La lutte héroïque du peuple malien à travers le M5-RFP parachevée par l’armée qui a mis fin au régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita occupe les premières loges dans le traitement de l’actualité sociopolitique africaine. Juste après les condamnations de principe de la communauté internationale, il faut retenir sa volonté de coopérer d’une manière ou une autre avec la junte qui tient les rênes du pays et cela pour diverses raisons. Il y a d’abord, la gestion de l’ancien président IBK qui était arrivée à un stade d’arrêt- blocage. Le Mali était devenu une voiture sans chauffeur et se dirigeait droit vers l’abîme. Conséquence, le pouvoir avait perdu officieusement la confiance des partenaires extérieurs et chacun attendait la fin de cette triste épisode. Il y a aussi et surtout la gestion de la contestation populaire par l’ancien régime, caractérisée par la forte répression digne d’une autre époque avec à la clé 23 morts. Ce qui aura pour conséquence le durcissement du mouvement contestataire qui était rejoint chaque jour par de nouveaux adhérents. Par finir, des militaires décident d’abréger la souffrance du peuple en mettant fin au régime. Après 3 missions de négociations sans succès dont une de très haut niveau (avec 5 chefs d’état en exercice et un ancien chef d’état), la CEDEAO après avoir automatiquement condamné le putsch, a décidé de mettre en application ses menaces de sanctions contre Mali. Une sanction mal accueillie par des peuples des pays membres de la CEDEAO pour qui cette injustice de l’organisation sous régionale est flagrante. Aussitôt, une forte chaîne de sympathie s’est créée autour du peuple martyr du Mali. Solidaires du peuple malien, la majeure partie des peuples des États membres de la CEDEAO, en rejetant les sanctions, commencent à se concerter via les organisations de la société civile pour formaliser ce que déjà certains appellent la CEDEAO des peuples qui se démarquera complètement de la conférence des chefs d’état qu’ils assimilent à un syndicat de chef d’état ou tout simplement un grin qui ne défend que les intérêts de ses membres au détriment de l’intérêt collectif.
L’idée de création de cette CEDEAO des peuples mettra une pression certaine sur les chefs d’état afin de relire les textes de l’institution, de les adapter aux réalités du moment afin d’être accepté par les peuples qui sont leurs mandants. Aussi, elle pourra être le prélude d’un printemps de contestation des peuples des pays membres qui ont assez souffert de la mauvaise gouvernance et qui n’entendent plus être de simples spectateurs. Les moments à venir nous édifieront sur cette volonté affichée.
Oumar Baba TRAORE
Source : L’Analyste