Candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet, Mamadou Igor Diarra, plusieurs fois ministre, dénonce la gestion actuelle du pays. Une fois élu président de la République, ce banquier expérimenter, promet de changer cette situation. Lisez dans l’interview qu’il nous accordée.
L’Indicateur du Renouveau : Que répondez-vous aux critiques du président de la République qui accuse tous ses ex-alliés de traitrise ?
Tout d’abord, c’est vous qui dites que le PR a dit cela. Qu’est-ce qui vous fait penser cela ? J’ai vu quelques commentaires sur les réseaux sociaux faisant état de ceux qui ont cherché à venir à table à un moment et qui refuseraient à présent de faire la vaisselle. Je ne me sens pas concerné, sincèrement.
Moi, je ne crois pas qu’il le pense vraiment, car c’est un homme avisé. En politique, et lorsqu’on sert son pays, chacun est censé agir en son âme et conscience. C’est exactement ce que je fais, sans trahir personne. Et puis, les problèmes du Mali sont beaucoup trop sérieux pour perdre son temps avec ce genre de futilités. Il y a beaucoup plus important.
L’Indicateur du Renouveau : Pourquoi croyez-vous que vous êtes différent des autres hommes politiques ?
Parce que je le suis vraiment. Regardez mon parcours, les propos que je tiens, les actes que j’ai posés, les textes que j’ai écrits. Vous les avez lus j’espère. Je veux toujours faire mieux et j’ai montré ce que je sais faire, je ne veux pas seulement parler. Je veux agir efficacement et maintenant, dans l’intérêt du plus grand nombre.
Je suis différent parce que je veux aussi agir différemment. Au vu de mon expérience et de ma connaissance du pays et de ses agents économiques, je veux rompre avec les mauvaises pratiques, je veux mettre fin au gaspillage, je veux redonner aux Maliens leur dignité, le sens de la patrie et du combat pour un destin commun meilleur. Pour plus de bien-être, également et pour l’amélioration des conditions de vie.
Concrètement et tout de suite, pas seulement dans les discours ou dans les promesses. Je connais les entreprises privées du pays et c’est important. Je mise aussi sur la jeunesse, je n’en ai pas peur comme beaucoup, et je suis à ses côtés. Je me sens en phase avec elle, je ressens ses aspirations, son génie et aussi ses frustrations. Tout ça, ça nous rend différent.
L’Indicateur du Renouveau : Vous vous situez où sur l’échiquier politique national ?
Encore une fois, excusez-moi, mais je ne pense pas que les problèmes du Mali nous donnent vraiment le choix en termes de dialectique idéologique, encore moins le temps. Il y a urgence et je ne vois pas de grande différence de pensée dans l’offre politique actuelle. Les partis traditionnels se contentent de nous réchauffer les anciens repas. Tout le monde déclare vouloir le bien du Mali, et c’est la moindre des choses.
En ce qui me concerne, ma position est celle de quelqu’un qui veut vraiment changer les choses, et qui le fera sérieusement si les Maliens m’en donnent la possibilité. Je veux un électrochoc, un changement radical de gouvernance et, surtout, de méthode de travail. Je veux remettre de l’ordre. Tout le monde sait que le désordre généralisé a trop duré et nous a amenés là où nous sommes aujourd’hui. Ça suffit.
L’Indicateur du Renouveau : Quelle garantie donnez-vous aux Maliens ?
Mon expérience, mon intégrité et ma volonté. Mon expérience, car beaucoup de choses que je veux faire au plan national, je les ai déjà faites dans les ministères que j’ai occupés, ainsi que dans les banques que j’ai dirigées. Une gestion rigoureuse et honnête de l’argent est la base de tout. Et ça, je l’ai déjà fait, j’ai donné des preuves.
Mon intégrité, car celle-ci a été reconnue et validée par toutes les instances de contrôle qui interviennent dans tous les postes que j’ai occupés. Et si vous doutez de celles qui contrôlent la fonction publique malienne, sachez que la profession bancaire est sans doute la profession la plus régulée et la plus contrôlée au monde. On n’y triche jamais longtemps. Or, moi, j’ai à peu près 25 ans d’expérience bancaire.
Ma volonté enfin, car je fais tout cela pour mon pays, pas pour mon confort personnel. Mon confort serait beaucoup plus grand à la tête d’une grande banque internationale, ou même d’un groupe bancaire, et ma vie plus facile. On me l’a proposé plusieurs fois et j’ai refusé, privilégiant le Mali parce que je pense pouvoir être utile à mon pays.
Croyez-moi, être DG d’une banque étrangère importante, c’est beaucoup plus paisible que d’être candidat à la présidence de la République du Mali. Donc oui, ma volonté est aussi une garantie.
L’Indicateur du Renouveau : Est-ce que votre candidature est pour une vengeance personnelle ou une ambition réelle pour le Mali ?
Je crois avoir déjà répondu et je ne vois d’ailleurs vraiment pas de qui je voudrais me venger. En plus, la vengeance est quelque chose qui ne fait pas partie de mon fonctionnement intellectuel. Je crois en Dieu, ne l’oubliez pas.
J’ai servi mon pays au niveau gouvernemental sous deux chefs d’Etat. A chaque fois, avec mes équipes, j’ai imprimé ma marque sur de nombreux projets et chantiers dont certains, toujours en cours, ont concrètement amélioré la vie de mes compatriotes. J’assume cette période, et je suis même fier de mon action.
Oui, je souhaite étendre cette action au niveau national. Et oui, j’ai de l’ambition pour mon pays. Et même beaucoup d’ambition. Mon pays est vaste, fort d’une jeunesse prête à se mettre en mouvement pour créer de la richesse. Je veux que le monde reparle du grand et fier Mali, et non d’un pays qui mendie à genoux et dont la sécurité et la stabilité sont assurées par d’autres, fussent-ils nos partenaires.
L’Indicateur du Renouveau : Sur quels partis politiques comptez-vous pour le prochain scrutin présidentiel ? Feriez-vous des alliances ?
Ma candidature est fédératrice et indépendante. N’oubliez pas que le plus grand parti malien, depuis l’avènement du multipartisme en 1991, est celui des abstentionnistes. Nombre de nos compatriotes ont longtemps été indifférents à la chose publique, les élites aussi d’ailleurs.
Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle ère et je ne doute pas que les Maliens et les Maliennes se mobiliseront pour choisir des dirigeants qui connaissent leurs préoccupations, qui sont engagés, qui sont travailleurs. Le temps des approximations est révolu.
En ce qui concerne les alliances, rien n’est figé mais encore faudrait-il que l’élection soit bien organisée, ce qui reste, de l’avis des experts, un véritable défi. Dans tous les cas, la priorité absolue est celle d’un Mali sécurisé et apaisé sur toute l’étendue de son vaste territoire, et disposant d’un Etat réellement agissant, et non le simple témoin de son propre délitement.
Recueillis par Alou Daou
Source: L’ indicateur du renouveau