Le fleuve Niger, reconnu comme une entité vitale du pays de par son apport dans la vie économique avec une longueur de 4200 km, est menacé dans son existence par des risques majeurs liés, entre autres, aux changements climatiques, à l’ensablement, à la pollution des eaux, à la dégradation des berges et aux occupations anarchiques de ses servitudes.
Pour renverser cette situation, l’Agence du Bassin du fleuve Niger (ABFN), en partenariat avec le Bureau de l’UNESCO à Bamako à travers son volet Sciences exactes et naturelles, a entrepris une campagne d’information et de sensibilisation des communautés riveraines et celles vivant dans les bassins. Ils ont ainsi organisé à Mopti du 7 au 10 mai dernier un atelier de renforcement des capacités des acteurs sur les aspects de sauvegarde du fleuve Niger, de ses ressources et les implications sur la sécurité alimentaire au Mali.
Au total, plus de 80 acteurs des sous bassins du Delta intérieur, de la Boucle du Niger et du Bani ont pris part à cette importante rencontre. Les participants de l’atelier sont issus de l’administration publique, des collectivités décentralisées, des organisations de la société civile, des services techniques (assainissement, hydraulique, pêche, élevage, agriculture) et de la presse des Régions de Sikasso, Mopti, Gao et Tombouctou. L’atelier avait pour objectif principal de renforcer les capacités des populations (décideurs et usagers des ressources du fleuve Niger et ses affluents) en matière de sauvegarde du fleuve et de ses ressources dans la perspective d’une intégration des problématiques majeures du fleuve Niger dans les documents de planification nationaux et locaux du Mali. La cérémonie d’ouverture, présidée par le directeur de cabinet du gouverneur, Boucary Koïta, a enregistré la présence du représentant de l’Agence du Bassin du fleuve Niger (ABFN), Baba Faradji N’Diaya, du président du partenariat national de l’Eau du Mali (PNE Mali), Amadou Sylla et la représentante de l’UNESCO, Mme Dicko Oumou Dicko, chargée des sciences exactes et naturelles du Bureau UNESCO à Bamako.
Pendant les quatre jours de la rencontre, les participants ont échangé sur les thématiques de la gestion intégrée des ressources en eau : historique et marqueurs clés de la GIRE, ses définitions et ses quatre principes, les objectifs de développement durable (ODD), avec un focus sur la cible 6.6 et les notions de gestion des ressources en eau : Gérer l’offre et la demande en eau, gérer les menaces, les risques liés à l’eau et assurer la gouvernance de l’eau. Les participants ont aussi eu droit à des présentations sur le Partenariat mondial de l’eau et le Partenariat régional de l’eau pour l’Afrique de l’Ouest, les notions de bassin versant, de sous bassin et de tête de sous bassin, les concepts d’écosystème et de services écosystémiques. Parmi les modules développés, un accent particulier a été mis sur les risques existentiels du fleuve Niger au Mali et la sauvegarde du fleuve Niger à travers l’Agence du bassin du fleuve Niger et le Programme national de sauvegarde du fleuve Niger.
A l’issue des travaux de groupes, les participants ont identifié les risques majeurs au niveau local et proposé des solutions pertinentes, entre autres, la mise en place des comités de surveillance des actions réalisées, la prise de sanctions contre l’orpaillage par drague, le surcreusement des lits des fleuves et des mares et le reboisement des versants. L’aménagement des berges, l’application correcte des textes et la réalisation d’activités de développement comme solution de lutte contre les conflits armés sont aussi des propositions qui ont sanctionné les travaux. La représentante de l’UNESCO à Bamako, Mme Dicko Oumou Dicko, a salué le gouvernement du Mali à travers le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable pour les actions entreprises pour la sauvegarde du fleuve Niger. Elle a réaffirmé l’engagement de l’UNESCO à soutenir les pouvoirs publics dans leurs efforts de mise en œuvre de meilleurs politiques intégrées de l’eau dans le cadre de la stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel (UNISS). Pour le représentant du gouverneur, le bassin du Niger couvre en plus du district de Bamako, 6 des onze Régions administratives et fait vivre environ 85% de la population malienne. Au regard de notre usage actuel qui menace ce fleuve, chacun doit se poser la question de savoir dans quel état allons-nous le transmettre aux générations futures, a martelé M. Koïta, avant d’inviter les participants à un réel diagnostic des risques existentiels sur le fleuve et ses ressources. Lors de la clôture des travaux, le directeur général de l’ABFN, Abdourahamane Oumarou Touré, a remercié l’UNESCO pour son accompagnement et félicité les participants pour la qualité des échanges sur un sujet aussi important comme les enjeux et défis de la sauvegarde du fleuve Niger et de ses ressources.
Dramane COULIBALY
AMAP-Mopti
Source: Essor