34 membres contre 32 dans la précédente équipe, 7 départs contre 9 entrants, le président de la République, sur proposition du Premier ministre, vient de donner un coup de jeune au gouvernement. Si ce troisième remaniement de l’ère Modibo Kéita voit la plupart des entrants de petite aura, la sensation se trouve au niveau des départs avec des grosses pointures mises à l’écart.
C’est le cas de Dramane Dembélé (ancien candidat de l’Adéma) qui était ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat ; Choguel Kokalla Maïga de l’Economie numérique de l’Information et de la Communication ; et surtout le très emblématique Zahabi Sidy Ould Mohamed de la Réconciliation nationale. On ne fait pas l’injure à Frankaly Kéita le ministre de l’Energie et de l’Eau sortant ; Mamadou Hachim Koumaré désormais ex-ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement ; Cheicknè Seydi Diawara des Mines ; ou encore Mme Sanogo Aminata Mallé de la Justice, des Droits de l’homme, Garde des Sceaux.
Au niveau des entrants, les figures emblématiques restent Mamadou Ismaêl Konaté devenu ministre de la Justice, des Droits de l’homme, Garde des Sceaux ; la bouillante Nina Walett Intallou qui est appelée à faire la promotion de l’Artisanat et du Tourisme ; Pr. Tiémoko Sangaré, président de l’Adéma/PASJ appelé aux Mines; et surtout Amadou Koïta devenu ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne. Mais ce qui est étonnant, c’est que les deux premières personnalités étaient déjà investies d’autres missions. Le premier était à la tête du comité des experts pour la révision constitutionnelle et la Nina Walett était membre de la Commission vérité-justice et réconciliation (CVJR).
C’est donc un avocat chevronné qui hérite du ministère de la Justice. Sauf qu’avant lui, le passage d’un autre avocat (Mohamed Aly Bathily Ndlr) y a été très mouvementé avec parfois des bras de fer avec les magistrats.
L’autre enseignement important à retenir, c’est la représentation très manifeste des groupes armés du Nord : la CMA et la Plateforme. La CMA est bien représentée par Nina Walett Intallou alors que la Plateforme a désormais deux représentants officiels : Sambel Bana Diallo à l’Aménagement du Territoire et de la Population et Mohamed El Moctar (ancien ministre d’ATT) à la Réconciliation nationale. Les autres entrants comme le ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement Mme Traoré Seynabou Diop ; Mohamed Ali Ag Ibrahim de la communauté Kel Antessar devenu ministre du Développement industriel ; Malick Alhousseini du Coren nommé ministre de l’Energie et de l’Eau ; Mme Keita Aïda M’Bo ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, sont pour la plupart peu connus du public.
Pour ce qui est de Amadou Koïta, les masques tombent enfin et on sait maintenant pourquoi il a précipitamment quitté l’opposition pour la majorité.
Deux ministres font une permutation : Ousmane Koné quitte l’Environnement, l’Assainissement et le Développement durable pour atterrir à l’Urbanisme et de l’Habitat, alors que Me Mountaga Tall quitte l’Enseignement supérieur pour l’Economie numérique et devient le nouveau porte-parole du gouvernement.
Qu’est-ce qui peut justifier un tel remaniement ministériel ? IBK veut sans doute faire preuve de sa bonne foi dans la conduite du processus de paix. Intégrer les groupes armés dans le gouvernement est une mesure de confiance nécessaire entre les partis.