La Région de Mopti se stabilise progressivement grâce aux efforts multiformes des forces armées et de sécurité. Derrière cette action salvatrice des militaires, il y a une volonté assumée des politiques de déraciner le terrorisme dans cette partie du pays et y créer un environnement propice notamment à l’éducation des enfants.
Hier, Soumeylou Boubèye Maïga a confirmé la constance de cet engagement politique en se rendant dans la 5è région pour y constater l’effectivité de la rentrée des classes. Et, du coup, il a aussi rassuré davantage les populations, dé-sormais convaincues de l’intérêt particulier qu’accorde l’Etat à leur situation. Pour cette visite, sa troisième à Mopti en tant que chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga était accompagné d’une forte délégation comprenant notamment deux ministres (Justice et Education nationale) et des élus de la région.
La délégation, renforcée par le chef de l’exécutif régional, le Général Sidi Alassane Touré et les autorités locales en charge de l’éducation, s’est rendue à Moussawal et Thiaboly. Dans ces deux villages, situés à une vingtaine de kilomètres de Sévaré, le chef du gouvernement a fait le tour des classes. Elles n’avaient pas ouvert leurs portes depuis plus d’un an, privant ainsi près de 300 enfants de l’un de leurs droits fondamentaux : l’éducation.
Visiblement contents de retrouver le chemin de l’école, les scolaires ont accueilli, avec enthousiasme, le Premier ministre qui leur a conseillé l’assiduité au travail. En guise d’encouragement, il a symboliquement remis des sacs à une dizaine d’élèves. «J’aime bien ce sac et je vais m’appliquer pour avoir de bonnes notes», nous a confié la petite Safiatou. Tous ses camarades ont également reçu des sacs.
S’adressant aux habitants, venus nombreux pour être témoins de l’évènement, le Premier ministre a indiqué que l’Etat fera tout son possible pour qu’aucun enfant ne reste à la maison durant l’année scolaire. Cerise sur le gâteau : l’école de Moussawal aura bientôt sa cantine scolaire. Une annonce longuement applaudie par les populations qui doivent «aider l’Etat à combattre ceux qui empêchent les enfants de fréquenter les écoles». Aussi, Soumeylou Boubèye Maïga leur a demandé de maintenir surtout les filles à l’école. Même message à Tiaboly où la délégation a fait escale, avant de mettre le cap sur Bandiagara.
UNE UNIVERSITÉ À BANDIAGARA – La localité a longtemps nourri l’espoir d’avoir son université. Ce «rêve se concrétise», a déclaré le maire Housseïni Saye lors de la cérémonie organisée pour accueillir le chef du gouvernement. L’édile a, dans la foulée, salué les efforts consentis dans divers domaines en faveur de ses mandants, avant de déclarer Soumeylou Boubèye Maïga «citoyen de Bandiagara». Il a, cependant, remis sur table les préoccupations sécuritaires du cercle.
Il n’y a en réalité pas de problème entre les Peuls et les Dogons, a répondu le chef du gouvernement avant d’inviter « tout le monde à se mobiliser pour barrer le chemin à ceux qui veulent détruire notre pays». L’Etat, pour sa part, a-t-il rassuré, continuera à combattre les forces du mal et à faire en sorte que la paix et la stabilité reviennent. Par ailleurs, Soumeylou Boubèye Maïga a fait état de la décision prise, la semaine dernière, d’ouvrir une académie à Bandiagara.
Il s’est rendu, ensuite, sur l’un des deux sites retenus pour accueillir les infrastructures de la nouvelle université. Sa réalisation traduira «la volonté de l’Etat d’agir afin que les enfants puissent s’instruire et développer leur localité», a commenté Seydou Nantoumé, un opérateur économique de la région, en assurant qu’il été «gracieusement offert 100 hectares pour la construction de l‘université».
Selon Mamadou Koné, l’architecte chargé des travaux, cette université comprendra une Unité de formation et de recherche en agriculture ; un Institut universitaire des arts, de la culture et du tourisme ; une Ecole supérieure de médecine traditionnelle et de santé ; et une Unité de technologie spatiale et de génie civil.
De retour à Mopti, dans l’après-midi, le Premier ministre a rencontré, dans la salle Sory Bamba, les cadres et forces vives de la région. A l’occasion, le gouverneur Touré a redit sa détermination et celle de des partenaires à réduire le nombre d’écoles restées fermées durant l’année scolaire 2017-2018 pour cause d’insécurité. Il a salué le chef du gouvernement pour ses efforts dans la prise en charge des déplacés et souhaité le maintien de cet élan de solidarité afin d’aider ces personnes à regagner leurs villages.
Les représentants des communautés dogon et peul ont également témoigné des efforts du gouvernement en faveur de la paix et de la réconciliation nationale. Ils ont exhorté leurs parents à enterrer définitivement la hache de guerre qui ne favorise nullement l’épanouissement de la région.
Prenant la parole, Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé qu’un effort financier supplémentaire sera consenti pour ouvrir des cantines scolaires partout où le besoin se pose. A cet égard, il a instruit au chef de l’exécutif de recenser les écoles qui sont dans ce besoin. En plus, le gouvernement s’emploiera à rouvrir les centres de santé et à assurer, autant que possible, l’accès des populations à tous les services sociaux de base.
Par ailleurs, le Premier ministre a indiqué que les groupes qui ont accepté, à travers des accords signés, de cesser les hostilités, bénéficieront de mesures d’accompagnement de l’Etat. Ils pourront éventuellement intégrer l’armée ou bénéficier de formations professionnelles pour mener des activités génératrices de revenus. Le chef du gouvernement a appelé ces nouveaux alliés de l’Etat à s’impliquer réellement dans le combat contre les ennemis de la paix.
Envoyé spécial
Issa DEMBÉLÉ
Source: Essor