Employé dans un service privé, Nama a subi des pressions de la part F., sa supérieure hiérarchique. Pour n’avoir cédé à aucune de ses avances, il a été relevé de son poste sans explication. Portrait.
Le harcèlement sexuel ne touche pas que les femmes. Un homme aussi peut être harcelé par une collègue en milieu professionnel. C’est le cas de Nama, 34 ans, employé dans une entreprise privée. Il a subi des pressions répétées de la part de sa supérieure hiérarchique dans le but d’obtenir une relation sexuelle avec lui.
Grand de taille, le teint légèrement clair, Nama est un sportif, ce qui fait de lui un homme fort aux biceps apparents. Sa patronne s’est renseignée sur lui auprès de ses collaborateurs. Elle sait qu’il n’est pas marié, et qu’il ne compte pas ses heures de travail.
« Je suis ouvert, bavard et taquin. Mais je ne me suis pas mis en tête qu’elle me voulait comme son petit ami« , dit-il
« Un jour, pendant la pause, j’ai raconté à ma patronne que la veille je suis sorti avec une amie pour dîner dans un restaurant. Mon malheur ! Elle me dit pourquoi tu ne m’as pas appelée ?« . Le harcèlement sexuel des hommes est encore très tabou dans notre société puisqu’une femme ne peut pas forcer un homme à coucher avec elle si celui-ci n’est pas consentant. Mais la pression quotidienne et les conséquences d’un refus de flirter peuvent être lourdes.
Travailleur consciencieux, Nama n’avait d’yeux que pour son job, ce qui fait de lui un homme respecté. Invité ce samedi par sa patronne à sortir pour une partie, Nama a gentiment décliné l’offre. « Je ne m’attendais pas à ça et je ne pouvais pas accepter de l’accompagner dans un restaurant« . C’est à partir de ce refus que leurs relations professionnelles vont se dégrader. Pourtant, la harceleuse possède une arme redoutable. Quelques jours après l’altercation, Nama est écarté de son poste sans motif déclaré. Il doit faire une croix sur les projets qu’il avait initiés.
C’est ainsi qu’il s’est rendu compte que le harcèlement sexuel est un délit quel que soit le lien entre l’auteur et la victime et que c’est la fréquence et la teneur des actes qui comptent. Ces actes peuvent être des insultes ou vexations, des menaces, des propos obscènes, des appels téléphoniques, SMS ou courriers électroniques malveillants, des visites au domicile ou passages sur le lieu de travail…
Idrissa Sako
Source: lesechos