A 52 ans, Me Alfousseyni Kanté est le colistier de Sanogo Fatoumata Sanogo en commune IV du district de Bamako, dans le cadre des législatives du 24 novembre. En sa qualité de Conseiller municipal depuis une décennie, ce cadre des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare) connait, comme sa poche, la commune IV dont il est suffisamment imprégné des difficultés. Dans une interview exclusive qu’il nous a accordée, ce spécialiste du droit économique appelle les populations de sa commune à faire preuve de vigilance face à la pratique de la campagne par certains candidats. Mieux, Me Kanté s’engage, s’il est élu, à révolutionner la pratique de la mission parlementaire en Commune IV. Lisez !
Le Prétoire : Dites-nous ce qui vous a motivé à vous présenter aux législatives du 24 novembre, alors qu’en votre qualité de Conseiller municipal, vous avez déjà l’occasion d’apporter beaucoup aux populations de votre commune ?
Me Alfousseyni Kanté: C’est justement parce que j’ai cette qualité de conseiller municipal que je me suis porté candidat aux élections législatives. Je vous dis que je suis habitué à briguer les suffrages des populations de la Commune IV. J’ai été candidat aux élections municipales de 2004, 2009 et de 2011 à l’occasion des élections partielles. Alors, dix ans au poste de conseiller municipal, donc au service de la commune, je me dis que cette somme d’expérience me permet aujourd’hui de donner un nouveau visage à la classe politique. Connaissant les réalités de la commune, je pense que je peux être un porte-parole indiqué par rapport aux attentes de la population.
A mi-parcours d’une campagne législative quelque peu morose, quelles sont vos impressions et quels sentiments vous animent-ils ?
Je dirai plutôt une campagne civilisée, parce que nous avons l’habitude d’assister à des campagnes où on n’entend que du bruit de tamtams et de balafon partout dans la rue. Peut être que les candidats ont compris et ont dû changer de stratégie en mettant beaucoup plus l’accent sur la proximité, plutôt que d’organiser des manifestations au cours desquelles les messages essentiels du candidat ne peuvent pas passer. En tout cas, je suis partisan d’une campagne de cette nature qui s’attaque aux vrais problèmes des populations en expliquant les réels enjeux des élections législatives. Il ne sert à rien d’organiser des manifestations folkloriques qui, à vrai dire, prennent en otage les préoccupations des populations.
Face à des partis, tels que le RPM et Yèlèma, qui ont une certaine assise électorale en Commune IV, que pensez-vous être les chances des Fare pour ces élections ?
Vous savez, moi, je n’ai aucun complexe en allant à ces élections législatives, hein. Je crois en mes chances, c’est d’ailleurs pourquoi je suis candidat. Je disais tantôt que j’ai été candidat en 2004, 2009 et 2011 et jamais je n’ai été ridicule. J’ai toujours fais de bons scores et je pense qu’aux élections à venir les gens seront surpris. Parce que je pense que tous les partis ainsi que les candidats ont leur chance. Ce, en fonction des idées qu’ils vont livrer à la population, au-delà des moyens qu’ils vont mobiliser. Je sais qu’il y a des candidats qui sont en train de s’adonner à des pratiques séduisantes. On a vu des bulldozers raser les routes et nous avons pris des dispositions juridiques par rapport à ces pratiques là. Parce que nous estimons que ce sont là des véritables consignes de vote. Les populations devraient comprendre qu’il ne revient pas à un candidat d’aller raser dans les carrés, parce qu’on ne construit pas la commune avec sa fortune. Autrement dit, on choisirait des œuvres philanthropiques ou de bienfaisance que d’aller raser les routes pour séduire les électeurs. Je crois que les populations vont comprendre qu’aujourd’hui, on a besoin d’une nouvelle classe politique, des gens qui ont des idées, qui prennent les préoccupations des populations en charge et qui ont une certaine connaissance de la commune. Plutôt que des amateurs qui paraphrasent les slogans des autres et qui du reste n’ont rien à voir avec les réalités de la commune. Nous estimons qu’à ce niveau nous avons notre chance. En tout cas, il faut que la population reste vigilante, qu’elle comprenne que ce n’est pas le moment d’aller raser les voies, mais plutôt d’écouter les gens et de regarder les parcours des candidats pour pouvoir faire un choix utile le 24 novembre prochain.
Il est souvent reproché à beaucoup de nos députés de couper le pont avec leur base une fois qu’ils sont élus. En quoi vous vous démarquerez de la pratique de la mission parlementaire à laquelle nous assistons jusque là, si les populations de la Commune IV vous en donnent l’occasion ?
Je l’ai dit dans tous mes messages et dans tous les quartiers à l’occasion de toutes les rencontres que j’ai eues. J’ai dit que pendant les vingt ans de démocratie, la population a rarement eu droit à un compte rendu des députés. Personnellement, en ma qualité de Conseiller municipal, j’ai assisté à une seule séance de restitution. C’est pour vous dire que pendant les vingt dernières années, comme vous l’avez dit, on a coupé le pont entre la base et les élus. Une fois élu, j’instituerai ce qu’on appelle la permanence des députés où les populations auront l’occasion d’interpeler leurs mandataires. Aussi, je me donnerai le temps d’organiser des sessions de restitution dans les quartiers et pendant tout le mandat. Ce sera une façon pour moi de remplir le contrat qui me lie à la population. Nous avons été tous interpelés et les populations ont compris qu’une fois les députés élus, on ne les voit plus qu’à l’occasion de certaines manifestations. Mais les sessions de compte rendu ne se tiennent plus. Puisque les populations les réclament, je m’investirai à corriger cette lacune qui a la vie dure dans la commune.
Quel appel avez-vous à lancer aux militants de la section IV des Fare et au-delà ?
Aux militants de la section IV, je demande d’être mobilisés, de croire en nos chances et de se battre. A toute la population de la Commune IV, je demande d’être vigilante, de ne pas voter pour ces actions spectaculaires qui n’ont rien à voir avec les réalités de la commune. Les dons de thé, de sucre, de lait, de riz et les bulldozers qui vont raser dans les carrés, cela n’est pas la campagne. La campagne, c’est les messages dont nous sommes porteurs, c’est au cours des meetings. Au-delà de tout cela, je pense qu’il faut regarder les parcours des candidats. Cela permet de comprendre qui peut être un bon député et qui ne peut pas l’être. Je demande aux autres candidats de respecter certaines conduites, car nous sommes tous engagés à faire une campagne civilisée en parlant le langage de la vérité aux populations. Je ne pense pas qu’à la dernière minute qu’il faille les tromper en allant raser dans les carrés. Comme je le disais au début, j’ai pris les dispositions juridiques par rapport à ces comportements et à temps utile, nous verrons le recours qu’il faut exercer.
Propos recueillis par
Bakary SOGODOGO