En ce qui concerne la crise du Nord malien, on se demande de plus en plus souvent à quoi joue la France, l’Algérie cherchant, quant à elle, à bloquer le processus de paix engagé par l’ONU. Une telle question revient avec insistance après les menaces pesant sur le respect de l’Accord de paix d’Alger rendu par ses propres médiations.
Et là, il s’agit de l’application de l’Accord sur le terrain, qui a normalement fixé les limites géographiques de la coopération entre le gouvernement de Bamako et les groupes rebelles. De très sérieuses menaces pèsent en effet sur cette décision rendue pourtant par une médiation internationale et qui n’a rien fait d’autre que rappeler des règles de droit liées à la question du Nord du Mali, établies depuis bien longtemps par la France sans la moindre opposition. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un territoire occupé, et que la Coordination du Mouvement de l’Azawad (CMA) en est l’occupant. Par conséquent, toute action doit s’inscrire strictement dans ce cadre dont la transgression est considérée comme une violation du droit international. En ce sens, la France semble y aller tout droit, cherchant en cela à contourner la décision de la communauté internationale, au nom d’intérêts économiques que la CMA considérera comme un appui à son occupation du Nord du Mali.
La CMA a dévoilé les plus récentes manœuvres, provenant cette fois de la France et visant à renégocier l’application de l’accord d’Alger avec le gouvernement de Bamak, afin d’inclure la création de l’Azawad qui sera un territoire occupé par la CMA, ce qui constitue une violation des résolutions de l’Accord d’Alger et de l’arrêt de l’ONU excluant justement de cet accord la création de l’Azawad. Une ultime «autorité de fait», enrichissant ainsi le langage diplomatique. Ou de faire dans un équilibrisme sans rapport avec la réalité, le peuple du Nord malien vivant sous occupation de l’Azawad. C’est en ce sens qu’intervient la démarche de députés européens mettant en garde la Commission européenne contre toute manœuvre visant à confondre la population du Nord du Mali avec la population de l’Azawad. Celui-ci a été envahi en 2012, et la France de Sarkozy croyait pouvoir y substituer une population à une autre par le simple déséquilibre démographique. Ce que la France ne peut ignorer au moment où des colonies non françaises liées elles aussi au Mali par des accords dits de libre-échange, en ont exclu le territoire de l’Azawad.
Arouna Traoré
Source: Le Nouveau Réveil