La politique semble avoir sa raison que la raison elle-même ignore. Hier, ses inconditionnels, aujourd’hui, ses ennemis jurés, les anciens ministres d’IBK sont devenus ses plus farouches opposants. Ils ne loupent aucune occasion pour le charger férocement. Son ancien Premier ministre, Moussa Mara, ses anciens ministres, Mountaga Tall (Enseignement supérieur puis de la Communication), Mohamed Ali Bathily (Justice, puis Domaines de l’Etat et ensuite Urbanisme), Mamadou Igor Diarra (Finances) ne cessent aujourd’hui de le persifler. Les électeurs doivent-ils faire confiance en ces anciens collaborateurs qui sont aussi responsables qu’IBK du bilan du quinquennat ?
Pour ces élections, considérées par beaucoup d’observateurs comme cruciales, les électeurs doivent jouer à la prudence pour ne pas commettre la même faute qu’en 2013. Pendant cette période de précampagne, on entend beaucoup de sons de cloche ; certains sont mélodieux, agréables à entendre ; d’autres sont cacophoniques, parce que ressemblant aux mêmes résonances qu’il y a dix ans. C’est le cas des anciens ministres d’IBK, présents sur tous les médias, avec une certaine liberté de ton comme des anciens forçats qui ont purgé leurs peines. IBK est maltraité et le bilan du quinquennat ne semble pas les engager. Si dans ce lot, Mamadou Igor Diarra et Mohamed Ali Bathily sont modérés et assument leur part de responsabilité, Moussa Mara et Mountaga Tall, par contre, sont les plus acharnés et démolissent l’édifice qui leur est pourtant commun en jetant la responsabilité de tous les échecs sur IBK.
Selon Moussa Mara, le régime IBK a échoué et ne semble plus avoir du punch pour sortir le pays de l’abyssal gouffre dans lequel il a été précipité en 2012. Reconnaissant avoir été limogé, Mara semble avouer également son mensonge d’Etat sur le prix de l’avion présidentiel. Quand est-ce l’ancien premier ministre comprendra qu’il est aussi comptable du bilan qu’IBK et que, par conséquent, il doit faire preuve de retenue pour ne pas s’exposer?
Mountaga Tall, qui fut en charge de l’Enseignement supérieur puis de l’Economie numérique et de la Communication, à l’écouter, passerait pour le plus gros travailleur parmi tous les ministres des différents gouvernements successifs. Il dit avoir fait son propre bilan, la tête des deux départements qu’il a occupés. Finalement, Me Mountaga Tall pense que le Mali n’aurait pas eu un régime aussi médiocre que celui d’IBK, au point que les importantes décisions ne sont prises en conseil des ministres mais ailleurs. Il donne comme exemple l’adoption de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Et pourtant il n’a jamais voulu démissionner.
Mohamed Ali Bathily, quant à lui, dans l’émission Politique de Radio Kledu, a plus parlé de de sa personne, de sa contribution à la construction de l’édifice, plutôt que de ce qu’il y avait de positif dans sa collaboration avec IBK. Il a fait l’historique de son regroupement, les APM, et a parlé de son apport pour la création de cette association. Il a évoqué, dans sa longue interview, ses désaccords, sa tentative de démission ainsi que le film de sa mise à l’écart du gouvernement sans même en être informé au préalable.
Quand à Mamadou Igor, l’ancien détenteur du cordon de la bourse, bien que mesuré dans ses propos, n’en demeure pas moins incisif envers son « Papa », IBK. Il le trouve être le nœud du problème du Mali, sans vision ni programme.
Pour finir, comment peuvent-ils reprocher tout ce qui précède au Président de la République alors qu’ils ont continué à figurer dans son gouvernement jusqu’à être débarqués. Si les anciens ministres d’IBK pensent que c’est en revêtant un nouvel habit, en critiquant le régime en perte totale d’aura et de crédibilité, qu’ils auront l’adhésion du peuple, ils se trompent lamentablement. Là où les électeurs vont sanctionner IBK, ils ne feront aucun cadeau à ses collaborateurs, qui sont à leurs yeux, aussi comptables du bilan.
Youssouf Sissoko
Source: infosepte