a poussé la flexibilité et l’ouverture au point d’associer à ses appels du pied les composantes les plus infréquentables de la nation. Ainsi, pourvu que le Dialogue permette d’enclencher les bouleversements dans lesquels l’ensemble des concitoyens se reconnaissent, il ne lui paraît assez incongru que la justice s’appelle charria au Mali. C’est visiblement la formule trouvée pour un clin d’œil aux adeptes maliens de l’islamisme si indispensables au processus de la paix. L’allusion contraste certes l’évocation d’une «guerre de libération nationale» contre l’obscurantisme, mais elle ne laissera indifférents ni les concitoyens qui doivent leur cohabitation à la laïcité ni les forces qui accompagnent le processus de réhabilitation de la démocratie malienne.
Pour le reste, le président de la République en a profité pour fixer les grande lignes d’un exercice devant consister, à ses yeux, à diagnostiquer les maux de la patrie et qui a vocation à servir de creuset de solutions a même de jeter les bases d’un souffle refondateur, d’un nouveau départ pour sa démocratie, d’adaptation de ses institutions, de redressement de sa gouvernance et de consolidation du vivre en commun.
Aussi IBK n’a-t-il pas manqué de réitérer son engagement de donner suite aux résolutions qui vont se rapporter toutes ces questions mais sans piper mot, de la même façon que l’opposition a été ignorée, sur un sujet aussi délicat que les modalités de relecture de l’Accord. Autant dire que l’issue du Dialogue National Inclusive pourrait ne pas manquer d’offrir aux absents une justification supplémentaire de leur posture.
A KEITA
Source: Le Témoin