Classés au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1988, les mausolées de Tombouctou ont été détruits en 2012 par des groupes jihadistes lors de l’occupation du nord du Mali. Ils ont été reconstruits en 2015. Selon Fatou Bensouda, procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), « ce qui a été détruit dans cette partie du monde, dans la belle ville de Tombouctou, ce ne sont pas simplement des rochers ou des pierres, mais un véritable patrimoine mondial qui fait partie de notre identité commune ».
Les mausolées de Tombouctou « sont maintenant debout et les manuscrits… »
Cette reconstruction a été saluée de part et d’autre. Qu Xing, directeur général adjoint de l’UNESCO, souligne que c’est la conjugaison des efforts qui a fait que « les mausolées sont maintenant debout et les manuscrits sont en des lieux sûrs, conservés pour l’analyse scientifique au profit de l’humanité ».
Ces efforts ont trouvé leur couronnement le mardi 30 mars 2021 à travers la remise aux autorités maliennes ainsi qu’à toute la communauté internationale d’un euro symbolique en guise de réparation après la destruction des mausolées des saints musulmans de Tombouctou. Cette remise a été ordonnée par la Cour pénale internationale en raison de la « valeur inestimable et universelle des édifices détruits ».
Un soulagement pour les habitants
Dans une interview accordée à la radio France internationale (RFI), Aboubacrine Cissé, maire de Tombouctou, n’a pas caché son enthousiasme face à l’intérêt qu’accorde la communauté internationale à ces mausolées. Selon ses précisions, c’est une véritable satisfaction, un soulagement pour les habitants de Tombouctou. Puisque la destruction de ces patrimoines a « fait beaucoup de mal aux Tombouctiens ». Le maire de Tombouctou se réjouit également de la numérisation de ces manuscrits anciens.
Au-delà de la destruction des mausolées, près de 4 200 manuscrits anciens avaient été brûlés ou volés, les mosquées de Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia avaient également été endommagées au cours de cette occupation jihadiste.
Cette réparation concerne également les victimes parmi la communauté de Tombouctou, la population malienne et la communauté internationale. Pour dédommager ces victimes, la CPI a ordonné, au-delà du versement de l’euro symbolique, le versement de 2 millions 700 000 euros.
« Le paysage architectural demeure en souffrance »
Le président de la Transition malienne, Bah Ndaw a laissé entendre au cours de la cérémonie de remise, mardi, que « la mobilisation mondiale sur ce sujet avait permis de faire avancer le cadre juridique de protection, avec l’inclusion de la protection du patrimoine dans le mandat de la MINUSMA — une première dans l’histoire des missions des Nations unies de maintien de la paix ». Aussi a-t-il indiqué que « cette action a [ndlr] été décisive pour la prise en compte de la culture comme un enjeu de sécurité, avec l’adoption historique de la résolution 2347 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies en mars 2017 ».
Dans un reportage de nos confrères de l’Agence France-Presse (AFP), le représentant des victimes de Tombouctou, Harber Kounta souligne que « le paysage architectural qui faisait la fierté de Tombouctou demeure en souffrance », en raison des problèmes d’urbanisme, de manque de moyens et de la pollution.
Selon la direction générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, « le patrimoine malien millénaire a été pris pour cible parce qu’il incarne l’âme vive d’une société et d’un peuple. Face au fanatisme, les Maliens ont donné une leçon de tolérance, de dialogue et de paix ».
Bakary Fomba
Source: Phileingora