Au Mali, c’est la première fois, depuis l’avènement de la démocratie, que les anciens ministres, dès leur éviction du gouvernement, se mettent à critiquer de façon acerbe un bilan qui se trouve être le leur. Moussa Mara, Moussa Sinko Coulibaly, Choguel K Maiga, Konimba Sidibé, Housseyni Amion Guindo et Mohamed Ali Bathily ont foulé aux pieds le devoir de réserve pour faire feu de tout bois. Ont-ils oublié qu’ils sont tout aussi comptables qu’IBK du bilan du premier mandat ? Ces anciens ministres valent-ils mieux que celui qu’ils critiquent ?
La politique semble avoir sa morale que la morale elle-même ignore. Sinon, comment comprendre que ceux qui ont été ministres et qui ont défendu bec et ongle le régime IBK, puissent se mettre à critiquer ce même régime après leur éviction du gouvernement. Comparé à Choguel, Konimba et Poulo, les autres sont des novices en politique. Ils doivent comprendre que pour rebondir après avoir assumé des fonctions ministérielles, on doit faire profil bas et observer jusqu’au bout le devoir de réserve.
Mais, de par son comportement, l’homme politique apparait aujourd’hui comme le dindon de la farce. Il n’est ni crédible, ni loyal encore moins reconnaissant. Et pourtant, loin d’être une profession, la politique est un noble métier, car elle permet de parler de la gestion de la cité. Loin de nous le sentiment de remettre en cause ce qu’ils reprochent au régime, mais c’est plutôt la qualité des messagers qui semble être sujet à caution. Ils sont tous comptables du bilan et devraient tous en assumer les conséquences.
Se souviennent-ils de la rupture entre Alpha Oumar Konaré et son Premier ministre de l’époque, IBK ? Elle a défrayé la chronique, mais IBK a fait plus de six mois sans accorder la moindre interview à la presse. Même quand il a repris du service, politiquement parlant, il a parlé de trahison, mais n’a jamais jeté l’opprobre sur le bilan d’Alpha Oumar Konaré. Il lui est arrivé de critiquer leurs relations de collaboration, mais jamais le bilan.
En définitive, il est grand temps que l’on donne un sens à la politique. Pour ce faire, l’éthique et la morale doivent être son crédo.
Youssouf Sissoko
Inf@sept