Le général nigérien remplace le Mauritanien Hanena Ould Sidi. De nombreux défis l’attendent à la tête de cette force créée pour lutter contre les djihadistes.
Jusque-là chef d’état-major adjoint de l’armée de terre du Niger, le général nigérien Oumarou Namata Gazama a été nommé nouveau commandant de la force anti-djihadiste du G5 Sahel, succédant au général mauritanien Hanena Ould Sidi, en poste depuis juillet 2018. À 56 ans, cet homme présenté par la presse panafricaine comme la crème de l’armée nigérienne arrive juste avant la tenue, en septembre prochain à Ouagadougou, d’un sommet extraordinaire consacré à la sécurité dans les quinze États de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Choisi par le président du Niger et président en exercice de la Cedeao Mahamadou Issoufou, il a la lourde tâche de remobiliser la force conjointe anti-djihadiste en perte de vitesse surtout depuis que son poste de commandement à Bamako est l’objet de vives manifestations de la part de la population civile.
Qui est Oumarou Namata Gazama ?
Né en 1963 à Koutoubou, dans la région de Dosso, Oumarou Namata Gazama a gravi tous les échelons de simple soldat à officier de cavalerie depuis 1985. Après des cours de perfectionnement des officiers en France, puis différentes formations en Chine et stages à l’école de guerre au Nigeria, il a été promu général de brigade en janvier 2017, avant d’être nommé chef d’état-major adjoint de l’armée de terre du Niger en janvier 2018. « Il a fait du bon boulot dans la lutte contre Boko Haram », a commenté une autre source sécuritaire. Son principal fait d’armes : avoir lancé l’une des plus grandes offensives meurtrières contre le groupe Boko Haram en tant que chef d’état-major tactique de la zone de défense n° 5 de Diffa, rapporte la presse locale.
Ce changement à la tête du G5 Sahel intervient alors que la force conjointe reprend le chemin du terrain face aux terroristes. Avec pas moins de cinq opérations depuis le début de l’année, a indiqué à l’AFP et RFI son actuel commandant, le général mauritanien Hanena Ould Sidi. « Entre les opérations planifiées, nous menons des actions ponctuelles de contrôle de zones, de patrouilles afin de garder un contact permanent avec les populations. Pour les rassurer, leur faire passer un message, leur dire que nous sommes là pour les protéger, les aider », a-t-il expliqué. « La confiance pour nous est très importante, car nous considérons qu’elle constitue l’enjeu réel de la lutte contre les terroristes. Nous tenons à gagner leurs cœurs et leurs esprits. Quand nous aurons atteint cet objectif, je considère que nous aurons gagné la guerre », a-t-il dit.
Quelle est sa mission ?
De source gouvernementale française, on confiait récemment espérer que le changement de commandement de la force du G5 Sahel s’accompagne d’une « relance des opérations de la force conjointe », au ralenti ces derniers mois. « Sinon, il sera difficile d’obtenir la mobilisation internationale » autour de ce dispositif régional. Le G5 Sahel, structure à deux faces alliant développement d’un côté et sécurité de l’autre, est constitué de cinq États du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) avec l’appui de la France, qui conduit dans la zone l’opération Barkhane contre les djihadistes.
Où en est la force conjointe sur les plans techniques et financiers ?
Après une lente montée en puissance, la force, qui doit atteindre 5 000 hommes à pleine capacité, avait connu un coup d’arrêt avec l’attaque de son quartier général de Sévaré, dans le centre du Mali, en juin 2018. Le QG a ensuite été transféré à Bamako. Les cinq Etats ont parallèlement relancé les appels à la communauté internationale pour que les quelque 420 millions d’euros de dons promis à la force soient versés. « Nous sommes en discussion avec nos partenaires et il y a de l’argent frais annoncé par les Européens, et nous allons travailler avec les fonds arabes pour délimiter et préciser ce qu’ils vont faire », avait déclaré, fin janvier dernier, le secrétaire permanent du G5 Sahel, Maman Sambo Sidikou. « On est à plus de 4 000 hommes, mais les équipements majeurs manquent encore et tardent à se mettre en place », a déploré le général Ould Sidi, sans préciser lesquels.
Selon des diplomates, le financement de la force, longtemps problématique, bénéficie de premiers décaissements. « La pompe est enclenchée », selon l’un d’eux. Le coût de la création de la force a été estimé à quelque 400 millions d’euros avec un budget de fonctionnement annuel évalué à 90-110 millions d’euros. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a appelé lors du sommet de l’Union africaine début juillet à la formation d’une « coalition internationale » sur le modèle de celle qui a lutté contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie. À défaut, il a demandé aux Nations unies et à la communauté internationale de donner plus de moyens au G5.
Source: Le Point Afrique