Née à Zagnela Noumoula, dans le cercle de Niéna dans la région de Sikasso, Mamou Sidibé grandit sous l’influence de son père, qui joue du balafon « pour encourager les cultivateurs ». C’est naturellement qu’elle se met à chanter, mais elle mène d’autres activités pour gagner sa vie. Si elle fait aujourd’hui de la musique de façon professionnelle, elle entend préserver le patrimoine musical de son terroir, incarné par le Senté.
C’est l’une des raisons de la naissance d’un festival dédié à cet instrument traditionnel. C’est après sa rencontre avec Oumou Sangaré qu’elle décide de faire de la musique son activité principale. « J’accompagnais Oumou dans les cérémonies, puis dans ses clips. Lorsqu’elle m’a invitée à entrer en studio, je travaillais comme femme de ménage et j’ai décliné l’offre, parce que pour moi ce revenu était plus sûr ». Mamou Sidibé continue à faire de la musique, à animer des cérémonies et à accompagner « son mentor » sur quelques tournées. Elle participe à une émission de la télévision nationale destinée à promouvoir les jeunes talents et y rencontre un producteur malien avec lequel elle fera 3 albums, dont le tout premier la fait connaître au grand public, « Niminimissa ».
Un album aux sonorités « techno », qui marche au delà du Mali. Mais Mamou souhaite garder son originalité. « J’aime mélanger les sonorités, mais je préfère garder nos instruments, afin qu’ils ne disparaissent pas ». Alors, avec ses 6 albums, elle a décidé de sauvegarder le patrimoine musical du Ganadougou.
Pour rendre hommage à celle qui continue de l’inspirer, elle crée le festival Senté, dont la deuxième édition se tient le 6 avril 2018. « Vivre de sa musique est devenu très difficile », sauf si vous acceptez de vous éloigner de votre base, ce que redoute la quadragénaire, mère de deux enfants. « Nous avons un trésor inépuisable. Les autorités doivent œuvrer à le sauvegarder ». Elle est la gardienne du temple. « Je reste sur la tradition. Si tout le monde fait de la musique juste pour gagner de l’argent, nous allons perdre notre identité ». Et les artistes ont un rôle d’éducateurs. « Nous devons encourager ceux qui font le bien et, le cas échéant, dénoncer ce qui ne marche pas ». Les femmes doivent jouer un rôle déterminant. « Nous pouvons mener nos activités, mais nous devons avoir du temps pour nos familles ». Mamou les exhorte à ne pas laisser l’éducation des enfants à la « télévision » ou à « internet ». « Nous devons transmettre ce que nous avons reçu ».
Journal du mali