Le retour à la normale se poursuit malgré quelques grincements de dents, sous l’œil vigilant du peuple qui a cette fois à cœur de donner à la république un Président bien élu. Et pendant que certains prétendants à la magistrature suprême affûtent leurs armes pour entamer l’ascension de l’emblématique mont Koulouba qui incarne le pouvoir politique, d’autres sentant la situation leur échapper sont campés dans une logique de déstabilisation.
Qu’est-ce qui peut bien se préparer dans les ateliers de la refondation pour qu’on en veuille à mort au président Assimi Goïta ?
LA JUSTICE POUR TRIER LE BON GRAIN DE L’IVRAIE
Le Mali est malheureusement victime de la perversion et de l’incompétence caractérisée de certains de ses enfants qui, parfaitement conscients de leurs responsabilités dans le pillage et la faillite du pays, sont prêts à tout pour se maintenir sur la scène et dans le jeu, hantés qu’ils sont par la perspective d’être battus démocratiquement ou rattrapés par la Justice. La tentative d’assassinat du président de Transition en pleine mosquée le jour de la Tabaski s’inscrit dans cette logique. A qui profiterait un tel assassinat ? D’abord à ceux qui veulent le retour au statu quo et qui pensent pouvoir compter sur des soutiens intérieurs et extérieurs. Au nombre des soutiens intérieurs, des politiciens sclérosés dont le discours aussi creux que sonore ne porte plus, mais aussi tous ceux dont les intérêts ont été compromis par la mise à l’écart de Bah N’Daw. En ce qui concerne les soutiens extérieurs, il s’agit de la CEDEAO et de la France de Macron qui reprochent à Assimi de ne pas faire comme les autres en s’aplatissant pour mériter les éloges. Si la sortie du cadre précaire de la Transition est nécessaire, l’intérêt supérieur du pays commande plus que jamais d’éviter une élection bâclée qui pourrait ramener à la case départ et compromettre tout changement qualitatif dans la gouvernance du pays. Le bon calendrier pour la Transition est donc celui qui permettra de remettre le pays sur la rampe des réformes transformationnelles avec un fichier électoral fiable, un organe technique indépendant de gestion des élections et, surtout une procédure rigoureuse de sélection des candidats. Les bourreaux de l’économie nationale sont à extirper sans ménagement de l’Administration publique et du jeu politique. Comment le faire en restant dans un cadre légal ? En permettant à la Justice de procéder à des mises en examen à partir des rapports produits par le Bureau du Vérificateur Général et le Contrôle Général des Services Publics sur la période allant de 2010 à 2020. Un Comité d’experts composé de technocrates honorables (hauts cadres de l’intérieur et de l’extérieur) doit être constitué pour plancher sur les différents rapports et transmettre à la Justice les cas de prévarication, concussion et corruption. C’est la condition pour assainir le champ des élections, aller vers le changement tant attendu et marquer durablement les esprits au Mali.
LA NÉCESSAIRE MORALISATION DE LA VIE PUBLIQUE
On ne peut rétablir la morale sociale et politique au Mali sans démanteler le système inique mis en place depuis 1992 et entretenu par vagues successives par des régimes accapareurs et complices les uns des autres. On ne peut non plus démanteler ce système en restant prisonnier des ressources et procédures mises en place pour le fortifier. C’est pourquoi, les réformes doivent prendre en compte les critères et conditions de financement des partis politiques, ainsi que les modalités de nomination au sein de l’Administration publique, afin de casser le lien de dépendance avec le monde politique. A cet effet, tous les grands commis de l’Etat doivent être choisis par appel à candidatures, notamment ceux des régies financières que sont le Trésor, les Impôts et la Douanes, sans oublier la Commande Publique. Le tout, sous le contrôle de la Cour Suprême. Le régime présidentiel qui a montré ses limites n’a produit que des roitelets partisans qui ont presque détruit le pays en 30 ans. Il faut enfin instaurer l’audit systématique de gestion dès la fin du service dans l’Administration et des mandats électifs. C’est la seule façon de ramener les fonctionnaires et politiques à l’exercice normal de leur mission et d’obtenir la moralisation de la vie politique. Il ne sert à rien de condamner les coups d’état militaires si l’on n’agit pas sur les facteurs qui les provoquent et aucun citoyen véreux ne devrait pouvoir se cacher derrière un mandat électif pour échapper à la Justice. A l’instar des coups d’état militaires, le détournement des ressources publiques et tous les actes de prévarication doivent être érigés en crimes imprescriptibles contre le peuple malien.
Plus les attaquent se multiplient contre Assimi Goïta, plus on a le sentiment qu’il est la force tranquille qui peut mettre fin au système de prédation. Toutes les intrigues intérieures et extérieures le visant lui confèrent jour après jour l’étoffe du héros aux yeux des patriotes maliens. On attend de lui une véritable opération de sauvetage du Mali, victime d’une tentative de recolonisation soutenue par des déstabilisateurs impénitents connus et qui semblent condamnés à un destin de feuilles mortes.
Mahamadou Camara
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Source: Canarddechaine