L’activité économique est l’un des leviers le plus important du développement d’un pays et la participation de la femme à la vie économique est un élément essentiel pour la promotion de son rôle dans la société. C’est au regard de tout cela que nous avons voulu valoriser ces femmes qui se font remarquer dans leurs domaines d’intervention. Selon Mme Diallo Aïda Koné, directrice générale du Bureau malien du droit d’auteur, c’est en quelque sorte une revalorisation de la femme. “Les femmes n’avaient pas les mêmes droits que les hommes même si aujourd’hui, on peut dire qu’elles s’approchent de plus en plus de l’atteinte des objectifs, mais ce n’est pas encore une réalité de nos jours. Les femmes se battent à longueur de journée pour s’approprier leurs droits, notamment en ce qui concerne le décalage entre les salaires. Vous trouverez dans les entreprises, les mêmes postes occupés par les femmes ne sont rémunérés au même titre que les hommes, ça c’est une situation à déplorer”, s’indigne-t-elle.
A l’entendre, l’institutionnalisation du 8 mars en l’honneur de la femme va lui permettre de se remettre en cause, de faire un regard rétrospectif. “La femme d’antan a joué quel rôle dans la société ? Aujourd’hui, quel est son rôle ? Parce que pour qui connait nos sociétés, il y a plus de femmes que d’hommes. Pour cela nous devons parler aujourd’hui en termes d’équité et d’émancipation de la femme parce que c’est sur elle que tout repose surtout dans nos sociétés traditionnelles”, attaque l’administratrice.
Par rapport au thème de cette année, Mme Diallo signale qu’il vient à point nommé parce qu’on sait rendu compte que l’année 2020 a été particulière marqué par la pandémie à coronavirus qui a montré que les femmes ont un rôle capital à jouer.
“Les métiers qu’exercent les femmes sont peu valorisants, alors qu’aujourd’hui, ce sont des métiers incontournables dans la vie, par exemple la santé, les femmes occupent une place prépondérante en matière de santé et il se trouve qu’elles sont les moins rémunérées dans ce secteur”, déclare la directrice générale du Bureau malien du droit d’auteur, un poste qu’elle occupe depuis 4 ans.
A ses dires, quand on analyse la situation au sein de sa structure, on peut dire que beaucoup a été fait, “mais pour qui connaît aujourd’hui l’enjeu des droits d’auteur, ce n’est rien parce qu’on est arrivé à la tête de cette structure à un moment donné où elle avait besoin de modernisation en ce sens qu’avec l’évolution de la technologie, nous devions revoir notre méthode de travailler. Le droit d’auteur à l’entame est conçu de façon classique, c’est-à-dire un droit qu’on gérait de façon manuelle et de plus en plus, il doit être géré de façon numérique. On s’est lancé dans un vaste chantier d’innovation et de rénovation. A ce titre, il nous reste encore beaucoup de choses à faire”, explique-t-elle.
S’agissant de son parcours, Mme Diallo Aïda Koné a fait ses premiers pas à l’Ecole fondamentale “A” de Sikasso pour se retrouver en série sciences au lycée, mais comme tout laissait à prédestiner qu’elle avait beaucoup de penchant pour les lettres, donc elle a dû changer de cap.
Après l’obtention des deux parties du baccalauréat, elle s’est retrouvée à l’Ecole nationale d’administration entre 1991 et 1996 (promotion feu Me Tiémoko Diatigui Diarra). Après cette formation, elle n’a pas baissé les bras parce que pour elle la vie d’une femme, c’est le combat. “Je me suis d’abord adonnée aux stages de perfectionnement. J’ai commencé dans les justices de paix à compétence étendue de Yélimané où j’ai été officieusement nommée juge matrimoniale sans être magistrat, mais mon président à l’époque (feu Ag Lal) m’a fait confiance et a dit que je pouvais gérer ce poste sans problème. De là-bas, je me suis retrouvée à Koulikoro avec l’affectation de feu mon époux qui était ingénieur des eaux et forêts. Là aussi, j’ai continué avec mes stages au Tribunal de grande instance de Koulikoro où j’ai eu à exécuter un programme dénommé «Leadership féminin». A l’époque, le choix s’était porté sur 100 femmes postuniversitaires.
J’ai eu à travailler avec plusieurs ONG où je servais de relais, et c’est ça le leadership. Vous n’attendez pas, vous devez aller vers le travail. Vous ne pouvez pas vous asseoir et dire qu’aujourd’hui je n’ai pas de travail, je n’ai rien à faire, ces termes ne doivent pas exister dans notre lexique.
Il appartient à vous d’avoir l’esprit de créativité et de vous engager dans ce sens. La femme c’est aussi les prises d’initiatives. Après ce projet j’ai eu à gérer un cabinet d’huissier où on m’a confié le cachet et la signature et j’ai géré ce poste pendant un bon bout de temps avant d’être au Bureau malien du droit d’auteur en tant que chargé du contentieux et de la lutte contre la piraterie où j’ai été chef de service de 2004-2010. Ensuite j’ai été nommé chef de service communication sans être communicante et ce poste m’a conduit là où je suis aujourd’hui (la directrice générale du Bureau malien du droit d’auteur depuis 2016)”, relate Mme Diallo Aïda Koné.
Il faut savoir que le Bumda est un établissement créé en 1978 par l’ordonnance n°00-041. Le service a été érigé en établissement public professionnel doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.
A ce titre, il a pour mission, l’organisation et la défense des intérêts moraux, matériels et professionnels des auteurs d’œuvres littéraires et artistiques ainsi que leurs ayants droit.
C’est une société pluridisciplinaire qui prend en compte la musique, la danse, le théâtre, les œuvres audiovisuelles. Une autre mission, c’est la perception des redevances de droits d’auteur, de droits voisins issus de l’exploitation faite des œuvres. Quand le Bumba reçoit ces droits d’auteur et ces droits voisins, il a la mission de repartir ces montants recouvrés entre les différents bénéficiaires.
A cela s’ajoute la lutte contre la piraterie des œuvres littéraires et artistiques. Le Bumda sert aussi de relais entre les sociétés étrangères. Ils ont des accords de réciprocité qui fait que quand une œuvre est exploitée, c’est le Bureau malien du droit d’auteur qui se charge d’agir en lieu et place de ces sociétés étrangères qui ne sont pas au Mali, mais dont les œuvres ont fait l’objet d’exploitation sur le territoire.
Marie Dembélé
Source: Aujourd’hui-Mali