Le gouvernement de transition malien accepte d’intégrer dans l’armée nationale 26 000 ex-combattants issus de groupes militaires signataires d’un accord pour la paix dans le nord du pays, selon un communiqué du gouvernement.
L’État malien et les groupes armés ont décidé « l’intégration de 26 000 ex-combattants » dans l’armée, indique un communiqué du gouvernement émis le vendredi 5 août, à l’issue d’une réunion tenue à Bamako toute cette semaine en présence du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, de représentants des groupes armés et de l’Algérie.
Cette intégration doit se faire « en deux tranches de 13 000 [ex-combattants], dont la première est répartie selon le quota ayant fait l’objet d’un consensus entre les deux parties », dit ce communiqué sans plus de détail, notamment sur la date du début de l’opération. La seconde tranche va s’étaler « sur une période de deux ans, notamment 2023 et 2024 », selon la même source.
« Création d’une commission ad hoc »
En outre, les parties conviennent de la « création et [de] l’opérationnalisation d’une commission ad hoc » chargée notamment de formuler des propositions « pour la gestion au cas par cas des hauts cadres civils et militaires des mouvements signataires », pour leur intégration dans « la chaîne de commandement ». Cette commission doit être mise en place « dans le meilleur délai », dit le texte.
Un porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), l’ex-rébellion à dominante touareg, a dit que son mouvement a « accepté l’offre de gouvernement » pour mettre en place cette commission et « parler du problème de la chaîne de commandement » au sein de la future armée nationale reconstituée. « La question concerne évidemment nos gradés. Quelle sera leur place dans la prochaine armée. Tant que ce problème ne sera pas réglé, on ne pourra pas parler d’avancées significatives », a déclaré ce vendredi Almou Ag Mohamed.
L’accord de paix d’Alger
Signé en 2015 par le gouvernement malien et des groupes d’ex-rebelles du nord du pays à dominante touareg, l’accord de paix dit d’Alger prévoit un processus de cantonnement des combattants des mouvements signataires en vue de leur intégration à la fonction publique, y compris au sein de forces armées, ou de leur « désarmement, démobilisation et réinsertion » (DDR) dans la vie civile.
Cette intégration doit aboutir à une armée nationale restructurée, plus représentative des populations du Nord en particulier. Cette armée doit ensuite se redéployer progressivement dans les principales villes du Nord sous la forme de bataillons mixtes composés à ratio égal des forces armées maliennes, des combattants de l’ex-rébellion et des groupes armés pro-gouvernement.
Indispensable à une sortie de crise
La mise en œuvre de l’accord d’Alger, avec ses dispositions pour l’intégration des ex-combattants, ainsi que le redressement de l’autorité de l’État, sont considérés comme des composantes politiques indispensables à une sortie de crise au Mali, en plus de l’action purement militaire. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a appelé le 31 juillet les militaires au pouvoir au Mali à appliquer l’accord d’Alger et à retourner à la légalité « dans les meilleurs délais », en allant vers des élections.
Les colonels au pouvoir au Mali ont cédé début juillet aux exigences des États ouest-africains pour un retour au pouvoir des civils, en publiant une nouvelle loi électorale et un calendrier qui comprend une élection présidentielle en février 2024. Le Mali, pays enclavé au cœur du Sahel, a été secoué par deux coups d’État militaires, en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis 2012 et le déclenchement d’insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord du pays.
Source : Jeune Afrique Avec AFP