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Manifestation du M5-RFP : le film d’un vendredi mouvementé

Les militants et sympathisants du M5-RFP sont de nouveau descendus dans la rue ce vendredi 10 juillet. Pour cette troisième sortie, ils étaient encore des milliers de manifestants rassemblés au boulevard de l’indépendance de Bamako. Comme les deux sorties précédentes (les 5 et 19 juin derniers), les plus motivés étaient sur place très tôt.

Dès 8 heures du matin, le matériel de sonorisation était déjà installé. Un détachement de la police était positionné au carrefour. D’autres éléments des forces de l’ordre étaient postés aux différents points stratégiques de la capitale.

Des jeunes convergeaient vers la place de l’indépendance brandissant des pancartes réclamant la démission du président de la République.

L’ambiance était bon enfant, sur un fond sonore des vuvuzelas, jusqu’à la prière du vendredi qui sera dirigée par un imam qui a beaucoup parlé de politique lors du «Koutouba» (sermon).

Aux environs de 14 heures, petit mouvement de panique dans la foule. La sécurité du M5-RFP venait de découvrir qu’un homme était en possession d’une arme à feu et des munitions. Heureusement, l’individu en question sera rapidement interpellé et mis à la disposition des forces de l’ordre. Quel était son projet ? Mystère.

Les leaders ne tarderont pas à s’installer sur l’estrade dressée au pied du monument de l’indépendance. On pouvait apercevoir, entre autres, Choguel Kokalla Maiga, Cheick Oumar Sissoko, Issa Kaou Ndjim ou encore Mme Sy Kadiatou Sow.

Contrairement aux rassemblements précédents, l’imam Mahmoud Dicko, l’une des figures emblématiques de la contestation, n’était pas présent. Pourquoi ? Nous n’avons pas réussi à en savoir la raison. Ses compagnons de lutte n’ont pas expliqué cette absence lors des interventions.

C’est Mohamed Salia Touré, président de la jeunesse de la CMAS, qui se chargera de lire la résolution, déclarant caduc le mémorandum proposé par le M5 au président de la République la semaine dernière. L’ancien président du Conseil national de la jeunesse a également indiqué que le mouvement revenait sur sa décision de ne plus exiger le « départ du régime en place ». Il a ensuite exhorté la foule à entrer « en désobéissance civile sur tout le territoire et dans la diaspora ».

La désobéissance civile en dix points

Mme Sy Kadiatou Sow donnera plus de détails sur les modalités de la désobéissance civile sous forme de dix commandements. Les principaux sont le blocage des entrées des services de l’Etat (à l’exception des services de santé), le blocage de l’entrée des ponts et des principales villes, le refus de payer les amendes et des contraventions au cours de cette période, etc.

Quant à Issa Kaou Ndjim, le coordinateur de la CMAS, il a lancé le mot d’ordre aux manifestants de se diriger vers des endroits comme l’ORTM, l’Assemblée nationale et la Primature pour les occuper. La cour de l’ORTM a été envahie par la foule, provoquant l’interruption du signal de la télévision nationale. Des véhicules et des bureaux ont été saccagés et incendiés. A l’Assemblée nationale aussi, des actes de pillage ont été signalés, des vitres du bâtiment ont été endommagées, des objets emportés.

Ces événements auraient fait un mort et une quarantaine de blessés dont cinq graves, selon des sources hospitalières. Une partie des manifestants s’est dirigée vers la Cité administrative. Les ponts Fahad et des Martyrs seront aussi bloqués.

En début de soirée, l’ORTM a recommencé à émettre.

Au boulevard de l’indépendance, la circulation a repris normalement après 20 heures. Mais quelques manifestants y traînaient encore. Idem au niveau des ponts qui relient les deux rives. La situation reste tendue dans la ville.

M. TOURÉ

Source : L’Essor

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