Les listes d’orientation des détenteurs du Diplôme d’études fondamentales (DEF) de la session de 2016 ont été publiées le 10 octobre dernier et sont disponibles sur le site web du ministère de l’Education nationale à l’adresse : www.education.gouv.ml. Ils étaient, cette année, 66.615 élèves admis parmi lesquels 63.431 réguliers orientés, soit 95,22% des admis. Le ministre de l’Education nationale, le Pr Kénékouo dit Barthélemy Togo, a décidé de donner la priorité aux lycées publics du pays avant d’orienter des élèves dans les établissements privés. Si cette décision a été saluée au niveau du secteur public, les responsables de l’Association des écoles privées agréées du Mali (AEPAM) grincent des dents.
Précisant que les écoles privées éligibles n’ont pas reçu d’élèves, le secrétaire général de l’AEPAM, Abdoul Kassoum Touré, a admis que l’éligibilité ne veut pas dire que l’Etat est obligé d’orienter des élèves dans le privé, selon la loi qui régit l’enseignement privé dans notre pays. L’Etat le fait par principe. « De la même manière, aucun établissement privé n’est aussi obligé d’accepter les élèves de l’Etat », a-t-il martelé. Il a ensuite fait remarquer que les lycées ‘Castors’, ‘Ecovie’ et le groupe scolaire ‘Les Cimes’ n’ont jamais reçu d’élèves du public. Et pourtant, ces établissements enregistrent de très bonnes performances.
Cependant, dans un cadre partenarial, l’Etat ne pouvant pas absorber tout le flux d’élèves admis au DEF se voit dans la nécessité de recourir au service du secteur privé. D’où la notion d’établissements scolaires éligibles. Pour qu’un lycée privé soit éligible à des élèves du public, « il doit être performant, avoir les textes, un encadrement administratif et pédagogique, un cadre de vie, des ressources financières pour son fonctionnement ». Le président de l’AEPAM a constaté que certains lycées privés n’ont pas rempli toutes ces conditions. C’est pourquoi, cette année, ces établissements n’ont pas reçu d’élèves orientés par l’Etat. Abdoul Kassoum Touré a, par ailleurs, révélé que des élèves ont été orientés dans des écoles « fermées et inexistantes ». Rappelant que la capacité des lycées est de 50 élèves par classe, M. Touré a estimé que plusieurs lycées publics, dont il s’est retenu d’énumérer les noms, (estimant que l’Etat les connait tous) ont dépassé leur capacité d’accueil et ont des surplus d’effectifs. Pour lui, l’Etat doit être à mesure de prendre des sanctions contre ces pratiques.
Notre équipe de reportage s’est rendue dans deux lycées publics de Bamako, «Askia Mohamed», «Mamadou Sarr» et un lycée parapublic, «Prosper Kamara». Le lycée Askia Mohamed a accueilli 1288 élèves détenteurs du DEF cette année. Ces nouveaux lycéens, reçus dans l’établissement le 11 octobre dernier, ont été répartis entre les 15 classes de 10è année. Les cours ont débuté pour les 10è depuis le mercredi 19 octobre dernier. Les inscriptions de ces nouveaux arrivants se poursuivent. A la date du 26 octobre, le lycée Askia Mohamed était à 800 inscrits, a indiqué le proviseur Mamadou Dembélé dont l’établissement connait une pléthore dans les classes de 10è. Les classes de 10è année comptent chacune 50 à 57 élèves. Proposant de revenir à un effectif de 40 à 45 élèves par classe, M. Dembélé a tout d’abord souhaité la réhabilitation des salles de classe.
Le lycée Prosper Kamara avait prévu de la place pour 206 détenteurs en raison de 50 élèves par classe en moyenne, contre 639 élèves orientés par le ministère de l’Education nationale. Avec des transferts de certains élèves dans d’autres lycées, rassure le proviseur Noël Traoré, plusieurs élèves ont pu être répartis dans les 14 salles de classe de 10è.
Quant au lycée Mamadou Sarr, il a reçu 657 élèves orientés. Ces « bleus » ont été répartis entre les 11 salles de classe de 10è année en raison de 60 élèves par salle. Le proviseur Abdrahamane Abdou Maïga a rassuré que, même sans les cas de transferts, son établissement peut gérer le flux de 657 arrivants. Le chef de la Cellule d’appui à la décentralisation et à la déconcentration de l’éducation (CADDE), Sahaloum Ould Youbba, assure que la politique nationale de construction des lycées publics, chaque année, à travers le pays, est appliquée. Dans le cadre de la mise en oeuvre de cette politique, il est prévu, au cours de l’année scolaire 2016-2017, la construction d’un lycée public à Baraouéli, Tominian (Région de Ségou), Djénné (Région de Mopti) et Gourma-Rharouss (Région de Tombouctou).
A cela s’ajoute la rénovation et la réhabilitation du lycée « Bouillagui Fadiga » déjà réalisées. Le chef de la CADDE a révélé que des études d’adaptation des plans des lycées de Nara, Niamana (Région de Koulikoro), Mandiakuy (Région de Ségou) et l’Académie d’enseignement (AE) de Nioro du Sahel (Région de Kayes) sont en cours. Sahaloum Ould Youbba a, enfin, annoncé que toutes ces structures scolaires seront construites courant 2017.
S. Y WAGUE
Source : L’ Essor