L’ancienne ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme du Mali, non moins Consule honoraire d’Haiti et directrice de Cauris édition, Mme Dramé Kadiatou Konaré a été honorée par l’ambassade de France au Mali pour ces efforts dans le monde des Arts et des Lettres. Ainsi, elle a été decorée de la médaille d’officier des arts et des lettres. Cette distinction lui a été remise par le chargé d’Affaire permanent de l’ambassade de France au Mali, Monsieur Marc Didio. Le Républicain publie le discours prononcé, à cette occasion par le recipiendaire.
Distingues invités
Je suis honorée de recevoir cette médaille d’officier des arts et des lettres des mains du chargé d’Affaire permanent de l’ambassade de France au Mali, Monsieur Marc Didio. Je tiens à vous témoigner ma gratitude et à exprimer mes remerciements à vous tous ici présents : la famille, les amis et tous ceux des arts et des lettres.C’est l’occasion et permettez-le moi, de rendre hommage à mes parents qui ont fait des arts, de la culture, des lettres, les leviers incontournables de mon éducation. Très tôt, on m’a inculqué l’amour et le respect des écrivains, des musiciens, des cinéastes, des artisans, tous ces créateurs et gens de lettres qui constituent les éléments les plus réceptifs, les plus ouverts de la société, ceux-là mêmes qui sont en veille permanente, boussoles de nos existences fragiles d’homme et de femme en quête de sérénité, d’équilibre, de compassion. Le bureau-bibliothèque d’une mère historienne, passionnée d’écriture et sensible à la beauté et à l’environnement ; d’un père archéologue, féru de musées, d’œuvres d’art et de livres, a été le quartier général de mon enfance.Le livre, parlons-en ! Car cette médaille et je cite Google, est une « décoration honorifique française pour des personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde », cette médaille donc, je ne peux que la placer au cœur du travail qui est le mien depuis 25 ans : mon travail d’éditeur, mon engagement au service du livre et de l’écrit.Et c’est la preuve chers confrères que notre travail d’éditeur, un travail de passion et d’abnégation, un travail méticuleux, d’effort et de générosité est donc scruté, observé et mis en lumière par des esprits attentifs au devenir harmonieux de notre monde. Un instant comme celui-ci vient panser nos moments de doute, d’angoisse, d’incertitude, ces moments que nous partageons dans l’intimité de nos bureaux avec des auteurs, des relecteurs, des maquettistes.Je dois tant à ce métier ! Je lui dois des rencontres exceptionnelles, des rencontres d’une vie comme celle avec Aimé Césaire à la Martinique, il y a 20 ans. Partie pour l’interviewer dans le cadre d’un livre hommage, je rentrais à Paris, bouleversée par ce rendez-vous avec le destin. Au soir de sa vie, il avait opéré en moi un éveil de conscience : les Amériques, les Caraïbes, ceux des Amériques et des Caraïbes, ces Africains transplantés pour paraphraser Aimé Césaire devenaient désormais des compagnons deroute ! Aujourd’hui consule honoraire d’Haïti, je souris, car je sais le devoir à cette rencontre ! Une pensée émue pour cette terre d’Haïti, terre de culture, patrie de tant et de tant d’hommes et de femmes de lettres, d’artistes. Puisse Haïti, perle des Antilles se relever de ses douleurs ! Toutes les destinations professionnelles auxquelles je suis arrivée, c’est en partie grâce à ce métier notamment celle de ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme du Mali. Parce que les livres ont davantage ouvert mes yeux sur l’immensité créative du Mali à travers la publication d’un guide touristique et culturel Le Mali des talents : visite guidée dans un pays riche de ses traditions, de ses sites, de ses monuments mais un pays captivant par ses créateurs, ses artisans, ses musiciens, ses écrivains , ses cinéastes, ses photographes, ses couturiers, ses coiffeurs, ses potiers, ses tapissiers, ses tisserands. Le Mali si riche ! Le Mali riche de Amadou Hampaté, de Massa Makan, de Moussa Konaté, de Oumou sangaré, de Karkar, de Ali Farka, de Cheick Tidiane , de Habib Guiba, de Souleymane Cissé, de Cheick Oumar Sissoko, de Abdoulaye Konaté, de Aboubakar Fofana, des deux Fanta Damba, de Rokia Traoré, de Aira Arby, des Super Biton, des Tinariwen, des Kanaga et de tous les autres !Ce premier titre d’une maison d’édition née à Paris et aujourd’hui installée à Bamako fut d’une résonnance forte. Ce soir, en recevant cette distinction, je réalise combien ce métier est un métier passerelle. Et je loue la France, terre de culture, qui en décernant ses médailles à des citoyens de diverses contrées prouve à suffisance que les arts et les lettres sont d’une portée universelle. Cette distinction par-delà les frontières est une invitation à célébrer la solidarité, l’amitié, la fraternité entre les peuples !Pour conclure et tout en renouvelant mes remerciements, à vous Monsieur le chargé d’Affaire et à vous tous ici présents, je dédie cette médaille aux rencontres de nos vies : des livres magnifiques qui nous tiennent éveillés tout une nuit aux êtres d’exception croisés qui ont changé le cours de nos destinées.
Je vous remercie
Mme Dramé Kadiatou Konaré, ancienne ministre
de la Culture artisanat et du Tourisme
Source: Lerepublicainmali