Sur le petit écran passe la campagne de sensibilisation destinée à bien ancrer l’arbre de la réconciliation nationale sous lequel les parties prenantes vont allumer le calumet de la paix. Excellente initiative visant à enterrer définitivement la hache de guerre. Vue sous cet angle, elle mérite d’être saluée. Il y a un hic cependant…
Les comédiens qui animèrent ladite campagne sont ceux du groupe ACTE SEPT : Sensibilisation Education et Promotion Théâtrale. Bien sûr, ils ont bien joué leur partition sur le décryptage de la ‘’Commission Vérité-Justice – Réconciliation (CVJR), en bamanankan, grâce à leur professionnalisme certain.
Seulement voilà, le tableau est assombri par une fausse note: au moment de saluer la montée des couleurs, des voix ont entonné l’hymne national du Mali, tenez-vous bien !- pas en Bamanankan, mais plutôt dans la langue de Molière !
Comme un cheveu dans la soupe, cela n’est passé inaperçu, lorsque l’on sait que l’hymne du Mali a bel et bien été traduit en bamanankan depuis les années 1980 par le regretté Abdoulaye Barry, ancien directeur de la Direction Nationale de l’Alphabétisation Fonctionnelle et de la Linguistique Appliquée (DNAFLA).
De deux choses l’une, cet impair commis pourrait être mis sur le compte de l’oubli ou de la méconnaissance. Le recours à la version bamanankan de l’hymne aurait conféré plus de saillie à la campagne de sensibilisation.
Quid de la CVJR ?
Un bref rappel historique permet de mieux comprendre l’intérêt de ce sigle. Début les années 1990, au crépuscule du régime ultra-raciste et ségrégationniste, les deux Prix Nobel de la paix, Nelson Mandela et le Président Frédéric De KlerK, ont concocté et appliqué une action pacifique, à travers la Commission Vérité- Justice. Cela afin d’éviter à l’Afrique du Sud de sombrer dans le chaos irréversible. Mandela lui-même est devenu un exemple à suivre, puisqu’il a pardonné à ses geôliers et à leurs commanditaires, pour sa privation de liberté durant plus d’un quart de siècle. La Commission Vérité- -Justice a incité les bourreaux à faire amende honorable, tout en se confessant et en se repentant.
Quant aux victimes de l’Apartheid, magnanimes qu’ils furent, ils acceptèrent de leur pardonner. C’est ainsi que la nation Arc-en-ciel échappa à l’apocalypse social qui était en gestation.
Notre mère-patrie, le Mali, est encline à la duplication de cette expérience sud-africaine vertueuse. Cette expérience, qui nous rappelle une logique de domino, est survenue dans une poignée de pays africains.
Mohamed Koné Correspondant à Kadiolo
Le Challenger