Suite à l’incarcération de l’artiste Sidiki DIABATE, deux autres personnes qui soutiennent l’artiste ont été également arrêtés. Il s’agit de l’animateur radio vieux Blen et l’artiste comédien Youssouf KEITA dit Petit GUIMBA. Un autre animateur radio convoqué dans le cadre de cette affaire n’a pas encore répondu présent. Si Sidiki DIABATE est à la prison centrale pour des faits d’agression corporelle contre sa campagne, Vieux Blin et petit Guimba l’ont rejoints pour outrage à magistrat. Dans un entretien Me Cheick Konaré tente de donner des explications sur les raisons de ces arrestations.
Face à cette multiplication d’arrestations et la lettre de mise en garde des deux principaux syndicats des magistrats à l’endroit de certains medias qui s’en prennent à eux, plusieurs observateurs parlaient de la mise en danger de la liberté d’expression au Mali. Cependant, tel ne semble pas être le cas à en croire les propos de Me Cheick Oumar Konaré. Invité d’une radio de la place sur la question, Me Konaré, estime que l’une des raisons réside dans la méconnaissance de la loi par la population. Selon lui, même des hommes instruits ignorent souvent les textes à plus forte raison un peuple à majorité analphabète. ‘’ On peut critiquer le jugement, mais on ne doit pas critiquer le juge’’ dira-t-il. En réalité explique-t-il ‘’c’est parce que les gens n’ont pas compris la démocratie qui est instaurée depuis 1991 car la majorité d’entre nous n’est pas allée à l’école. Deuxièmement , nos lois sont faites dans la langue des blancs , elles s’appliquent dans la méthode des blancs et les maliens ne comprennent pas cela par ce que nous ne sommes pas instruits et nous ne sommes pas des blancs . Le problème est que Sidiki a été arrêté, il a plusieurs soutiens, plusieurs fans, certains ont decidé de l’aider. Mais dans leur manière de l’aider , à savoir parler de la justice , la justice qui l’a arrêté , ils ont tenu des propos qui ont poussé le SAM et le SYLIMA à porter plainte contre eux’’.
Ce qui semble normal car la magistrature tient à son indépendance. De l’avis de Me KONARE, il aurait voulu que les syndicats éduquent les populations , notamment en leur faisant savoir jusqu’où devrait s’arrêter les critiques, les lignes à ne pas franchir au risque de s’exposer à quoi que ça soit. ‘’La Constitution malienne confère le pouvoir de jugement aux magistrats. Les juges sont indépendants, les autorités sont tenues de protéger cette indépendance. Le juge ne reçoit pas d’ordre du Président de la République, le seule ministre qui peut s’inviter dans leurs affaires est celui de justice et même là, il (le ministre de la justice) ne s’adresse qu’aux Procureurs .Certes, ils(les juges) ne sont pas aussi des gens qui font des travaux aussi parfaits. Si vous n’êtes pas d’accord avec une décision de justice, vous pouvez critiquer le jugement mais vous ne pouvez pas critiquer le juge. Vous avez le pouvoir de faire appel si vous n’êtes pas d’accord avec le jugement. Si vous n’êtes pas encore satisfaits du jugement de l’appel, vous partez à la Cour suprême mais vous ne pouvez pas insulter le juge parce que vous n’êtes pas d’accord avec la décision qu’il a rendue’’, a expliqué Me Konaré. ‘’Les juges sont des gens qui ne communiquent pas beaucoup … que vous soyez journalistes ou autres maliens vous pouvez contester les décisions du jugement à travers des arguments de lois mais on ne doit pas critiquer le juge. Il faut de la pédagogie pour reg ler le problème ‘’, a declaré me Konaré
Par Mahamane TOURE
Source : NOUVEL HORIZON