Après le lancement de son mouvement dénommé ‘’Plateforme pour le Changement’’, l’ex général Moussa Sinko Coulibaly a fait des tournées à l’intérieur du Mali pour échanger avec les populations sur la nécessité de changer la gouvernance actuelle. Pour nous renseigner plus, nous l’avons rencontré dans le cadre d’une interview. Il a non seulement fait le compte rendu de ses visites à l’intérieur mais a aussi appelé au rassemblement de tous ceux qui réclament le changement pour barrer la route de Koulouba à IBK.
Lisez l’interview
Le Pays : Nous avons constaté qu’après le lancement de votre mouvement, vous avez entamé des tournées à l’intérieur du pays y compris dans les régions du nord. Quel message avez-vous apporté aux populations et quelles sont les doléances que celles-ci vous ont faites ?
Moussa Sinko Coulibaly : Le but de ces déplacements était de partager de vive voix nos ambitions, notre vision pour le Mali, nos projets avec les populations dans les villes et campagnes à travers le Mali. Pour cela, on avait besoin de porter le message au plus près et d’échanger avec tout le monde. Nous savons que le Mali est géographiquement grand et diverse. Donc, nous nous sommes dit que quand le message est donné à partir de Bamako, il est peut être déformé avant d’arriver à sa destination. C’est pourquoi nous avons décidé d’aller dans toutes les régions, cercles, communes, fractions et villages pour porter directement le message et le besoin d’un changement au niveau de la gouvernance.
Ce que nous avons constaté, c’est d’abord les difficultés au quotidien que ces populations vivent. Parmi ces difficultés, on peut parler des difficultés d’accès aux moyens de communication, à l’eau potable, à l’éducation, aux soins de santé… Nous avons pu constater les difficultés des populations mais aussi partager avec elles notre vision pour le Mali et nos ambitions de faire du Mali un pays prospère, stable et sécurisé.
Nous constatons aussi que la situation sécuritaire se dégrade du jour le jour. Après le nord, le centre est de nos jours dans l’insécurité totale. Le premier ministre a aussi pris une décision sensible. Il s’agit du désarmement des groupes armés et tous les citoyens porteurs d’armes. Quel est votre avis à ce sujet ?
Effectivement. Au cours de notre déplacement, nous avons constaté qu’au centre du pays, il y a une insécurité croissante. A Gao, Tombouctou, Ménaka et ailleurs, nous avons constaté que la situation ne s’améliore pas. Cela nous permet tout simplement de renouveler le constat que nous avons fait depuis un moment en disant que nous ne faisons plus confiance à ce gouvernement pour la stabilisation de ce pays. Peu importe les initiatives de dernières minutes que le premier ministre peut essayer de prendre, pour nous, cette équipe n’est plus partie de la solution. Elle est plutôt partie des problèmes du Mali. Ce que nous essayons de faire, c’est de tout mettre en œuvre pour changer la gouvernance de ce pays. Je sais que les manœuvres actuelles du gouvernement sont purement de la gesticulation. Ce n’est pas pour chercher un résultat mais plutôt pour chercher un nom. Ils veulent dire aux Maliens qu’ils sont en train d’essayer mais au fond, ils ne veulent pas de résultat. C’est encore berner la population malienne. En cinq ans, ils ont eu le temps de prendre ces initiatives mais ça n’a pas été fait. On est parti d’une situation qui était presque maitrisée mais aujourd’hui, elle échappe à tout le monde. Elle échappe à l’armée malienne ; elle échappe aussi aux partenaires qui veulent nous soutenir mais nos gouvernants ne montrent pas une direction claire où il faut aller. Pour moi, les initiatives du gouvernement ne doivent pas nous faire perdre l’essentiel qui est aujourd’hui changer la gouvernance de ce pays afin de se donner des bonnes chances de réussir le processus de paix, de stabilisation et de sécurisation de notre pays.
Dans le processus de changement tant souhaité par vous dans votre démarche, êtes-vous aujourd’hui prêt à désigner un candidat unique pour l’alternance ?
Si nous parlons tous de changement et que si c’est vrai que nous voulons le vrai changement, il n’y a pas de raison que deux, trois ou quatre camps de changement existent. Il faut qu’il y ait un seul camp de changement. Il ne peut pas en être autrement. S’il y a plusieurs camps de changement, cela voudrait dire que certains ne veulent pas, peut-être, le changement. Ils veulent autres choses. Nous, nous nous inscrivons dans le vrai changement ; dans la dynamique de rupture avec le système ancien pour essayer de mettre en place un nouveau système qui sera basé essentiellement sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, l’accès à l’eau potable, l’accès à l’éducation et aux soins de santé, l’autosuffisance alimentaire mais bien évidemment avec une bonne sécurité et la stabilisation du pays. Pour cela, nous tendons la main à tout le monde mais aussi acceptons toutes les mains tendues. C’est pourquoi nous avons dit que le Mali se fera avec tous les Maliens. Nous allons vers tous les Maliens, sans exception, sans distinction de coloration politique, de jeunes, vieux, femmes, des Maliens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur. Donc, nous sommes prêts puisque nous appelons au grand rassemblement. Nous, nous ne nous trompons pas de priorité qui est de changer la gouvernance. Pour réussir à changer la gouvernance de ce pays, nous sommes prêts à faire tous les efforts qu’il faut. Nous souhaitons vivement qu’on aille vers une candidature unique du camp de changement pour qu’on puisse donner toutes les chances à ce camp de réussir.
Il y a aussi des inquiétudes par rapport à la tenue des élections présidentielles dont le 1er tour est prévu pour le 29 juillet. Au cas où ces élections n’arrivent pas à se tenir, votre camp (le changement) a-t-il un plan B ?
Aujourd’hui, nous essayons de travailler pour qu’il y ait les élections au mois de juillet même si nous savons que pendant ces cinq dernières années, le gouvernement en place n’a jamais eu à organiser les élections à date prévue. Donc ça veut dire qu’on ne peut pas beaucoup compter sur le gouvernement mais nous l’aidons en faisant la sensibilisation au sein de la société civile, partis politiques, associations pour que tous les efforts convergent vers une bonne organisation des élections de juillet. S’il n’y a pas d’élection en mois de juillet, ça pourrait nous amener dans une crise beaucoup plus profonde. Donc pour le moment, nous consacrons 99,99% de nos énergies à ce qu’on ait des élections au mois de juillet et éviter de tomber dans un vide constitutionnel qui pourrait nous amener à une crise beaucoup plus profonde parce que s’il n’y a pas d’élection au mois de juillet, quel que soit le mécanisme qu’on va mettre en place, ça sera plus du bricolage que quelque chose de légale et légitime. Faisons donc en sorte qu’on puisse éviter cette situation et donnons-nous la main pour qu’on puisse organiser les élections comme prévu. Mais si d’aventure, il n’y a pas d’élection au mois de juillet, il va falloir que le camp du changement puisse proposer un schéma qui va nous rapprocher le plus possible de la légalité et de la légitimité constitutionnelle puisque la constitution ne prévoit rien.
Un appel à l’endroit du peuple malien, du gouvernement, des partis qui se trouvent dans la dynamique de l’alternance et de la communauté internationale ?
Nous disons au gouvernement d’arrêter les discours et de se mettre au travail pour qu’on puisse réussir les élections du mois de juillet. Nous lui disons que la société civile a joué son rôle. Les partis de l’opposition et ceux qui se situent entre la majorité et l’opposition ont aussi fait leur part de métier. Tout le monde est engagé pour qu’on puisse réussir ces élections au mois de juillet. Donc il revient au gouvernement de capitaliser tout cela pour que nous ayons ces élections au mois de juillet pour éviter une crise. Pour ceux qui prônent le changement, nous les appelons au rassemblement en disant que la solution passe par le rassemblement. Sans rassemblement, nous donnons la chance à ceux qui ne veulent pas le changement de pouvoir continuer. Donc j’appelle tout le monde d’aller vers le changement. A la communauté internationale, je dis faites confiance aux Maliens. Ils sont prêts à relever les défis, faire la paix dans ce pays, changer la gouvernance de ce pays et faire du Mali un pays prospère. Aux Maliens, je leur dit que nous avons la solution. Nous devons tout essayer aujourd’hui en tant que Malien et mettre ce pays au cœur de nos préoccupations pour être sur que nous pouvons donner un bel avenir à nos enfants.
Réalisée par Boureima Guind
Source: Le Pays