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Nord du Mali: des pro-rebelles manifestent, la France continue de traquer les jihadistes

Des partisans de la rébellion touareg MNLA, en proie à des divisions, ont saccagé jeudi des bâtiments publics à Kidal, dans le nord du Mali où l’armée française, poursuivant sa traque des jihadistes, a tué plusieurs membres d’Al-Qaïda.

serval nord mali

Ces développements surviennent à 10 jours d’élections législatives censées parachever la fin de la transition politique au Mali, qui a connu 18 mois de crise politico-militaire entre 2012 et 2013, marquée par un coup d’Etat et l’occupation du Nord par des groupes armés.

Le premier tour des législatives est prévu le 24 novembre, et un éventuel second tour le 15 décembre. Mais le pays peine à être sécurisé: les jihadistes ont mené plusieurs attaques ces dernières semaines et tué deux journalistes français à Kidal, fief des rebelles touareg.

Ces événements soulignent le flou entourant le statut de cette ville du désert, devenue une « zone de non-droit » sans réel contrôle, selon plusieurs responsables maliens.

Jeudi en milieu de journée, quelques dizaines de femmes et de jeunes partisans du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) y ont saccagé des bâtiments publics pour protester contre la décision de leurs chefs de quitter certains de ces locaux: le gouvernorat et le siège de la radio-télévision publique ORTM.

Le MNLA, qui les occupait depuis neuf mois, a décidé leur évacuation dans le cadre d’un accord signé en juin avec le gouvernement et pour permettre la poursuite de discussions de paix. Mais les locaux n’étaient toujours pas évacués jeudi après-midi.

Selon des habitants et une source militaire africaine sur place, un sit-in des anti-évacuation débuté en matinée au gouvernorat a dégénéré en violences. Des jeunes ont saccagé et brûlé une partie du gouvernorat, du Trésor public et d’un bâtiment de l’Education nationale proche.

Aucun bilan n’était immédiatement disponible. Les mouvements d’humeur s’étaient calmés vers 14H00 (locale et GMT) et n’avaient pas suscité de réactions de militaires maliens et de soldats de la mission de l’ONU (Minusma) présents dans la ville.

« Nous avions pris acte de la décision du MNLA d’évacuer les locaux du gouvernorat de Kidal et de la radio. Nous prenons acte aussi de ce qui vient de se passer », a réagi le ministre malien des Affaires étrangères, Zahabi Ould Sidi Mohamed.

« Est-ce qu’ils (les chefs du MNLA) arrivent à faire respecter leurs décisions par leurs troupes ou leurs militants? C’est la grande question et les jours à venir vont nous prouver si cette décision politique que le MNLA a eu à prendre, il peut la faire respecter », a-t-il ajouté.

Le MNLA avait repris pied à Kidal après une intervention militaire franco-africaine déclenchée en janvier 2013 – et toujours en cours – qui a permis de chasser des grandes villes les groupes islamistes armés qui occupaient le Nord malien depuis plusieurs mois.

Ces groupes liés à Al-Qaïda avaient profité d’une offensive contre l’armée malienne, déclenchée par le MNLA en janvier 2012, pour prendre avec lui le Nord avant de l’en évincer.

Des jihadistes « neutralisés », au moins trois tués

La France, fer de lance de l’offensive contre les groupes islamistes armés, dispose actuellement d’environ 3.000 militaires au Mali, où elle poursuit la traque des jihadistes.

Selon le chef d’état-major français Edouard Guillaud, ses troupes ont mené dans la nuit de mercredi à jeudi une « opération spéciale » dans une zone désertique, à environ « 200-250 km à l’ouest de Tessalit », plus au nord de Kidal, qui a permis de « neutraliser » plusieurs membres d’Al-Qaïda et de saisir du matériel.

L’amiral Guillaud n’a pas précisé si ces islamistes avaient été capturés, blessés ou tués.

« Au moins trois jihadistes ont été tués », a indiqué une source militaire malienne jointe à Kidal, parlant de « frappes aériennes ».

Les Français sont intervenus dans la nuit après avoir « repéré un convoi de jihadistes vers Tessalit », a précisé cette source, sans plus de détails.

Au Mali, les opérations militaires « ne sont pas encore terminées », la mission commencée dans la nuit « continue et maintenant nous récupérons le matériel qui va +parler+ d’une certaine façon », a précisé l’amiral Guillaud.

En dépit de ces développements sécuritaires, les autorités maliennes ont foi en la tenue des législatives selon le calendrier prévu.

« Les élections législatives auront lieu sur l’ensemble du territoire malien, y compris à Kidal, sans distinction aucune et personne ne peut les empêcher », a assuré le chef de la diplomatie malienne.

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