Le gouvernement du Dr. Boubou Cissé a été dévoilé le 5 mai 2019. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une équipe éléphantesque de 38 membres, qui comprend des personnalités issues aussi bien de la majorité que de l’opposition.
On note l’entrée de Tiébilé Dramé qui a été l’ex-directeur de campagne de SoumaïlaCissé à la dernière présidentielle. C’est à lui qu’échoit le perchoir des Affaires étrangères. On note aussi la présence, dans ce nouveau gouvernement, d’un proche du général putschiste Amadou Sanogo. Il s’agit de l’ex-chef d’état-major des armées, le général Ibrahim Dahirou Dembélé, qui avait vu son contrôle judiciaire levé en 2018 ; ce qui lui avait valu de réintégrer l’armée en qualité d’inspecteur général. C’est lui qui dirige désormais le département de la défense.
En tout cas, pour une ouverture, c’en est une et on comprend pourquoi la nouvelle équipe gouvernementale a tardé à être dévoilée. Ainsi donc, on peut dire que «l’accord de gouvernance» signé le 2 mai dernier, entre la majorité et une partie de l’opposition, vient d’être mis en œuvre. Mais comme on le sait, le tout n’est pas de former un gouvernement.
Boubou Cissé ne bénéficiera pas d’état de grâce. Il faut qu’il soit à la hauteur des défis auxquels fait face le Mali où en plus du terrorisme, les conflits communautaires ont gagné du terrain. Comme en témoigne la tuerie d’Ogossagou où près de 160 civils, essentiellement des Peuls, ont été littéralement massacrés. Ce qui a valu d’ailleurs la démission du Premier ministre Soumeylou BoubèyeMaïga, accusé d’incapacité à assurer la protection des populations mais aussi des militaires.
Cela dit, Dr. Boubou Cissé réussira-t-il là où son prédécesseur a échoué ? On attend de voir. Car, comme on le dit, c’est au pied du mur que l’on reconnaît le vrai maçon. Mais une chose est certaine :les attentes du peuple malien sont si nombreuses qu’il ne bénéficiera pas d’état de grâce. Il doit aller au charbon pour que le Mali, à défaut de retrouver sa quiétude d’antan, ne demeure pas un sanctuaire pour terroristes.
Paul Dembélé
Nouvelle Libération