À l’heure où la France prépare le transfert du Mali au Niger d’une partie de l’opération « Barkhane », les députés nigériens débattront et voteront ce vendredi 22 avril.
Le résultat du vote laisse peu de place au doute, le parti au pouvoir du président Mohamed Bazoum disposant d’une écrasante majorité à l’Assemblée nationale. Mais à l’heure où la France prépare le transfert du Mali au Niger d’une partie de son dispositif de lutte antiterroriste au Sahel, son arrivée est déjà dénoncée par des ONG locales. « Le débat suivi d’un vote sur la présence des forces étrangères dans notre pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme se tiendra demain vendredi (22 avril) », a indiqué une source gouvernementale.
Mutualiser les forces face à une menace grandissante
Le document soumis aux députés, consulté par l’AFP, souligne que le Niger « est quasiment encerclé par les groupes terroristes. Malgré les efforts déployés pour contenir la menace aux abords de nos frontières, le bilan humain et économique est lourd ». Il ajoute que « l’évolution de la situation sécuritaire requiert un engagement commun des gouvernements de notre pays et d’autres nations pour une lutte efficace contre le terrorisme, dans le cadre de coopérations bilatérales ou multilatérales existantes ou futures ».
« Les forces spéciales des pays amis seront déployées » et « installées sur les territoires dans les pays membres de la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) affectés par la menace », dont « le Bénin, le Ghana, le Niger et la Côte d’Ivoire », indique le texte.
Si des forces spéciales étrangères de la France et des États-Unis sont déjà présentes au Niger qui s’est déclaré prêt à en accueillir d’autres, leur présence future n’a jamais été officiellement évoquée dans les trois autres pays.
En annonçant en février le retrait de leurs forces du Mali, la France et ses partenaires européens avaient souhaité rester engagés dans la région sahélienne et « étendre leur soutien aux pays voisins du golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest » pour contenir la menace djihadiste. Les « paramètres » de cette réorganisation seront arrêtés « d’ici juin 2022 », avaient-ils indiqué.
Le nord du Bénin et de la Côte d’Ivoire ont été la cible depuis 2020 d’attaques djihadistes meurtrières et la crainte est de les voir se multiplier et s’étendre à d’autres pays ouest-africains.
Le document soumis aux élus précise qu’au Niger « qui abrite déjà des bases de forces étrangères, de nouvelles implantations seront créées plus près des théâtres des opérations » au Mali et « les lieux de stationnement, les modalités d’opérations » seront discutés « avec la hiérarchie militaire ».
Des oppositions
Dans un communiqué, les partis d’opposition ont estimé que la démarche du gouvernement vise « à contourner l’obligation de communiquer aux députés nationaux les textes relatifs aux accords de défense et de sécurité, au titre de la régularisation du redéploiement des forces Barkhane et Takuba au Niger ».
Hassoumi Massoudou, ministre nigérien des Affaires étrangères, a récemment soutenu que son pays souhaitait « un accroissement de l’intervention de nos partenaires », car « avec le départ des forces françaises du nord du Mali, nous nous attendons à ce qu’il ait une plus grande pression des terroristes sur notre pays ». Dans sa lutte contre les mouvements djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI), le Niger bénéficie du soutien de plusieurs pays occidentaux, dont la France et les États-Unis, qui ont des bases militaires à Niamey et dans la région d’Agadez (Nord). Mais des ONG nigériennes dénoncent cette présence de militaires étrangers qu’elles considèrent comme « des forces d’occupation » et « une menace pour la souveraineté du pays ».