Depuis quelques mois le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a lancé le processus de dialogue inclusif pour réunir toutes les forces vives au tour des questions essentielles de la nation. Le Triumvirat, mandaté par lui-même pour conduire le processus, a rapproché les partis politiques, les organisations de la société civile, les personnes ressources et même les anciens chefs d’Etat. ATT, exilé à Dakar depuis 2012, a répondu favorablement à l’appel et décidé de rentrer définitivement au bercail. Ce retour, considéré par certains comme une étape importante pour la réussite du dialogue, est perçu par d’autres comme une récupération politique du régime.
Samba Gassama (malien de la diaspora) :
« Evidemment si on parle de dialogue national inclusif dans le but de mettre tout le monde ensemble pour sortir le pays de la merdre, il est essentiel que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice.
De ce fait, il est essentiel que les gens qui ont gérer le pays depuis 30 ans participent à ce dialogue et qu’il ne faut pas prendre le retour des ex-présidents comme une récupération politique ».
Dr Aphady Cissé (médecin au CHU du Point G) :
« Les Maliens veulent faire trop de boucan sur des choses inutile. L’ancien président rentre au bercail qu’il soit là ou pas, cela ne change absolument rien aux statuquos. Il n’a aucun rôle à jouer d’autant plus que tout a commencé avec eux.
Ce n’est pas comme si ses anciens présidents ont une partie du pays fidèle à eux. Ils n’ont pas des gens qui sont prêts à mourir pour eux. Certes, ils ont quelques personnes comme les familles proches, des amis intimes, qui sont restés proche d’eux. Mais à part ceux-là, ils n’ont pas un fief politique ou une base politique qui peut dire que voilà sans eux le pays ne peut pas marcher.
Ce n’est pas comme en Côte d’Ivoire où Laurent Gbagbo a des fidèles et tout une partie du pays, une ethnie derrière lui qui tient à son retour. Ici au Mali, nous n’avons pas ce cas-là.
De 1992 à 2002, ce sont les collaborateurs d’Alpha Oumar Konaré qui se sont retrouvés avec Amadou Toumani Touré de 2002 à 2012 et de 2013 à nos jours ce sont les mêmes collaborateurs d’ATT qui se trouvent avec IBK.
Ce sont les mêmes copains tantôt ils sont avec le pouvoir, tantôt à l’opposition. Dire qu’il y a un president qui a une base ethnique ou une partie du pays qui est fidèle à lui, est faux. Ils veulent juste faire de la politique politicienne, même leur dialogue inclusif est un projet mort-né. Il ne sert absolument à rien. C’est juste pour se retrouver et festoyer avec l’argent du pays. Ce n’est pas pour resoudre les problèmes du Mali ».
Youba Traoré (chargé de communication de l’Anaser) :
« Le retour des anciens présidents sur la scène est normal. Le Mali a besoin de tous ses fils. Nous avons l’impression que c’est devenu une récupération politique du régime, vu que la cote de popularité du président. C’est une bonne chose, car il permettra de redorer l’image du Mali mais surtout de ressouder les Maliens ».
Moussa dit Martin Tessougue (enseignant à l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako) :
« Nous sommes sous tutelle et les hommes politiques maliens n’ont aucune directive si ce n’est que de vivre de façon pompeuse avec les ressources de l’Etat. Rien de nouveau ne sera dit au cours de ce dialogue. Tout a été dit dans ce pays ».
Kadi M’Baye (secrétaire particulière du president de la HAC ) :
« La venue des ex-présidents est une excellente chose étant donné qu’ils ont tous des partisans. On peut compter sur eux pour qu’ils prêchent la paix, la tolérance et surtout de faire table rase pour se pardonner et se donner la main pour un Mali uni sans rancune ».
Yeyia Ag Agaly (étudiant en lettres modernes):
« Les deux ex-chefs d’Etat sont les bienvenus puisque c’est leur pays natal. En plus, ils ont contribué au développement du pays ».
Baba Dakono (juriste et chercheur ) :
« C’est une bonne chose. La position qu’ils ont occupé leur permet d’avoir une vision large des défis. Ils peuvent donc mettre ça à profit. C’est toujours possible que le retour des ex-chefs d’Etat peut-être considérer comme une récupération politique. Mais, c’est comme quand tu conduis, il y a toujours le risque d’un accident suite à une faute personnelle ou celle d’un autre usager mais cela ne t’empêche pas d’y aller ».
Propos recueillis par
Ousmane M. Traoré (stagiaire)
30minutes