Au moment où le Mali affiche ses limites aussi criardes qu’incompréhensibles dans le secteur de la santé, l’on apprend que le feu couve au sein de la société des mines de Sadiola au niveau de la clinique. Motif, Quatorze (14) techniciens supérieurs de la santé sont décidés à user de tous les moyens, afin que leur employeur les remette dans leurs droits. Et pour se faire entendre, ils ont saisi le tribunal de travail de Kayes, qui a fixé la première audience au 12 mars prochain.
Recrutés en mai 2010 par la société des mines de Sadiola (SEMOS-SA), en qualité d’infirmiers d’Etat, infirmiers et sage-femme, ses 14 techniciens de la santé se disent victimes d’une injustice de la part de leur employeur.
En effet, il ressort de la convention collective des sociétés minières que ces agents doivent être en catégorie supérieure, mais tel n’est pas le cas, car les travailleurs concernés sont toujours en catégorie inférieure. Ayant approché à plusieurs reprises les responsables de la société pour réparer cette injustice, ces derniers sont restés sourds à leurs doléances. Et ce, malgré que les responsables syndicaux et délégués de service se sont investis dans le dialogue avec les patrons de la société minière pour mettre ses derniers dans leur droit. Etant tous recrutés par un contrat à durée indéterminé, les quatorze techniciens de la santé, ne pouvant plus subir une telle injustice ont porté l’affaire devant l’inspection de travail de Kayes, qui a débouté la SEMOS, en demandant aux responsables de remettre les techniciens de la santé dans leurs droits. Mais c’est sans compter avec la mauvaise foi de ces derniers, qui n’ont rien à cirer de la décision de l’inspection de travail.
Aucune réponse valable, encore moins un plan ambitieux pour la santé au niveau de la clinique SEMOS n’est envisagé par la direction de l’entreprise. Et pour ne pas arranger les choses, c’est par des menaces de renvoi ou d’intimidation à l’endroit des techniciens de la santé, que la direction à recours. Lassé par ce jeu de ping-pong, les 14 agents de la santé ont décidé de saisir le tribunal pour trancher ce contentieux qui commence à perdurer. Via leur avocat, l’affaire a été portée devant le tribunal de travail de Kayes, où la première audience est prévue pour le 12 mars prochain.
Cette situation au sein de la SEMOS commence à inquiéter plus d’un. Car très bientôt, cette société va mettre plus de 1000 employés dans la rue, car le projet de sulfuré qui devrait augmenter la durée de vie de la mine, n’a pas pu aboutir lors des négociations avec les autorités maliennes.
Le climat social est donc très tendu à la SEMOS et les appréhensions du personnel sont nombreuses. Pourtant tout est loin d’être perdu. Les dégâts consécutifs aux manifestations contre certaines exploitations minières sont suffisamment lourds. Or, ces faits n’ont pas commencé aujourd’hui et ne concernent d’ailleurs pas que le Mali.
Les contestations, qui se sont multipliées ces dernières années sur les différents sites miniers ont causé des dégâts assez considérables aussi bien sur le plan humain que sur le plan matériel. Et tout porte à croire –en tout cas pour l’instant- que la fin de cette tension n’est pas pour demain car ces colères ne vont pas s’estomper de sitôt; tant les intérêts des uns et des autres sont divergents. Un dialogue franc entre employés, employeurs et l’Etat est plus que jamais nécessaire pour éviter que l’exploitation de la richesse du sous-sol n’ouvre la voie à une situation chaotique. On pourra apaiser la grogne, mais un homme affamé et qui plus est, se sent opprimé reste un homme aigri, révolté en attente. Alors que le malheur des uns serve d’exemple aux autres ; car les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Paul N’GUESSAN