À New York lors de la 77ème session de l’assemblée générale l’ONU, le samedi 24 septembre dernier et en réponse à des propos qu’il a qualifiés d’injurieux de la part du Président de la République du Niger Mohamed Bazoum, le Premier Ministre par intérim du Mali, le Colonel Abdoulaye Maiga a, dans un discours attaqué plusieurs responsables africains et étrangers, parmi lesquels, Mohamed Bazoum, qu’il a qualifié dans un passage « d’étranger qui se réclame du Niger ». Des propos qui ont suscités des vives réactions au Niger.
Qui pour saluer, qui pour condamner, qui pour appeler à l’apaisement pour le bien de la fraternité de longue date qui lie les deux peuples. ActuNiger a recueilli quelques réactions des citoyens dans toutes leurs divergences !
Kané Kadaoure Habibou, acteur politique : « Le discours du PM malien est un fiasco !!!
Les autorités maliennes de transition doivent faire attention à ne pas s’instituer en donneurs de leçons au monde entier, à cause bien sûr du soutien aveugle que leur témoigne la jeunesse africaine. Le fond de son intervention ne présente pas un agenda propre aux Autorités Maliennes mais plutôt une série de réponses mal données aux manigances, manœuvres et provocations émises par leurs adversaires qui ont un but bien déterminé. »
Moussa Tchangari, acteur de la société civile, secrétaire général d’Alternative espaces citoyens (AEC): « Au Mali, la France n’aura réussi finalement que deux choses: consacrer la partition de fait du pays et légitimer les militaires qui ont court-circuité l’élan du mouvement populaire et récupérer sa rhétorique anti-impérialiste. Les militaires maliens sont devenus des héros aux yeux de nombreux africains; et nombre de ceux qui, des décennies avant eux, étaient sur les remparts, sont à présent inaudibles. La France n’est donc pas encore en échec total au Mali ; puisque le pays est toujours divisé et les colonels eux-mêmes n’osent pas envisager, en tout cas pour l’instant, le démantèlement des enclaves qu’elle a créées. Le discours du colonel Abdoulaye Maiga à la tribune des Nations unies n’est pas celui d’un régime sûr de lui-même ; il est plutôt l’expression de la psychose et des craintes, légitimes à bien d’égards, qui incitent les tenants du pouvoir à Bamako à jouer leur va-tout.
Enfin, je rappelle à toutes et tous, que même l’opposition politique nigérienne n’a jamais traité le Président BAZOUM d’étranger tout court. Nous avions un moment, estimé qu’il n’était pas « nigérien d’origine », ce qui est radicalement différent d’étranger, parce que initialement tout le monde à un ancêtre venant d’autres cieux.
Ces attitudes contorsionnistes ne sont pas à encourager par la jeunesse africaine. La révolution ne signifie pas la désinvolture, ce n’est pas non plus le droit à la raison de manière universelle ».
Kala Moutari, député , ancien ministre de la défense nationale : « L’acte irrespectueux que le Premier Ministre malien par intérim a posé sur la tribune des Nations-Unies est totalement irresponsable de la part d’un pays avec lequel nous avons des liens séculaires très forts depuis des décennies ! Cette attitude va-t-en-guerre loin de créer un climat apaisé entre nos deux pays, pourrait avoir des répercussions très graves. Le Premier Ministre malien n’a-t-il pas mesuré la gravité de son acte devant les Nations du Monde réunies à l’ONU? Pour nous jeunes socialistes du Niger dont les valeurs cardinales du respect mutuel ont toujours guidé nos actions, nous demandons instamment aux autorités de transition militaire au Mali de présenter leurs excuses officielles au peuple nigérien pour cet acte déplacé d’un personnage qui visiblement n’a aucune vision futuriste pour son pays. Il est indéniable que le peuple malien pour lequel il pense agir ne pourra jamais cautionner cette insulte au peuple nigérien. Le Président nigérien Mohamed Bazoum n’est pas seul dans ce combat pour le respect de notre pays. Tous les socialistes doivent se lever comme un seul homme pour demander le respect de notre pays par les militaires maliens. C’est inadmissible que des individus du genre de Abdoulaye Maiga soient laissés intervenir dans les grandes rencontres pour éviter des précédents diplomatiques dangereux pour la paix et la stabilité de notre sous-région ».
Elhadj Idi Abdou, acteur de la société civile : « C’est dommage ces comportements de nos Chefs d’États de prendre la parole à la tribune des Nations Unies pour essayer de laver un linge sale qu’ils n’ont pas pu laver en famille.
C’est vrai nos autorités ont fait montre d’un zèle extraordinaire s’agissant de la situation du Mali, après le coup d’état. Mais ce n’est pas une raison pour que le régime tombe dans un problème de personnes, dans un problème de nationalité, alors que le peuple nigérien a manifesté le 18 de ce mois (septembre 2022) pour apporter son soutien au peuple malien, au régime militaire malien. Maintenant, lorsque le Premier ministre dit que le Président de la République nigérien est un étranger au Niger, subtilement, il insulte le peuple nigérien parce que la question que l’on doit se poser, c’est comment qualifier un peuple qui met un étranger à sa tête ?
Non, je crois que les panafricains ne se retrouvent pas dans un régime qui fait de la fixation sur la nationalité. »
Kaka Touda, activiste, acteur de la société civile : « Je pense que les deux parties doivent mettre de l’eau dans leur vin’’. Le Mali et le Niger c’est les mêmes peuples. Aujourd’hui je vois que les gens sont très divisés malheureusement sur les réseaux sociaux. Qui de ceux qui pensent que ‘’oui c’est le côté nigérien qui a tort’’, ‘’ oui c’était la belle réplique’’…
Je pense que quand on veut résoudre un problème, il faut vraiment temporiser les choses. On doit arrêter de chercher qui a tort ou qui a raison, de ce point de vue, que ce soit les acteurs du côté malien que ce soit les acteurs du côté nigérien, l’insulte n’arrange rien. Les différents acteurs doivent remettre la balle à terre, il faut revenir à la raison, il faut aller vers la désescalade, dans les dires et dans les écrits. Et cela est valable pour tout le monde, que ce soit les jeunes à partir du Mali ou du Niger ou toutes les composantes de nos sociétés respectives. On est en train de voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux et je pense que cela n’est pas de nature à apaiser les cœurs et les esprits ».
Adamou Abdou: « Vraiment il a bien répondu aux valets locaux qui se mêlent dans les affaires intérieures du Mali souverain. La CEDEAO regroupe plusieurs États mais pourquoi c’est seulement nos autorités et Ouattara qui s’agitent chaque fois contre les autorités maliennes. Nous disons tout simplement qu’ils sont à la solde de la France et non pour le peuple Nigérien »
Sahirou Ibrahim: « Soutien total et indéfectible au premier ministre du Mali pour sa fameuse et brillante intervention lors de l’assemblée générale des nations unies. Seul un militaire engagé, soucieux de son peuple et de la souveraineté de sa nation peut tenir des tels propos sans aucune crainte. Est-ce normal que certains chefs d’États africains zélés s’en prennent violemment à la junte militaire malienne qui cherche non seulement à arracher leur vraie indépendance mais aussi à sortir le Mali du gouffre colonial? ».
Maman Sani Lawal : « Triste, un peuple Africain qui se bat pour sa liberté face à un peuple étranger, et les autres nations Africaines, se mettent du côté de l’oppresseur au détriment des leurs propres frères Maliens. L’Afrique a un incroyable talent…».
Dadin Kowa Harouna: Qui sème le vent récolte la tempête et tout le monde sait pourquoi ces présidents tiennent des discours à l’encontre du Mali. Quand on ne peut pas encourager les maliens dans la lutte, on ferme sa bouche. Voilà. vive l’Afrique ! »
Abdoul Kader Mamoudou: « C’est ça être homme d’État. Voilà une des preuves que le gouvernement malien aujourd’hui est digne et souverain pas comme d’autres marionnettes sans foi. Le Mali vient de lever l’Afrique haut face à ces traîtres et leurs complices. Le peuple de l’Afrique francophone doit être libre, et cette liberté n’est pas loin »
Harouna Rhossey: « Voilà le problème quand des militaires qui sont faits pour défendre l’intégrité de leur territoire parlent politique. Il aurait mieux fait et serait plus grand, de rejoindre le nord pour libérer une partie de son pays. Brandir sa mitrailleuse contre tout le monde ne lui apportera rien, ni lui, ni au peuple du Mali qui reste sous occupation des terroristes ».
Kebe Aliou: « Les maliens n’ont absolument rien contre le peuple Nigérien. Bazoum a traité la nation malienne d’ingrate et à clairement montré son mépris à la volonté du peuple Malien. C’est juste le principe de Réciprocité, sinon le PMI malien n’a pas mentionné le nom de Mackiy Sall ni de Damiba. Tous ceux qui ont été mentionnés l’ont bien cherché. Le PMI, au-delà de faire passer le message, a servi tous ses protagonistes à la juste mesure de leurs attaques ni plus ni moins »
Abdoul Wahab Issaka (actuniger.com)