La corruption, malgré le fardeau qu’elle représente pour le Mali, a l’air de ne point alerter qui que ce soit. Pire, on croirait qu’une omerta règne sur le sujet, écrit le blogeur Aliou Diallokei.
L’ex-ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Mali, son Excellence Dietrich Becker, en fin de mission, a déclaré il y a un mois, à la presse (L’Indépendant du 15 juillet 2019) que le Mali était un pays très corrompu et qu’il n’encouragerait personne à y investir. Une sortie qui avait surpris plus d’un observateur de la vie politique et diplomatique du Mali.
D’habitude, les diplomates sont très réservés. Voir donc l’un d’entre eux faire une déclaration fracassante dénote du degré de la corruption et pousse à nous interpeller sur la question dans notre pays.
Manquements hallucinants
L’Allemagne est l’un des premiers pays au monde à avoir reconnu l’indépendance du Mali en 1960. La coopération date de cette époque. Il apporte un soutien technique et financier pour le développement. Le projet GIZ à lui seul emploi plus de 200 personnes.
Pour la stabilisation et le retour de la paix au Mali, l’Allemagne n’est pas resté en marge. Il est l’un des pays contributeurs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Leurs hommes, environ 500, sont essentiellement basés à Gao. Ils participent ainsi à la bonne mise en œuvre de la mission, mais ne font pas que cela. Parce que l’Allemagne participe également à la formation des FAMas (Forces armées maliennes) à travers l’EUTM, une unité de formation de l’Union européenne.
En plus de la sortie de l’ambassadeur en fin de mission, le bureau du Vérificateur général a rendu public son rapport annuel 2018-2019 dans la même période. Les manquements sont hallucinants.
Aucune suite judiciaire
Comme pour mieux emboîter le pas à l’ambassadeur, le rapport du bureau du Vérificateur a été rendu public avec les moindres détails : les noms, les factures émises par les fournisseurs et les décaissements y afférents de son rapport de 2014.
De la publication de ce rapport à nos jours, personne n’a été inquiété. Comme on le dit,« la poule n’a pas eu besoin de se lever sur ses œufs ». Ni le judiciaire encore moins l’exécutif n’a donné suite à ces manquements.
En 2018, l’index de perception de la corruption de Transparency international classait le Mali 120e sur 180 pays. Sans oublier le rapport commandité par les partenaires techniques et financiers du Mali où l’on parle de la volatilisation de plus 700 milliards de nos francs.
Maladie endémique
Tout ceci démontre combien la corruption est devenue une maladie endémique. Hélas, nous avons l’impression que la situation ne semble guère gêner.
Les syndicats des magistrats ont fait une sortie pour qualifier les propos de l’Ambassadeur d’Allemagne d’insultant et aller jusqu’à demander aux autorités maliennes de répondre à ce qui, selon eux, « est incompréhensible et s’apparente à une moquerie vis-à-vis du peuple Malien ».
Je pense que M. Dietrich Becker n’a fait que dire pourtant, haut et fort, ce que tous les diplomates étrangers pensent tout bas, de notre pays.