Bamako, 10 juillet (AMAP) Des manifestations de milliers de militants et sympathisants du Mouvement du 5 Juin 2020-Rassemblement des forces patriotiques (M5–RFP), qui demandent la démission du président malien, Ibrahim Boubacar Keita, auraient fait, vendredi à Bamako, un mort et une quarantaine de blessés dont cinq graves, selon des sources hospitalières
Ces manifestants sont descendus dans la rue, pour la troisième fois, à Bamako et dans plusieurs villes de l’intérieur du Mali. Dans la capitale malienne, ils se sont rassemblés sur le boulevard de l’indépendance de Bamako. Comme les deux sorties précédentes (les 5 et 19 juin derniers), les plus motivés étaient sur place très tôt.
Dès 8 heures du matin, le matériel de sonorisation était déjà installé. Un détachement de la police était positionné au carrefour. D’autres éléments des forces de l’ordre étaient postés aux différents points stratégiques de la capitale.
Des jeunes convergeaient vers la Place de l’indépendance brandissant des pancartes réclamant la démission du président de la République. L’ambiance était bon enfant, sur fond sonore des vuvuzelas, jusqu’à la prière du vendredi dirigée par un imam qui a beaucoup parlé de politique lors du «Koutouba» (sermon).
Aux environs de 14 heures, un petit mouvement de panique a eu lieu dans la foule. Le service d’ordre de la manifestation venait de découvrir qu’un homme était en possession d’une arme à feu et de munitions. Heureusement, l’individu en question sera rapidement interpellé et mis à la disposition des forces de sécurité.
Les leaders ne tarderont pas à s’installer sur l’estrade dressée au pied du monument de l’indépendance. On pouvait apercevoir, entre autres, Choguel Kokalla Maiga, Cheick Oumar Sissoko, Issa Kaou Ndjim ou encore Mme Sy Kadiatou Sow.
Contrairement aux rassemblements précédents, l’imam Mahmoud Dicko, l’une des figures emblématiques de la contestation, n’était pas présent. Aucune raison n’a été fournie à cette absence. Ses compagnons de lutte n’ont pas évoqué cette absence lors des interventions.
C’est Mohamed Salia Touré, président de la jeunesse de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), qui se chargera de lire la résolution, déclarant caduc le mémorandum proposé par le M5 au président de la République, la semaine dernière. L’ancien président du Conseil national de la jeunesse (CNJ) a, également, indiqué que le mouvement revenait sur sa décision de ne plus exiger le « départ du régime en place ». Il a, ensuite, exhorté la foule à entrer « en désobéissance civile sur tout le territoire et dans la diaspora ».
Mme Sy Kadiatou Sow a donné plus de détails sur les modalités de la désobéissance civile sous forme de dix commandements. Les principaux sont le blocage des entrées des services de l’Etat (à l’exception des services de santé), le blocage de l’entrée des ponts et des principales villes, le refus de payer les amendes et des contraventions au cours de cette période, etc.
Quant à Issa Kaou Ndjim, le coordinateur de la CMAS, il a lancé le mot d’ordre aux manifestants de se diriger vers des endroits comme l’Office de radiodiffusion et télévision du Mali (ORTM), l’Assemblée nationale et la Primature pour les occuper. La cour de l’ORTM a été envahie par la foule, provoquant l’interruption du signal de la télévision nationale. A l’Assemblée nationale, des actes de pillage ont été signalés, des vitres du bâtiment ont été endommagées.
Une partie des manifestants s’est dirigée vers la Cité administrative, siège de la majorité des ministères. Les ponts Fahd et des Martyrs seront aussi été bloqués.
En début de soirée, l’ORTM a recommencé à émettre.
Sur le boulevard de l’indépendance, la circulation a repris normalement après 20 heures (GMT). Mais quelques manifestants y traînaient encore et, aussi, au niveau des ponts qui relient les deux rives du fleuve Djoliba qui traverse la capitale. La situation restait tendue dans la ville.
MT/MD (AMAP)