Si le projet d’interconnexion énergétique de notre pays avec son voisin du sud fait le bonheur des populations et autres usagers de Sikasso, ce n’est pas sans litiges. Le cas de la mairie de la capitale du Kénédougou en est une illustration. Depuis plus de sept mois, l’hôtel de ville de Sikasso est sevré d’électricité par la société Energie du Mali (EDM) pour non règlement de factures cumulées depuis 1999. Le différend porte sur une ardoise de plus de 160 millions de Fcfa. Les responsables communaux reconnaissent la dette et tentent de résoudre le problème.
C’est ainsi que les discussions ont été entamées avec la direction générale d’EDM pour éponger la dette. Pour ce faire, la mairie a fait une proposition rejetée par la société. Cette offre consistait à payer les factures en souffrance en nature. La mairie avait, en son temps, proposé à EDM environ 300 lots à usage d’habitation. Ces parcelles provenaient d’un programme de réhabilitation de cinq quartiers de la ville de Sikasso. Energie du Mali avait, au début, accepté le marché avant de se raviser au cause de divergences dans le protocole d’accord. EDM tablait sur les 300 lots d’une traite. La mairie ne disposant pas de parcelles en nombre si important, misait sur un chronogramme progressif de mise à disposition.
Les responsables communaux pensent que la balle est dans le camp d’EDM. « Nous avons déjà fait une proposition. Nous attendons la réaction d’EDM. Nous regrettons cette attitude de la société quand bien même la démarche bénéficiait de l’adhésion des uns et des autres. Sikasso est une ville en pleine expansion. La ville s’agrandit d’année en année et les activités économiques avec. Il est important que nous trouvions une solution alternative pour rebrancher la mairie qui est le symbole de la ville. Si la situation perdure, il va sans dire que cela aura des conséquences économiques très graves sur la municipalité. Donc nous demandons à EDM de repenser la situation pour qu’ensemble nous trouvions une solution appropriée », indique Moussa Soungalo Koné, le premier adjoint du maire.
Mais la situation n’empêche pas les responsables communaux de réclamer, par ailleurs, à EDM l’extension du réseau à l’ensemble de la ville et une amélioration du réseau d’éclairage public qui, de leur point de vue, est loin de satisfaire les besoins. Sur un dispositif d’environ 1000 lampadaires, la moitié est hors service. Au mieux, l’alimentation du réseau se fait de façon sectorielle, plongeant par moment une partie de la ville dans l’obscurité.
A la direction générale d’EDM, l’on explique ces arrêts de fourniture d’électricité par des mesures d’entretien du réseau. Mais en ce qui concerne l’extension du réseau, elle s’effectue en fonction d’un programme élaboré. Rien ne se fait au hasard, tout est calculé sur des moyens et capacités techniques du moment et non sur une quelconque transformation physique de la ville, explique-t-on à EDM. Par contre, l’on ignore toute tentative de règlement de factures en nature. Aucune procédure n’a jamais été entreprise dans ce sens avec la commune de Sikasso. Tout simplement parce qu’aucun texte n’autorise l’entreprise à faire recours à cette approche de quelque nature qu’elle soit pour recouvrer ses facture, jure-t-on à EDM.
L’arrêt du service d’électricité au détriment de certains clients constitue la nouvelle politique de la société Energie du Mali. Ce vaste programme répressif sera mené sur toute l’étendue du territoire national. Aucune catégorie de clients ne sera épargnée. Des services de l’administration publique aux industriels, en passant par de simples particuliers, chacun devra régler ses factures pour ne pas être « coupé ». La société assure cependant demeurer à l’écoute de sa clientèle pour l’aider à maîtriser sa consommation. Ce qui justifie la promotion des compteurs à prépaiement communément appelés « I sago » en remplacement des compteurs conventionnels.
L. D.