Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a récemment publié un rapport sur la gestion du Fonds d’Aménagement et de Protection des Forêts et du Fonds d’Aménagement et de Protection de la Faune par la Direction Générale des Eaux et Forêts (DGEF) du Mali. Cette enquête, qui couvre les exercices 2018 à 2021, met en lumière des dysfonctionnements majeurs et une mise en œuvre partielle des recommandations issues de précédents audits.
Un secteur stratégique en péril
Bamada.net-Le Mali dispose de 112 forêts classées et périmètres de protection, couvrant environ 1 338 991 hectares, soit moins de 1 % du territoire national. Pourtant, ces zones subissent une pression intense due à l’agriculture extensive, à la transhumance, à l’exploitation anarchique des ressources naturelles et aux feux de brousse. La situation est aggravée par un manque de rigueur dans la gestion des fonds destinés à leur protection.
La DGEF, devenue Direction Générale des Eaux et Forêts en 2023, est responsable de la gestion de ces ressources. Pourtant, selon le rapport du BVG, plusieurs dysfonctionnements persistent dans l’administration et la mobilisation des fonds, mettant en péril la durabilité de ces écosystèmes essentiels.
Des recommandations mises en œuvre partiellement
L’audit du BVG révèle que, sur les sept recommandations émises lors d’une précédente vérification, seules deux ont été entièrement mises en œuvre, deux autres sont restées lettre morte et trois sont jugées sans objet.
Les recommandations mises en œuvre :
- Le respect des critères de sélection des soumissionnaires pour les appels d’offres.
- La convocation systématique de la Direction Générale des Marchés Publics et des Délégations de Service Public lors des réceptions de travaux et services.
Les recommandations non appliquées :
- L’obligation pour le Directeur des Finances et du Matériel du Ministère de l’Environnement d’informer par écrit les soumissionnaires non retenus.
- La tenue correcte des carnets de suivi des coupons de transport des ressources forestières par les chefs de poste des Eaux et Forêts.
Ces lacunes compromettent la transparence et l’efficacité de l’utilisation des fonds alloués à la préservation des forêts et de la faune malienne.
Des manquements qui persistent
Le rapport met en exergue plusieurs failles administratives et financières. Parmi elles, on note une mauvaise gestion des procédures d’attribution des marchés publics, notamment des appels d’offres irréguliers et un manque de traçabilité dans certaines transactions.
Autre point préoccupant : l’absence de notifications aux soumissionnaires évincés lors des appels d’offres. Ce manquement mine la transparence des attributions et ouvre la porte à des pratiques douteuses.
En outre, les chefs de poste des Eaux et Forêts continuent d’utiliser des carnets de suivi incomplets, ne mentionnant pas toujours les quantités de bois transportées ni les informations relatives aux autorisations délivrées. Cette absence de contrôle rigoureux facilite les abus et contribue à l’exploitation illégale des ressources naturelles.
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Quelles solutions pour une meilleure gestion ?
Face à ces constats alarmants, le BVG recommande aux autorités de renforcer la transparence et la rigueur dans la gestion des fonds dédiés à la préservation des forêts et de la faune. Parmi les mesures préconisées :
- L’application stricte des critères de passation des marchés publics.
- La mise en place de mécanismes de contrôle plus efficaces sur l’utilisation des fonds.
- Une meilleure supervision des chefs de poste et un renforcement des capacités en gestion administrative.
La protection des ressources naturelles est un enjeu crucial pour l’avenir du Mali. Une meilleure gestion du Fonds d’Aménagement et de Protection des Forêts et de la Faune est indispensable pour assurer la préservation des écosystèmes face aux défis climatiques et économiques.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net