Ils étaient nombreux à assister à l’exercice d’appropriation pédagogique du projet de Constitution à l’initiative d président du CNID, Me Me Mountaga Tall, le samedi 3 juin 2023 au CICB. Notamment, plusieurs ministres dont celui de la Refondation de l’Etat, Ibrahim Ikassa Maïga ; du premier vice-président du CNT, Assarid Ag Imbarcaouane ; des légitimités traditionnelles, coutumières ; des chefs religieux de toutes les confessions ; des responsables politiques…
Me Tall a expliqué, au total, 10 questions/réponses et en langue bambara, sur les différentes préoccupations des Maliens qui se trouvent dans le projet de constitution. Me Mountaga Tall dira que la nouvelle constitution a certes des imperfections comme toutes les constitutions du monde, mais elle comporte plusieurs avancées : « Une Constitution n’est jamais parfaite : nul, y compris ses initiateurs, ne peut en être entièrement satisfait ni en être totalement insatisfait. Elle ne peut non plus régler tous les problèmes d’un pays en un instant T… Au demeurant, le projet de constitution, comme celle de 1992, ne sera que ce qu’en feront les Maliens, gouvernants comme gouvernés. Les premiers en faisant preuve de vertu républicaine et démocratique et les seconds, en jouant leur rôle de sentinelle vigilante».
Pour le président du CNID-Faso Yiriwa Ton, la nouvelle constitution ne rejette pas l’ancienne, mais la complète. « La nouvelle constitution veut tenir compte des aspirations actuelles des Maliens », a-t-il dit.
Est-ce qu’une constitution peut être mise en place par un pouvoir transitoire ? La réponse est sans équivoque, selon Me Mountaga Tall : « La constitution de 1992 a été mise en place lors d’une transition. Celle de 1974 a été mise en place lors d’un régime d’exception. En plus, le référendum est une recommandation des Assises nationales de refondation tenues en décembre 2021 à Bamako ».
Quid de la laïcité dans la nouvelle constitution ? Pour Me Mountaga Tall, l’Etat laïc n’est pas irréligieux mais il n’est pas non plus fondé sur une seule religion. « Ainsi, l’Etat laïc ne doit pas rejeter les religions : ceci est le fait d’un Etat irréligieux comme Cuba jusqu’en 1992 ou d’ailleurs l’athéisme d’État a été aboli et remplacé par la laïcité ou de certaines anciennes démocraties populaires. L’Etat laïc n’est pas non plus gouverné sur la base d’une seule religion comme l’Arabie Saoudite ou la Mauritanie… La laïcité, c’est le respect de toutes les religions », a-t-précisé.
A en croire le président du CNID, contrairement à ce qu’on veut faire croire aux Maliens de l’extérieur, ils ont une place importante dans la nouvelle constitution : « Tout le monde connaît l’apport des Maliens de l’extérieur au Mali. Ils peuvent occuper tous les postes de responsabilité au Mali, mais il y a des gens qui veulent les faire croire qu’ils ne peuvent pas être président parce qu’ils ont une double nationalité. Et pourtant, il y a une grande différence entre avoir la double nationalité et être un malien de l’extérieur. Il y a beaucoup de Maliens qui résident au Mali et qui ont la double nationalité ».
La lutte contre la corruption ? Me Mountaga Tall estime que plusieurs mesures ont été consignées dans le projet de nouvelle constitution. « La cour constitutionnelle ne peut plus falsifier les résultats. Le président de la République, celui de l’Assemblée nationale, du sénat et le président du Haut Conseil Économique et Social peuvent être démis de leurs fonctions s’ils ne font pas correctement leur travail. En plus, si le président trahit son serment, il sera poursuivi par les juridictions compétentes », a-t-il déclaré.
Me Tall ajoute : « L’affirmation selon lequel le mariage ne se fait qu’entre un Homme et une Femme, ce qui exclut les mariages homosexuels.
Il faut préciser, contrairement à une déduction erronée, que cette disposition très bien accueillie par les Maliens, ne remet nullement en cause le principe de la polygamie défini dans le Code des Personnes et de la Famille. Et les autorités et légitimités traditionnelles sont institutionnalisées, en tant que sénateurs (article 97) ».
Pour lui, la nouvelle constitution met un accent particulier sur la valorisation des langues nationales et donne une place de choix aux légitimités traditionnelles.
« Contrairement à l’ancienne constitution, la nouvelle est plus facile à modifier. Elle met l’accent sur l’égalité, l’équité entre les Maliens. Elle insiste sur l’amour du pays et l’unité entre les Maliens. Il faut aussi signaler que le rejet de la constitution ne signifie pas qu’on n’aime pas le Mali. Nous devons tout faire pour ne pas être divisés autour de cette nouvelle constitution, car le pays fait face à des nombreux défis qui demandent l’union des Maliens », déclare-t-il.
Mohamed Sylla
Source: L’Aube- Mali